Taxer davantage les héritages familiaux pour relancer la croissance

«Compte tenu du vieillissement de la population, la situation patrimoniale française est clairement sous-optimale, c’est-à-dire que les personnes âgées qui détiennent la majorité du patrimoine immobilier et financier et n’investissent pas assez dans des actifs risqués», relèvent André Masson, directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’EHESS et chercheur associé à la Chaire Transitions démographiques, Transitions économiques (TDTE), et Luc Arrondel directeur de recherche au CNRS et professeur associé à l’École d’économie de Paris, à l’occasion d’un séminaire donné par la Chaire TDTE le 26 mai dernier . Compte-tenu de l’augmentation de l’espérance de vie, on hérite de plus en plus tard, à près de 60 ans en moyenne. Ces chercheurs proposent une solution : TaxFinh (Tax Financial Inheritance). Cette proposition vise à réduire les inégalités intergénérationnelles et stimuler la croissance en accélérant les donations du vivant. L’idée est d’augmenter fortement l’impôt de succession et de permettre d’échapper à cette surtaxe successorale en donnant à sa famille ou en consommant son patrimoine.
Les donations restent un phénomène de gros patrimoine. Hervé Lorenzi, titulaire de la Chaire Transitions démographiques, Transitions économiques (TDTE) pointe l’existence d’ « une génération dramatiquement sacrifiée », a-t-il indiqué lors du séminaire donné à l’occasion de la présentation de TaxFinh le 26 mai dernier. Aujourd’hui, si les donations ont augmenté au cours des dernières années, ces transferts restent pour l’essentiel un phénomène de gros patrimoine: 50% des 1% les plus riches ont fait une donation, pour les 0-25% les moins riches ce chiffre baisse à 5%.
Et pourtant, selon une étude menée avec Bertrand Garbinti, la donation peut avoir des effets positifs tels que l’augmentation de la probabilité de créer son entreprise d’autant plus la donation est précoce, ou l’achat de la résidence principale.
Comment financer la dépendance? Reste la problématique du financement de la dépendance. En réponse, les chercheurs proposent de développer l’idée du viager intermédié ou partiel. « Taxer plus fortement les droits de succession pourrait relancer l’intérêt de ces produits », précise André Masson.
Plus d'articles du même thème
-
Un testament international peut être écrit dans une langue que ne comprend pas le testateur
Dans une affaire récemment jugée, la Cour de cassation fait évoluer sa jurisprudence quant à la validité d’un testament traduit par le biais d’un traducteur. -
Virgile Delporte (Testamento) «La clause bénéficiaire standard en assurance-vie est aujourd’hui dépassée»
A la tête de Testamento, éditeur de logiciels qui propose notamment des services d’anticipation successorale, Virgile Delporte présente les grandes tendances de l’enquête réalisée par sa structure sur la gestion des clauses bénéficiaires par les Français. -
L’héritier n’est pas tenu au rapport successoral pour les donations reçues par son conjoint
Dans une affaire récemment jugée, la Cour de cassation se prononce sur la possible réintégration des donations reçues par une épouse d’un héritier dans le rapport successoral.
ETF à la Une
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions