Déficit 2017 : La France va continuer à être le mauvais élève européen

Le risque a été anticipé mais sa matérialisation concrète est l’une des plus mauvaises nouvelles de ce début de quinquennat pour Emmanuel Macron. La Cour des comptes a dressé un audit des finances publiques commandé par le Premier ministre Edouard Philippe pour l’année 2017 et en a dressé les principales conslusions jeudi. Selon elle le dérapage est cette année inéluctable : au lieu d’un déficit public à 2,8% du PIB à la fin de l’année, la France verra ses comptes plonger à 3,2%, soit hors des clous du traité de Maastricht, pierre angulaire du programme économique du nouveau président de la République dans son contrat de confiance avec l’Allemagne. Ce «trou» représente un manque à gagner de 9 milliards d’euros, comme l’affirmait un peu plus tôt le Canard Enchaîné.
Respecter l’objectif du précédent gouvernement parait donc complètement hors d’atteinte. «Ramener en 2017 le déficit sous la barre des 3 points de PIB fixée par les traités européens suppose de reporter ou annuler toutes les mesures d’accroissement de dépenses publiques non encore mises en œuvre, et de prendre des mesures d’économies supplémentaires portant sur toutes les administrations publiques», affirme la Cour des comptes dans son rapport, évoquant «l’insincérité» de la loi de finances 2017.
Et ce n’est pas tout, affirment les Sages, l’année 2018 risque également d'être compliquée pour les finances publiques. Outre la grande difficulté que va avoir la France à réduire le déficit de 0,5 point de PIB (l’objectif imposera de «stabiliser les dépenses en volume, alors qu’elles ont progressé de +0,9 % par an entre 2011 et 2016" affirme la Cour), l’année prochaine sera caractérisée par de nombreux facteurs de hausse de la dépense publique : mise en place de mesures salariales accordées en 2016, augmentation des effectifs, hausse des dépenses de sécurité... Or si les dépenses évoluent ne serait-ce qu’au même rythme que lors des 5 dernières années, le déficit ne fera que se stabiliser.
Un véritable casse-tête en perspective pour le nouvel occupant de l’Elysée qui pourrait être contraint à des choix parmi ses promesses électorales. La réaction du Premier ministre ne s’est d’ailleurs pas faite attendre, Edouard Philippe qualifiant la situation d’«inacceptable», liée aux «chèques en bois» du précédent gouvernement.«Nous nous engageons à contenir le déficit à 3% dès cette année», a-t-il promis affirmant que des mesures d'économies seraient privilégiées à des hausses d’impôts. Quatre milliards restent donc à trouver pour arriver aux 3%.
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