
Carrefour Banque ne voit pas le bout du tunnel

Le plan de restructuration de Carrefour dévoilé fin janvier reste très discret sur ses ambitions dans les services financiers. Et pour cause. Carrefour Banque, détenue à 60/40 avec BNP Paribas, ne cesse de perdre du terrain. En 2017, son produit net bancaire (PNB) a reculé de 9% en France, à 298,5 millions d’euros, révèle un document interne consulté par L’Agefi. Ce chiffre est inférieur de 5% au budget, pourtant conservateur. La marge d’intérêt a fléchi de 11% en raison de l’environnement de taux bas, mais les commissions ont également baissé de 5%. Le résultat opérationnel courant a reculé de 5%, à 43 millions d’euros.
Sur le périmètre consolidé de Carrefour Banque qui inclut aussi l’Italie et la Belgique, la baisse d’activité est moins marquée (-7,5% en 2017), mais le PNB s’est tout de même affaissé de 18% en trois ans, de 440 à 360 millions d’euros, selon les comptes publiés par le groupe de distribution. Ce dernier n’a pas souhaité faire de commentaires.
Sur le plan commercial, la plupart des voyants sont au rouge. Hormis le dynamisme des souscriptions de cartes Pass et une légère hausse des encours d’épargne, la filiale a enregistré en 2017 une baisse de 10% de ses encours de prêts à la consommation en France, à 2,2 milliards d’euros, malgré le redémarrage du marché. Elle a subi en particulier un plongeon de 36% de ses encours de rachat de crédits. L’accord noué avec BNP Paribas Personal Finance, et depuis peu avec le courtier Empruntis, n’a pas permis de juguler le flux de demandes, selon la CGT.
Lancé l’an dernier en grande pompe, le compte en libre service C-zam a lui aussi connu des ratés. 180.000 auraient été vendus mais plus de la moitié n’auraient pas été activés, sans compter les tentatives d’ouverture frauduleuse. «Il y a eu de gros soucis d’activation et il a fallu faire appel en urgence à une plate-forme de télé-opérateurs de Webhelp pour répondre aux questions des clients», affirme un élu du personnel qui dénonce aussi un lancement flou pour Carrefour Pay.
Outre des problèmes techniques, les contre-performances s’expliquent par «le plan de départs volontaires et par le turn-over important qui ont un effet très négatif sur la production», estime la CGT de Carrefour Banque. Depuis 2016, 616 personnes ont quitté l’entreprise (en brut), dont une partie via un plan de 246 départs volontaires, et les effectifs ont fondu de 15%, pour s’établir à 1.500 salariés, selon le syndicat. Désormais, il craint que la banque soit marginalisée par la perte de vitesse des hypermarchés et des rayons non alimentaires, ses premiers apporteurs d’affaires.
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