
Axa et l’Insead décortiquent l’impact des médias sur les marchés

Mardi 23 avril 2013. Le compte Twitter de l’agence américaine Associated Press annonce que Barack Obama a été blessé par des coups de feu à la Maison Blanche. Très vite, l’agence dément l’information : son compte Twitter a été piraté par l’Armée Syrienne électronique.
«Mais l’association des mots Obama, tirs, Maison Blanche de la part d’une source jugée fiable a été traitée par les ordinateurs de salle de marché comme des motifs d’ordonner la vente», explique Joël Peress, professeur de Finance à l’Insead depuis 2001, à l’auditoire venu l’écouter au siège de l’assureur Axa mercredi 18 septembre.
Le jeune chercheur s’est vu confier la chaire de Financial market risk à l’Insead, dans laquelle le fonds de recherche d’Axa a investi 2 millions d’euros. «Pour Axa, l’objectif de cet évènement est de fabriquer des connections chez les esprits et les chercheurs», explique Godefroy Beauvallet, le président de l’Axa Research fund. «Avec les réseaux sociaux notamment, on est déjà dans le web sémantique, s’enthousiasme celui qui est aussi vice-président du Conseil national du numérique. Et ces recherches sont un bon moyen de rendre observable ce qui ne l’était pas auparavant, de changer la manière de voir les choses.»
Diplômé de Polytechnique en 1994, Joël Peress portera en effet ses recherches sur les rapports entre médias et marchés, entre les informations et leur traitement. Si la chaire est «permanente», selon l’Axa Reasearch fund, le mandat du chercheur à sa tête est, lui, de cinq ans.
Parmi les premières questions qui feront l’objet de recherches, «comment la désinformation se diffuse-t-elle dans l’économie ?», «quel rôle jouent les nouveaux mass médias dans la diffusion de l’information ?», ou «quel est l’impact du trading à haute fréquence sur les marchés financiers ?». Des questions en prise avec l’exemple du «hack» du compte Twitter d’AP, et avec l’influence grandissante des médias de masse dans la société actuelle.
«L’ouverture de cette chaire va permettre de lever davantage de moyens pour les recherches, se réjouit le chercheur. Je vais pouvoir me libérer de ma charge d’enseignement, mais cela permettra aussi de rémunérer des étudiants, et de lever une grosse barrière de la recherche : l’accès aux données, souvent onéreuses à traiter».
L’historique de la collaboration entre l’assureur et l'école de management remonte à 2011. Joël Peress et l’Insead ont été sélectionnés parmi une vingtaine de projets par le fonds d’Axa pour la recherche, au terme d’un processus qui a abouti en 2012.
«Nous avions déjà beaucoup de projets en France et cherchions un peu à nous diversifier», concède Godefroy Beauvallet. Mais la nature des recherches et la personnalité de Joël Peress ont fini par l’emporter. «C’est important d’avoir une personne qui va incarner la chaire. Nous voulions un chercheur qui s’identifie à son travail de recherche, et c’est le cas de ce projet», explique Godefroy Beauvallet. De son côté, le président honoraire de l’Insead, Claude Janssen, a salué l’accord entre deux groupes français qui se sont «développés à la même période», et dont le destin est selon lui similaire.
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