«Il faut maintenant fusionner les régimes de l’Agirc et de l’Arrco»

Les syndicats patronaux et salariés n’ont pas réussi à s’entendre sur les réformes à apporter aux régimes de retraites complémentaires Agirc et Arrco, lors d’une réunion lundi dernier. Les négociations sont donc repoussées à octobre prochain, plongeant les acteurs de la réforme dans l’incertitude. Principales pommes de discorde entre les partenaires sociaux : la décote que veut imposer le Medef sur les retraités de moins de 67 ans, la sous-indexation des pensions complémentaires sur l’inflation, et la fusion des deux régimes. Jacques Bichot, économiste spécialiste de la retraite soutient cette dernière mesure et plaide pour un «sacrifice» financier chez les retraités. Entretien.
Que préconisez-vous pour éviter la banqueroute aux régimes de retraite complémentaire ?
Pour avoir une gouvernance plus simple, il faut maintenant fusionner les deux régimes. C’est en phase d'étude depuis un moment, les partenaires sociaux sont d’ailleurs à féliciter là-dessus. Ils ont notamment mis en place des programmes informatiques communs. On se rend bien compte également des difficultés du régime de l’Agirc qui ne marche qu’au-delà d’un certain niveau et grâce à une compensation de l’Arrco, ce qui prouve encore leur complémentarité. Il faut donc savoir conclure les discussions : une fusion des deux régimes qui entraînerait une fusion de leurs réserves. C’est dur mais quand on a le couteau sous la gorge il ne faut pas traîner car cela coûte cher. Les réserves des deux régimes se réduisent très fortement depuis des années.
Que pensez-vous des propositions du Medef ?
Je ne suis pas fan des solutions préconisées par le Medef. En réalité, je trouve que les points de retraite ont été distribués de manière trop généreuse. De ce fait, je considère qu’il faudrait demander des sacrifices plus forts auprès des retraités. En passant par un instrument simple: la valeur de service du point. Il faudrait baisser la valeur de ce point.On a promis des montants de pensions aux retraités sur un schéma où la démographie et l’emploi étaient exceptionnels. Mais malheureusement nous n’en sommes plus là.
Les négociations bloquent surtout sur l’affaire de la décote pour les retraités de moins de 67 ans. Etes-vous d’accord avec les syndicats qui affirment que c’est une manière déguisée de remonter mécaniquement l’âge de départ effectif?
Mécaniquement oui. Et sur ce point, le patronat a été un peu brut de décoffrage! Car l’harmonisation des systèmes de cote/surcote pourrait être meilleure. De mon point de vue, il faudrait davantage aligner le régime complémentaire sur le régime général. Et que le gouvernement prenne un peu plus ses responsabilités sur la question. Car le moins que l’on puisse dire c’est qu’il brille par son absence dans ce dossier.
Pourquoi le Medef refuse-t-il de toucher aux cotisations?
Le patronat ne peut pas demander au gouvernement de baisser les cotisations patronales d’un côté et d’en mettre davantage là où il est maître du jeu! Mais ce qui est vraiment problématique c’est la phrase communément admise, à savoir que «ce sont les entreprises qui paieront les cotisations patronales». En réalité ce n’est pas le cas, car le calcul s’opère dans la douleur pour les salariés. Les entreprises serrent en effet souvent la vis ensuite sur le salaire net pour répercuter ces cotisations.
Quelle issue si aucun accord n’est trouvé en octobre ?
Il y a encore de quoi tenir encore quelque temps. Les réserves de l’Agirc s’épuiseront à échéance plutôt courte, d’ici deux ou trois ans. Si l’Arrco finance les deux régimes on peut faire encore un peu durer ce système. Mais vider les caisses de ces deux régimes serait très dommageable. Pour une raison de caprice, les partenaires sociaux mettent en péril un modèle qui peut véritablement apporter quelque chose. L’un des atouts principaux de ce régime complémentaire est sa réserve. Et le principe d’un régime par répartition légèrement capitalisé est excellent. C’est un atout à préserver.
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