
RWE et E.ON rebattent les cartes de l’énergie en Allemagne

La transition énergétique continue de bouleverser le paysage énergétique outre-Rhin, ce qui pourrait relancer la consolidation au niveau européen. E.ON et RWE ont annoncé hier un accord complexe impliquant de nombreux échanges d’actifs, qui verrait notamment E.ON reprendre la participation majoritaire de RWE dans Innogy, valorisant la société environ 22 milliards d’euros. Au terme de l’opération, RWE récupérerait l’ensemble des actifs de production d’énergie renouvelable d’Innogy et la plupart de de ceux d’E.ON, ce dernier se concentrant sur les réseaux et les services aux clients.
Il s’agit ainsi d’une nouvelle étape de la restructuration du secteur de l’énergie allemand, déclenchée en 2011 par la décision d’Angela Merkel de renoncer au nucléaire à la suite de la catastrophe de Fukushima. En 2016, RWE a placé ses activités dans les énergies renouvelables et dans les réseaux au sein d’Innogy. La même année, E.ON réalisait une opération miroir en scindant ses activités productrices d’électricité les plus polluantes dans Uniper, depuis introduit en Bourse et en cours de cession au finlandais Fortum. La transaction annoncée entre E.ON et RWE constitue ainsi un changement de cap significatif pour les deux sociétés. E.ON devrait se retirer en grande partie de la génération d’électricité et RWE, connu pour centrales à charbon, devenir l’un des plus gros producteurs d’énergies renouvelables outre-Rhin grâce au portefeuille conséquent d’E.ON.
En échange de sa participation de 76,8% dans Innogy, RWE obtiendrait une participation minoritaire de 16,67% dans E.ON, via une augmentation de capital de 20%. RWE récupérerait également une participation d’E.ON dans deux centrales nucléaires qu’il gère, l’activité de stockage de gaz d’Innogy et la participation de ce dernier dans l’autrichien Kelag. E.ON proposera aux actionnaires minoritaires d’Innogy 40 euros par action en numéraire, soit 5,2 milliards d’euros au total. Le titre Innogy a terminé vendredi à 34,53 euros, le prix proposé par E.ON comprenant 3,24 euros au titre des dividendes attendus pour 2017 et 2018. RWE versera par ailleurs 1,5 milliard d’euros à E.ON pour combler un écart de valorisation à l’issue des échanges d’actifs.
L’opération intervient alors qu’Innogy traverse une période difficile, son patron ayant démissionné en décembre après un avertissement sur résultat. Elle doit encore être avalisée par les conseils de surveillance des deux sociétés et sera probablement scrutée avec attention par les régulateurs européen et allemand.
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