Covid-19 : quels impacts pour le secteur de la gestion de patrimoine ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En France, selon une étude de l’AMF, plus de 150.000 nouveaux investisseurs se sont lancés en Bourse entre le 24 février et le 3 avril, en pleine crise financière liée à la pandémie de Covid-19. « Acheter au son du canon » dit le proverbe. Dont acte. En incluant les investisseurs déjà actifs, les achats d’actions ont été quatrefois supérieurs à la normale sur cette période. À cela s’ajoutent les flux d’investissement provenant des contrats d’assurance-vie, où les arbitrages ont été nombreux. Les Français, que l’on disait frileux pour prendre des risques avec leur épargne, attendaient en réalité qu’une opportunité se présente pour sortir du bois.
Le conseil en investissement submergépar la demande
Pour autant, les néophytes comme les investisseurs aguerris ont fait face aux mêmes interrogations. Est-il trop tôt ou trop tard pour investir ? Le rebond a-t-il été trop rapide ? Et surtout, quels sont les placements à privilégier dans ce contexte de forte volatilité ?
Malheureusement, face à ces questions, les banques traditionnelles, les banques privées et les conseillers en gestion de patrimoine n'étaient pas toujours joignables en cette période de confinement. Pire : certains d’entre eux, même joignables, n'étaient pas en mesure de valider les opérations, faute d’outils adéquats pour gérer des signatures électroniques. Certains clients ont parfois été incités à imprimer leurs documents eux-mêmes puis à renvoyer une image de leur contrat signé par e-mail : défi complexe à relever lorsque l’on ne dispose pas d’imprimante, par exemple.
Beaucoup d'épargnants se sont donc retrouvés bloqués dans la gestion de leur patrimoine en cette période de confinement. Cette situation a été évitée par ceux qui ont fait le choix de se tourner vers des acteurs 100% digitaux, à commencer par les banques en ligne, chez qui les ouvertures de PEA et de compte-titres ont connu un pic sans précédent au cours des trois derniers mois. Les banques en ligne ont parfois rencontré des difficultés sur le plan du conseil en investissement, ce travail n'étant pas au cœur de leurs missions, mais sur le segment de l’assurance vie, ce problème a pu être pallié par les robo-advisors, grâce à des conseils sur-mesure et des placements tous deux digitalisés.
La transition digitale des épargnants s’accélère
Il ne fait aucun doute que le choc du confinement va désormais pousser les épargnants vers ces solutions plus digitales, qui présentent l’avantage d'être à la fois plus accessibles et moins coûteuses. La crise devrait ainsi accélérer la « transition digitale » des épargnants, à l'œuvre depuis plusieurs années. Celle-ci se manifestait déjà par la désertion progressive des agences bancaires : à n’en pas douter, ce phénomène continuera de s’accroître, ne serait-ce que pour limiter les risques de contamination en espace clos.
Au-delà de la sphère bancaire, c’est tout le milieu de la gestion de patrimoine qui devrait également connaître une révolution digitale, les rendez-vous entre clients et conseillers ayant démontré leurs limites avec la crise du Covid-19. Les signatures électroniques devraient désormais devenir la norme sous peine de menacer la pérennité des acteurs les plus en retard dans ce domaine. Le conseil digital sur-mesure, encore peu connu en France, pourrait également connaître le succès qu’il rencontre d’ores et déjà dans les pays anglo-saxons. Tout est en place pour qu’en assurance vie, les épargnants se tournent progressivement vers des mandats de gestion pilotée digitaux et sur-mesure, investis en ETF, aux frais de gestion très bas.
On notera enfin que cette révolution, qui a débuté depuis déjà quelques années, est loin d'être réservée aux investisseurs les plus jeunes et les plus « digitalisés », bien au contraire ! De fait, cette révolution touche d’ores et déjà toutes les classes d'âge parmi les épargnants. Ce constat n’est pas si surprenant lorsque l’on y réfléchit bien : en matière d’investissement, les patrimoines financiers nécessitant un certain degré de conseil se trouvent rarement entre les mains des « millenials ».
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