La BCE ne peut faire cavalier seul

Par Franck Dixmier, Directeur Monde de la gestion obligataire d’AllianzGI,
, La décision de la Reserve Fédérale (Fed) de se placer “behind the curve” et de faire une pause dans la normalisation de sa politique monétaire handicape clairement la Banque centrale européenne (BCE). Toute augmentation de ses taux à un moment où la Fed serait amenée à réduire les siens signifierait une hausse de l’Euro vis-à-vis du dollar et des autres devises, ce qui participerait à un resserrement encore plus marqué des conditions monétaires et affecterait les exportations de la zone Euro.
, La BCE ne peut faire cavalier seul et reste prisonnière du décalage dans le timing des stratégies des banques centrales des deux côtés de l’atlantique. Alors que Mario Draghi lançait le QE en mars 2015, la Fed mettait fin à son 3ème programme fin 2014, le 1er QE ayant été lancé en 2008- et commençait son cycle de hausse des taux.
, Ce décalage est devenu une énorme contrainte pour la BCE. Certes le contexte macro-économique, et surtout la stabilité de l’inflation (1,1% sur un an) malgré augmentation des salaires de 2,5% et des créations d’emploi, ne plaide pas pour un resserrement rapide de la politique monétaire. Mais les récentes prévisions de croissance de la Commission Européenne actent un ralentissement significatif des principales économies de la zone. De mauvaises nouvelles qui s’ajoutent à un contexte politique très incertain, avec le Brexit, le risque de bras de fer entre les Etats-Unis et l’Europe sur le secteur automobile, des élections européennes qui s’annoncent difficiles et la croissance mondiale qui ralentit.
, Face à un horizon qui s’assombrit, la BCE aurait souhaité se recréer des marges de manœuvre et donner de l’air aux banques, qui souffrent des taux de dépôts négatifs. La nouvelle position dovish de la Fed y a mis fin, et laisse la BCE très démunie pour gérer une prochaine récession. D’autant que le QE, qui reste le seul outil de la banque centrale avec les TLTRO, ne sera pas forcément l’instrument préféré du prochain président de la BCE.
Plus d'articles du même thème
-
EXCLUSIF
Les gestionnaires de taux contiennent leur panique
Les prévisionnistes de L’Agefi tendent à ajouter une baisse de taux à six mois tout en diminuant leurs prévisions pour les taux longs aux Etats-Unis et en augmentant celles sur la zone euro. -
La désinflation se poursuit en zone euro
La diminution de la hausse des prix dans les services et une convergence plus générale entre les pays apparaissent comme un nouvel encouragement en faveur d’une septième baisse des taux de la Banque centrale européenne en avril. -
«La Fed devrait poursuivre ses baisses de taux jusqu’à 3,75% en fin d’année»
Warin Buntrock, directeur adjoint des gestions chez BFT IM
ETF à la Une
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions