Investisseurs Institutionnels

Les transporteurs maritimes régatent vers la logistique

Quelques jours après les opérations de CMA CGM et MSC, le numéro un mondial du transport de containers se renforce dans la logistique en achetant LF Logistics.
Olivier Pinaud
entrepôts du logisticien Kuehne+Nagel
En augmentant leur capacité d’entreposage, les transporteurs maritimes chassent sur les terres des logisticiens.  -  Photo Kuehne+Nagel.

Les transporteurs maritimes sont plus que de simples convoyeurs de containers. Le danois A.P. Moller-Maersk a signé mercredi un accord pour le rachat de LF Logistics, une société basée à Hong Kong qui dispose d’un réseau de 223 entrepôts, dont 49 en Chine et qui fournit des services terrestres tels que l’entreposage et le camionnage à plus de 250 clients mondiaux. Créée à la fin des années 90, elle est actuellement détenu par Li & Fung, un groupe hongkongais de logistique et de commerce, et par le fonds souverain singapourien Temasek qui a acheté 22% de la société en 2019.

«Aujourd’hui, nous aidons principalement nos clients à importer des marchandises d’Asie, mais avec cette acquisition, nous faisons un grand pari sur la croissance à long terme en Asie et sur l’offre à nos clients d’un meilleur accès au consommateur asiatique», a expliqué Soren Skou, le directeur général de Maersk. En réaction aux perturbations provoquées par le Covid sur la chaîne d’approvisionnement mondiale, les grandes entreprises cherchent des solutions de fret plus fiables et plus intégrées, d’où l’intérêt pour les transporteurs de se déployer en amont et en aval du seul convoyage de containers. D’autant que leur excellente santé financière actuelle le leur permet. L’action Maersk a été multipliée par plus de quatre depuis mars dernier. Le groupe a dégagé une marge d’Ebitda de près de 50% au troisième trimestre 2021 et sa dette a quasiment été divisée par trois en un an à 3,1 milliards de dollars.

En payant LF Logistics 3,6 milliards de dollars (3,19 milliards d’euros), soit une valorisation plus de deux fois supérieure à celle utilisée lors de l’entrée de Temasek au capital, Maersk signe l’une de ses plus importantes acquisitions. «L’entreprise a beaucoup grandi depuis 2019, les valorisations en général sont élevées, et nous payons une prime de contrôle que Temasek n’a pas payée», a expliqué Vincent Clerc, responsable des activités océaniques et logistiques de Maersk, dans une interview à Reuters.

13 milliards en moins d’un mois

Maersk se dit en mesure de «dynamiser» la croissance de LF Logistics en doublant son chiffre d’affaires annuel à 2 milliards de dollars et son bénéfice d’exploitation à 500 millions de dollars en quatre ans. Une fois la société intégrée, Maersk exploitera 549 entrepôts dans le monde et augmentera la capacité totale des entrepôts de 40%, créant ainsi la septième plus grande entreprise de logistique contractuelle au monde, derrière les spécialistes UPS, DHL ou Kuehne+Nagel. Maersk, qui réalisera ainsi près de 10 milliards de dollars dans la logistique, veut doubler à terme la part de ses revenus dans les services terrestres. Ils représentent actuellement environ un quart de ses revenus.

Maersk n’est pas le seul à avancer ses pions dans la logistique. En début de semaine, son concurrent italo-suisse, MSC, est entré en négociations exclusives avec le Groupe Bolloré pour lui racheter ses activités portuaires et logistiques africaines pour 5,7 milliards d’euros. Une dizaine de jours plus tôt, le français CMA CGM, déjà propriétaire de Ceva Logistics, a jeté son dévolu sur la division Commerce & Lifecycle Services (CLS) d’Ingram Micro pour une valeur de 3 milliards de dollars (2,65 milliards d’euros) afin d’entrer dans le top 5 mondial.

En quelques jours, les trois plus grands transporteurs maritimes mondiaux auront ainsi dépensé plus de 13 milliards de dollars pour se déployer dans la logistique terrestre.

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