
L’industrie américaine des paiements se concentre à grande vitesse

La course à la taille ne semble pas avoir de limite dans les services de paiement outre-Atlantique. Deux mois après l’offre amicale en titres annoncée par Fiserv sur First Data pour près de 40 milliards de dollars (35,3 milliards d’euros) en valeur d’entreprise, l’américain Fidelity National Information Services (FIS), conseillé par Centerview et Goldman Sachs, s’est mis d’accord avec son compatriote Worldpay, conseillé par Credit Suisse, afin d’en prendre le contrôle pour 43 milliards de dollars dette incluse. Cette opération constituerait en cas de succès la plus importante acquisition du secteur à l’échelle mondiale.
Les actionnaires de Worldpay recevront 0,9287 action FIS et 11 dollars en numéraire par titre détenu, soit un total de 112,12 dollars qui fait ressortir une prime d’environ 14% par rapport au cours de clôture de la cible vendredi. Les actionnaires actuels de FIS contrôleront 53% du groupe élargi et ceux de Worldpay détiendront le solde. La nouvelle entité conservera le nom de FIS ainsi que le siège social de l’acquéreur basé à Jacksonville, en Floride. Son conseil d’administration comprendra 12 membres, dont 7 représentants de FIS et 5 administrateurs issus de Worldpay.
«L’effet de taille est important dans notre industrie en constante évolution», a déclaré le PDG de FIS, Gary Norcross, qui conservera son poste, tandis que Charles Drucker, son homologue chez Wordpay, deviendra vice-président exécutif du conseil d’administration. La transaction, qui devrait être finalisée au second semestre 2019, intervient un peu plus d’un an après l’acquisitionpour environ 10,6 milliards de dollars du britannique Worldpay par l’américain Vantiv qui a alors adopté le nom de sa cible.
Ces rapprochements sont favorisés par la montée en puissance des systèmes de paiement numérique, ce qui nécessite d’investir sans relâche pour garantir la sécurité des transactions entre banquiers, commerçants et clients finaux. Ils sont également le fruit d’une surveillance réglementaire accrue et d’une intensification de la concurrence des fintech. Selon le cabinet de conseil en stratégie McKinsey, les revenus générés par l’industrie des paiements devraient totaliser quelque 3.000 milliards de dollars d’ici à 2023.
Le chiffre d’affaires pro forma 2018 du groupe élargi atteindra 12,3 milliards de dollars pour un excédent brut d’exploitation ajusté (Ebitda) de 4,9 milliards. Les deux entreprises «prévoient des synergies de revenus et de coûts de respectivement 500 et 400 millions de dollars au cours des trois prochaines années». Elles combineront leurs services à guichet unique pour traiter les paiements et gérer des transactions multidevises. Elles visent en outre une génération de trésorerie proche de 4,5 milliards de dollars en trois ans.
FIS prévoit d’emprunter environ 11 milliards de dollars pour financer cette acquisition, en privilégiant la dette bancaire. Si la part payée en numéraire absorbera 3 milliards de dollars, la plus grande partie du montant emprunté servira à refinancer la dette existante de Worldpay qui s’élève à environ 8 milliards de dollars. Cette dette comprend un prêt à terme en dollars et plusieurs souches obligataires libellées dans différentes devises.
L’acquéreur entend conserver sa notation de crédit en catégorie investissement en ramenant son levier financier à 2,7 fois dans un délai compris entre 12 et 18 mois suivant la clôture de l’opération, contre un ratio de dette nette sur Ebitda de 3,5 fois immédiatement après sa finalisation. S&P a confirmé hier la note BBB, avec perspective stable, qu’il avait attribuée à la dette à long terme de FIS.
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