Credit Suisse signe sa plus lourde perte depuis la crise financière

Credit Suisse poursuit son chemin de croix. La deuxième banque suisse a fait état jeudi d’une perte nette de 1,39 milliard de francs suisses (autant en euros) au quatrième trimestre, sa cinquième perte trimestrielle consécutive. Sur l’ensemble de 2022, le groupe a perdu près de 7,3 milliards de francs, du jamais vu depuis l’année de la crise financière de 2008.
Credit Suisse a par ailleurs indiqué s’attendre à une perte avant impôt significative en 2023, liée à des charges de restructuration et à la cession de plusieurs activités, et a ajouté tabler sur une perte annuelle pour sa banque d’investissement.
Le produit net bancaire a reculé de 33% sur un an au dernier trimestre, à 3,06 milliards de francs suisses. Le consensus établi par le groupe portait sur une perte nette de 1,34 milliard de francs et un produit net bancaire de 3,15 milliards de francs.
L’action Credit Suisse plongeait de 5,5% peu après l’ouverture.
Perte de confiance
Credit Suisse avait déjà signalé en novembre tabler sur une perte avant impôt de 1,5 milliard de francs suisses pour les trois derniers mois de l’année, précisant que «la baisse des dépôts et des actifs sous gestion devrait entraîner une diminution du revenu net des intérêts et des commissions et frais récurrents». Il prévoyait notamment «une perte pour l’activité de gestion de fortune au quatrième trimestre».
Le groupe avait été fortement affecté en octobre par des retraits de fonds massifs, des rumeurs circulant sur les réseaux sociaux ayant entraîné de fortes inquiétudes au sujet de la situation financière de la banque. Le fonds de commerce en a été affecté tout le trimestre: les actifs sous gestion ont reculé de 8% au quatrième trimestre par rapport aux trois mois précédents, principalement au sein de la division gestion de fortune, à 1.294 milliards de francs suisses. Les sorties nettes d’actifs pour les trois derniers mois de l’année ont totalisé 110,5 milliards de francs.
Le directeur général de la banque, Ulrich Körner, a fait part de flux de collecte «nets positifs» au mois de janvier.
Credit Suisse a par ailleurs concrétisé l’acquisition de la boutique de conseil en fusions-acquisitions de Michael Klein, The Klein Group. Cet apport, valorisé à 175 millions de dollars, s’inscrit dans le cadre de la scission des activités de banque d’investissement du groupe au sein d’une nouvelle entité, CS First Boston, dont Michael Klein prend les rênes. L’opération, annoncée cet automne, constitue l’un des piliers du vaste plan de restructuration dévoilé par le groupe. Sa complexité et les risques de conflits d’intérêts - Michael Klein ayant été l’administrateur de Credit Suisse chargé de plancher sur l’avenir de la banque d’investissement - laissent encore beaucoup d’investisseurs sceptiques.
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