
La profession du crowdfunding fait sa crise de croissance

Stéphanie Savel, présidente de l’association professionnelle Financement Participatif France (FPF) qui regroupe 75 plates-formes de crowfunding françaises, préfère parler «d’évolution» plutôt que de «restructuration». «C’est un projet que j’ai initié dès le début de mon mandat en avril 2017», rappelle-t-elle. Une chose est sûre, FPF envisage un bouleversement complet avec un changement de ses statuts et de sa gouvernance qui seront votés en assemblée générale extraordinaire le 29 novembre. L’idée est de brasser large et d’intégrer à l’association les nouveaux acteurs d’un secteur en constante mutation.
Pour cela, Stéphanie Savel veut ajouter six collèges aux deux existants : un collège des acteurs qui proposent des services aux épargnants comme les agrégateurs de compte, un collège des services aux porteurs de projet, un collège des services aux plates-formes comme les prestataires de services de paiement, un collège des institutions financières (banques, fonds d’investissement, gestionnaires d’actifs), un collège des territoires avec des collectivités locales et un collège des bénéficiaires avec des particuliers qui portent des projets ou des entreprises financées par les plates-formes. «On veut que des représentants de ces collèges soient ensuite au conseil d’administration», précise-t-elle.
Ce changement intervient à l’heure où le marché du financement participatif donne des signes d’essoufflement. Le pionnier français du crowfunding pour les petites entreprises, Unilend, lancé en novembre 2013, a récemment été placé en liquidation judiciaire. Cette semaine, la fintech SmartAngels a, de son côté, fait part de sa décision d’arrêter ses activités de financement participatif dédié à l’investissement au capital de start-up et de PME de croissance. «Le marché de l’equity crowdfunding est marqué par une forte baisse des volumes depuis plusieurs trimestres et présente peu de perspectives favorables, en raison notamment des évolutions fiscales et du modèle réglementaire inadapté», a ainsi expliqué Benoit Bazzocchi, fondateur et président de SmartAngels dans un communiqué.
«La réglementation n’existe que depuis 2014 sur ce secteur», temporise Stéphanie Savel. «Beaucoup d’entreprises se créent. Ce sont des start-up qui connaissent la vie et les aléas des start-up», ajoute-t-elle. Elle souligne, par ailleurs, que les montants collectés sur les plates-formes ont augmenté de 36% au premier semestre 2018 par rapport au premier semestre 2017. Ces sommes restent toutefois modestes avec 37 millions d’euros de fonds collectés pour les prêts rémunérés au premier semestre 2018.
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