
Renault vise une flotte d’un million de véhicules loués en 2030

Renault accélère sur le terrain de la location longue durée. Mobilize Financial Services, l’ex-RCI Banque, son bras armé dans le domaine du financement des ventes de ses véhicules individuels, a annoncé mardi la création en ce mois de décembre de Mobilize Lease&Co, sa propre filiale dédiée au déploiement d’offres de location longue durée.
Avec cette création, « Mobilize Financial Services s’inscrit dans la stratégie de Renault Group de passer de la vente de véhicules à la vente de kilomètres », explique João Leandro, directeur général de Mobilize Financial Services dans un communiqué. L’objectif est ambitieux. Renault vise désormais une flotte d’un million de véhicules d’ici à 2030, soit un quasi-triplement par rapport aux 350.000 véhicules loués, aujourd’hui en portefeuille, sans réelle logique industrielle. Cette remise en ordre vise notamment à capter la valeur associée à l’ensemble des services voisins intégrés dans les offres locatives (assistance, assurance, etc).
Pour y parvenir Mobilize vise une double expansion avec, en premier lieu, un périmètre géographique élargi, au-delà du seul Hexagone, vers l’Europe et l’Amérique latine. Mobilize Lease&Co qui doit devenir la seule marque du groupe Renault dédiée à la location sera également déclinée, au-delà des seuls particuliers, vers des cibles professionnelles, notamment les flottes de proximité, moyens et grands comptes ainsi que les opérateurs de mobilité. L’ensemble des marques du groupe (Renault, Dacia, Alpine) seront proposées et même élargies à Nissan et Mitsubishi, le tout sans exclure de proposer également des modèles de concurrents. Par ailleurs, la société Bipi, acquise en 2021, pour développer de nouvelles offres d’abonnement visera 200.000 abonnés sur les principaux marchés européens d’ici à 2030.
Un retard à combler
Ces dernières années, le groupe a multiplié les initiatives mais dispersé ses efforts. Les véhicules aujourd’hui loués le sont principalement à destination des entreprises via Overlease et Diac Location en France, ES Mobility en Italie, Overlease en Espagne, ou encore RCI Servicios au Brésil. Or, pour Renault, l’enjeu est crucial. L’ex-RCI Banque est en effet un gros contributeur à sa rentabilité et lui verse, en rythme de croisière une part importante de ses résultats sous forme de dividendes.
La mutation du marché automobile vers l’usage et la possession au détriment de la propriété directe va bouleverser la répartition de ses revenus. En 2030, la location longue durée représentera ainsi 62% du marché du financement automobile dans les pays principaux d’Europe contre 36% en 2020.
Renault a pris du retard face à la concurrence des filiales bancaires dédiée à la location automobile, comme ALD, en cours de finalisation de l’acquisition de Leaseplan, chez Société Générale pour contrôle une flotte totale de 3,5 millions de véhicules, ou Arval chez BNP Paribas (1,5 million de véhicules). Le rival Stellantis s’est pour sa part associé avec Crédit Agricole sur ce créneau de la location et vise une flotte d’au moins un million de voitures en 2026. Un modèle à suivre pour Renault-Mobilize ? Impossible de l’exclure. Le groupe évoque des « partenariats potentiels quand cela sera pertinent pour accélérer le déploiement de l’offre ».
Du retard sur l’alliance
Cette initiative intervient alors que le groupe au Losage peine à trouver un nouvel accord avec Nissan-Mitsubishi pour définir les nouveaux contours de son alliance. Du côté de Boulogne-Billancourt, l’espoir d’un accord avant la trêve des fêtes de fin d’année a fait long feu. Un calendrier à fin janvier 2023 parait davantage tenir la corde, sans certitude toutefois, plusieurs observateurs faisant valoir des discussions difficiles avec les parties nippones. Une telle échéance marquerait alors le premier anniversaire de la feuille de route «Alliance 2030» qui avait été dévoilée fin janvier 2022.
En Bourse, Renault ne souffre pas de cet agenda sans cesse repoussé. Bien au contraire. Depuis le 8 novembre dernier, date de sa journée investisseurs, l’action de l’ex-Régie s’est appréciée de plus de 9% quand le secteur automobile européen lâchait 6% sur la période.
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