
Les ETF européens attirent en 2023 deux fois plus de flux qu’en 2022

2023 sonne comme l’année de la reprise pour les ETF européens. Après le coup d’arrêt relatif de 2022 – année durant laquelle la collecte n’avait pas franchi le seuil des 100 milliards de dollars –, les flux sont revenus l’an dernier, avec près de 174 milliards de dollars de souscriptions nettes, selon les données de Trackinsight. C’est la deuxième meilleure collecte de l’histoire et près du double de celle de 2022. Les encours grimpent de plus de 30% à 1.800 milliards de dollars.
Une reprise largement dopée par les ETF obligataires qui signent un millésime à part l’an dernier, franchissant, au niveau mondial, la barre des 2.000 milliards de dollars sous gestion. Ce phénomène a été plus particulièrement marqué sur le marché européen : avec 76 milliards de flux nets entrants, les ETF obligataires représentent 44% de la collecte en zone EMEA, alors qu’ils ne pèsent pas plus d’un quart des encours.
Ce sont en premier lieu les titres souverains émis en euros qui ont été plébiscités par les investisseurs européens, avec près de 13 milliards de dollars de collecte, suivis de près par les bons du Trésor américain (11,6 milliards). Les supports équivalents à du cash collectent, quant à eux, 11 milliards de dollars, de même que les dettes d’entreprises notées investment grade. Les ETF d’obligations indexées à l’inflation voient en revanche sortir 1,4 milliard de dollars.
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Une décollecte pour les ETF sur les banques européennes
En dépit de cette percée obligataire, ce sont les ETF actions qui continuent de dominer le marché. En Europe, ils ont attiré 104 milliards de dollars de souscriptions nettes, pour un encours de 1.243 milliards. Avec une performance moyenne de 27% sur l’année, largement tirée par les valeurs technologiques et en particulier les «Sept Magnifiques», les ETF actions américaines (grandes et moyennes capitalisations) ont vu affluer près de 35 milliards de dollars. Les investisseurs européens ont également été friands d’actions de pays développés (31 milliards) et, dans une moindre mesure, d’actions de pays émergents (13 milliards). A noter la contre-performance des valeurs financières européennes qui enregistrent une décollecte de 3 milliards de dollars, dans le sillage de la crise bancaire qui a secoué la Suisse au printemps.
Sur l’année, les plus gros trous d’air ont été enregistrés par les produits cotés adossés aux matières premières : malgré une performance de 14%, les ETP sur l’or souffrent tout particulièrement, avec plus de 10 milliards de dollars de flux sortants. Les rendements élevés proposés par les supports obligataires ont rendu moins attractifs les placements en or, qui ne génèrent aucun coupon.
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L’ESG en Europe et la gestion active aux Etats-Unis
Répartis sur l’ensemble des classes d’actifs, les véhicules proposant un biais ESG (environnement, social, gouvernance) ont continué de collecter en Europe, mais à un rythme moindre qu’en 2022. 53 milliards de dollars de flux ont été enregistrés vers les ETF ESG, soit 30% de la collecte. L’année précédente, cette part avoisinait au contraire les 70%. «La performance des ETF ESG a souffert, car ils excluent souvent des secteurs qui ont bien progressé, comme les énergies fossiles ou l’armement, mais nous n’avons pas d’inquiétude sur l’intérêt à long terme que portent les investisseurs à l’ESG : certains n’ont fait transitionner leur portefeuille vers ces approches qu’en partie et ils regardent désormais comment tout basculer», commente un fournisseur d’ETF français.
Une tendance très différente se dessine de l’autre côté de l’Atlantique, puisque les ETF ESG ont vu sortir 1,7 milliard de dollars et même 7 milliards si on ne prend en compte que les véhicules passifs. Avec 402 milliards sous gestion, l’Europe confirme ainsi sa place de leader des ETF ESG, avec 73% de part de marché. Le marché américain se distingue, quant à lui, par la très forte dynamique des ETF de gestion active, qui attirent 6,9 milliards de dollars de collecte, soit un quart du total, et pèsent désormais 7,5% des encours des fonds cotés. Une part qui plafonne au contraire à 1,8% sur le Vieux Continent.
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