Aurore Gaspar Colson (Société Générale) : «Il faut se libérer du syndrome de la bonne élève !»

Directrice adjointe de la banque de détail SG, Aurore Gaspar Colson a fait ses classes à l’inspection générale du groupe de la Défense. Son conseil aux jeunes femmes : oser et être actrices de leurs propres parcours professionnels.
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Aurore Gaspar Colson est directrice adjointe du réseau SG en France.  -  Photo Société Générale

Elle l’affirme d’emblée : Aurore Gaspar Colson n’ «aime pas voir les choses de manière genrée». Entrée à l’âge de 25 ans à la Société Générale, celle qui occupe aujourd’hui le poste de directrice adjointe de la banque de détail en France « n’a jamais eu le sentiment d’évoluer dans un milieu réservé aux hommes ». Et pourtant, rares sont encore les femmes à parvenir jusqu’aux postes de direction des grandes banques européennes.

Ce sont des hommes qui, les premiers, lui donnent sa chance. Diplômée de l’EM Lyon, Aurore Gaspar Colson ne se prédestine pas particulièrement au monde de la banque. C’est au cours d’un forum des métiers organisé par son école de commerce qu’elle découvre l’inspection générale. Le cœur du réacteur de la banque, chargé d’inspecter et d’auditer tous les métiers, et, donc, un formidable accélérateur de carrière. Beaucoup de dirigeants de la Société Générale, dont l’actuel directeur général Slawomir Krupa, sont issus de ce corps d’élite. Aurore Gaspar Colson est « séduite par la diversité des métiers du groupe en France et à l’international », elle passe le concours.

Au grand oral d’entrée, face à elle, trois hommes. La mobilité et la fréquence des missions à l’étranger ont longtemps été des barrières à l’entrée pour des jeunes femmes soucieuses de construire vie de couple et de famille. Mais l’inspection générale s’est progressivement féminisée. En 2002, dans la promotion d’Aurore, elles représentent près de 50% des recrues. Le début d’une lame de fond.

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L’importance des rôles modèles féminins

A sa sortie de l’inspection générale, Aurore Gaspar Colson rêve de mettre les mains dans le cambouis, d’intégrer une activité commerciale. Et c’est une femme qui va lui mettre le pied à l’étrier. Elle rencontre la responsable de la banque transactionnelle et des services de paiement et devient, en 2012, sa numéro deux. «C’était quelqu’un d’inspirant et nous avons eu, d’emblée, une vraie proximité», se rappelle-t-elle. «J’ai toujours eu des rôles modèles féminins à la Société Générale», ajoute-t-elle, «même si ce sont autant des hommes que des femmes qui m’ont donné des opportunités de carrière».

En 2016, Aurore Gaspar Colson décide de tenter l’aventure de l’autre côté de l’Atlantique, en devenant directrice adjointe de la filiale américaine de Société Générale Equipment Finance. Le défi est de taille sur le plan personnel : partir s’expatrier seule avec ses deux enfants à New York. C’est encore une femme, membre de la direction générale du groupe, qui l’encourage à aller au bout de ses ambitions. «Elle m’a dit ‘fonce, si tu le veux vraiment, les choses s’aligneront’», se souvient-elle.

La conciliation avec la vie privée, un exercice d'équilibriste

La question de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée reste clé dans les évolutions de carrières des femmes, et, bien souvent encore, traitée sous l’angle du frein ou de la culpabilité. «Mes enfants ont mangé beaucoup de pâtes à cette époque!, ironise la dirigeante. Lorsque j’ai raconté cela à un forum sur le leadership féminin, je suis passée pour une mère indigne!» Et de poursuivre : «Il faut en finir avec ce dogme que l’on peut tout faire. C’est une question de moment, il faut savoir ce que l’on veut privilégier à quel moment et admettre que l’on doit faire des choix ! Je n’ai jamais voulu d’une vie de sacrifice. Mes enfants savaient que ma vie professionnelle était importante pour moi, je n’ai jamais voulu m’investir dans un domaine au détriment d’un autre. C’est un exercice d’équilibriste, il faut questionner sans cesse les équilibres et rester à l’écoute.»

La vie de famille n’est pas le seul frein dans les trajectoires professionnelles des femmes. C’est aussi, bien souvent, leurs propres mécanismes d’auto-censure qui sont en cause. « Si j’ai un conseil à donner aux jeunes femmes, c’est d’oser ! », pointe Aurore Gaspar Colson. C’est d’ailleurs un de ses mentors qui lui a donné ce conseil : « C’est féminin de dire que tu n’es pas prête ! Moi, je te dis que tu es prête ! »

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La clé de la réussite pour Aurore Gaspar Colson ? «Etre actrice de son propre parcours. Les femmes doivent arrêter d’être contentes lorsqu’on leur propose un poste ou un projet, elles doivent se libérer du syndrome de la bonne élève ! Cela passe d’abord par s’interroger sur ce qu’on veut vraiment, quel est le poste qui nous fait vibrer et se faire confiance. » Des conseils qu’elle donne aux collaboratrices dont elle est le mentor aujourd’hui à la Société Générale. «Les femmes que j’accompagne se posent des questions que leurs collègues masculins ne se posent pas. Elles se demandent si elles sont prêtes pour le poste, si elles sont légitimes. Les hommes se demandent plutôt si l’environnement de travail leur convient, pas s’ils sont légitimes. » Une barrière psychologique qu’elle les aide à faire tomber.

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