Sous tension. Dans une lettre adressée aux gouvernements le 8 mars, la Fédération européenne des négociants en énergie a appelé à l’aide. Le secteur est en effet confronté à une « pression intolérable sur les liquidités » et pourrait avoir besoin d’une « aide d’urgence limitée dans le temps » pour surmonter la crise. L’augmentation des prix au comptant pèse bien sûr sur les courtiers, forcés d’emprunter davantage pour construire des positions. Surtout, c’est la volatilité et les appels de marge qu’elle provoque qui mettent le secteur sous tension. Les produits dérivés représentent plusieurs fois les 700 milliards de dollars du marché comptant, et la Banque centrale européenne (BCE) a confirmé suivre le marché « de près ». Selon le FT, les marges initiales, représentant en temps normal quelques points de pourcentage, peuvent atteindre jusqu’à 80 % de la valeur de l’instrument utilisé. Trafigura, pourtant l’un des principaux acteurs du secteur, serait en discussions avec Apollo, Blackstone et KKR afin de lever 2 à 3 milliards de dollars d’argent frais – ce qui illustre aussi le manque de banques capables de financer le secteur. Certains se retirent même du marché : Gunvor a ainsi coupé ses positions sur le gaz, après des appels de marge dépassant le milliard de dollars. Les marchés de matières premières pourraient donc se gripper de nouveau. Un soutien direct de la BCE serait quoi qu’il en soit une première.