Abysses. Le système de retraites français se trouvait début 2020 à l’aube d’une réforme d’envergure. Depuis, la pandémie a gelé le projet et creusé le déficit dans des proportions abyssales. Ce dernier devrait approcher les 30 milliards d’euros en 2020, selon une estimation provisoire publiée par le Conseil d’orientation des retraites (COR). C’est 25 milliards de plus que lors de la précédente projection du COR, en novembre dernier, qui se montre incapable pour l’instant d’actualiser ses prévisions à long terme au vu des incertitudes économiques. Rapporté à un produit intérieur brut (PIB) lui-même en contraction, le trou passe de 0,2 % à 1,5 %. Le plongeon des rémunérations, et donc de l’assiette des prélèvements sociaux et cotisations, ferait baisser les ressources du système de 25,7 milliards d’euros, sans même intégrer les reports et les annulations de charges. Avec une équation aussi tendue, et la tentation des parlementaires de gonfler les petites pensions, la mise en place d’un régime universel auquel le président Emmanuel Macron (photo) n’a pas renoncé relève de la gageure. L’impact de la pandémie pourrait aussi relancer les débats sur la juste mise à contribution des retraités. Si ces derniers ont payé un lourd tribut à la crise sanitaire, leur niveau de vie, lui, va s’accroître de 5 points en relatif, pour représenter 110 % de celui de l’ensemble de la population.