
Jean-Pierre Mustier s’attelle au renflouement d’UniCredit

Jean-Pierre Mustier revient par la grande porte chez UniCredit. L’ex-patron de la banque d’investissement du groupe italien entre 2011 et 2014 a été choisi hier à l’unanimité du conseil pour devenir administrateur délégué à la place de Federico Ghizzoni. Aujourd’hui associé de Tikehau Capital, celui qu’on pressentait comme le successeur potentiel de Daniel Bouton à la tête de la Société Générale avant l’affaire Kerviel, prendra ses fonctions le 12 juillet.
Le choix d’un étranger, néanmoins familier du groupe, est fort. Il traduit l’impatience des grands actionnaires d’UniCredit. Au terme d’un long processus mené par le cabinet Egon Zehnder, le Français s’est imposé face à une pléthore d’Italiens – les noms de Corrado Passera (ex-Intesa) et Gianni Franco Papa (vice-DG d’UniCredit) ont circulé. Dans son communiqué, la banque insiste sur le caractère « international » de son nouveau patron, soutenu à la fois par les fondations locales et les actionnaires étrangers (Libye, Aabar…).
Jean-Pierre Mustier n’aura pas la partie facile. Le titre UniCredit abandonne 63% sur 2016, soit 31 points de plus que l’indice Euro Stoxx 600 des banques, et se paie seulement 0,23 fois l’actif net. Pour combler un besoin estimé entre 5 et 9 milliards d’euros selon les analystes, le marché anticipe une augmentation de capital qui serait très dilutive aux niveaux de valorisation actuels. Avec un ratio common equity tier one (CET1) retombé à 10,5% fin mars, pour une exigence minimale fixée à 10%, UniCredit affiche l’un des plus faibles niveaux de solvabilité parmi ses pairs. «Un non-respect de l’exigence minimale de fonds propres pourrait empêcher la banque de distribuer des dividendes et les coupons de ses [titres hybrides] AT1», notaient les analystes d’Octo Finances fin mai.
Pour renflouer la banque, le nouvel administrateur délégué pourra aussi faire évoluer son périmètre et réduire ses actifs pondérés. Le sort de la filiale de gestion Pioneer, dont la fusion avec Santander AM est dans les limbes alors qu’elle devait apporter 0,25 point de ratio CET1, devra notamment être tranché. Avec une difficulté supplémentaire pour Jean-Pierre Mustier, qu’il s’agisse de cessions d’actifs ou d’appel au marché : le risque politique. Le vote britannique du 23 juin sur un Brexit crée de la volatilité, et le président du Conseil italien Matteo Renzi jouera son avenir sur un référendum en octobre.
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