
Les compagnies aériennes ont quitté le mode survie

C’est un signe supplémentaire de la normalisation progressive du transport aérien européen. L’Etat allemand a engagé hier lundi sa descente au capital de Lufthansa. Le fonds de stabilité économique (Wirtschaftsstabilisierungsfonds, WSF), mis en place en 2020 au plus fort de la crise du Covid-19 pour venir en aide aux entreprises, a commencé à réduire sa participation dans le groupe de transport aérien. Le fonds de stabilité, qui détient 20% de Lufthansa, a annoncé qu’il prévoit de céder une part de 5% du capital sur plusieurs semaines. Les cessions ont commencé dès hier.
A la Bourse de Francfort, le cours de l’action Lufthansa a fini en baisse de 3,57% à 8,93 euros. Le WSF était entré à un prix bradé de 2,56 euros par action.
Le WSF avait conclu un accord avec Lufthansa en juin 2020 sur un plan de sauvetage de 6 milliards d’euros en fonds propres, auxquels s’ajoutaient 3 milliards d’euros de prêts garantis. L’intégralité de ce plan de 9 milliards n’a pas été utilisée par la compagnie allemande. Le WSF s’était engagé à céder ses parts avant le 31 décembre 2023, à un prix plancher de 2,56 euros, agrémenté d’un taux d’intérêt annuel de 12%.
L’Etat pressé de sortir
Au début de l’été, le ministre des Transports allemand, Andreas Scheuer, avait indiqué que l’Allemagne souhaitait se désengager le plus rapidement possible de sa participation au capital du groupe de compagnies aériennes alors que se profilent les élections législatives fin septembre. «Lufthansa ne doit pas rester éternellement sous l’influence de l’État», avait-il déclaré lors d’une conférence mi-juin.
Pour contribuer à rembourser l’Etat, Lufthansa n’exclut pas de réaliser une augmentation de capital. En juillet, le directeur financier du groupe de transport aérien avait indiqué que le montant de cette potentielle opération de marché serait nettement inférieure aux 3 ou 4 milliards d’euros évoqués dans les médias. Les actionnaires de la compagnie ont donné, lors de la dernière assemblée générale, la possibilité de lever jusqu’à 5,5 milliards d’euros.
Lufthansa a déjà commencé à rembourser l’aide reçue de l’Etat allemand, avant même la vente des actions détenues par le WSF. L’émission obligataire d’un milliard d’euros réussie début juillet, la seconde de l’année après celle de février pour un montant de 1,6 milliard, a permis de rembourser plus rapidement que prévu l’intégralité des prêts accordés par la banque publique KfW.
Le remboursement des fonds publics intervient alors que Lufthansa a retrouvé au deuxième trimestre 2021 un flux de trésorerie positif pour la première fois depuis le début de pandémie. Le flux de trésorerie ajusté est ressorti positif de 340 millions d’euros au deuxième trimestre, contre un flux négatif de 1,13 milliard d’euros un an plus tôt.
La compagnie aérienne est en avance de six mois sur son programme de réduction des coûts, ayant déjà atteint 50% des 3,5 milliards d’euros visés pour 2024, en raison notamment d’une meilleure adoption que prévu de plans de départs volontaires en Suisse et en Allemagne.
Air France-KLM a commencé à rembourser
Les compagnies aériennes européennes ont profité des vacances d’été pour regarnir leurs avions et augmenter leurs cadences. Air France-KLM a indiqué fin juillet prévoir pour le troisième trimestre une capacité en sièges-kilomètres offerts pour l’activité passagers de son réseau représentant entre 60% et 70% du niveau de la même période de 2019. Le groupe franco-néerlandais, qui est parvenu, pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire, à dégager un flux de trésorerie libre opérationnel ajusté positif au deuxième trimestre 2021, anticipe un Ebitda positif au troisième trimestre. Ce serait une première pour Air France-KLM depuis le quatrième trimestre 2019.
Dans ce contexte, le groupe franco-néerlandais pourrait commencer à travailler au remboursement de ses aides publiques. Air France-KLM a levé 800 millions d’euros d’obligations en juin, en vue de payer une partie de ses dettes envers l’Etat. Une opération de renforcement des fonds propres est attendue dans les prochains mois, en plus des 4 milliards d’euros reçus au printemps dernier, dont une conversion de créances de l’Etat français pour 3 milliards d’euros. La France détient un peu moins de 30% d’Air France-KLM.
Plus d'articles du même thème
-
CMA CGM conclut un partenariat pour cinq ans avec Mistral AI
Le troisième armateur mondial s’appuiera sur le spécialiste français de l’intelligence artificielle générative pour accroître sa productivité dans tous ses métiers. -
Alstom va investir 150 millions d'euros en France pour accélérer la fabrication de ses TGV
Le groupe veut renforcer ses capacités pour répondre à la demande croissante en trains à grande vitesse. -
FedEx attise à son tour les craintes de ralentissement de l'économie américaine
Le géant du transport de colis qui fait figure de vigie de la conjoncture économique voit les nuages s’amonceler sur la vigueur de la demande. Un mauvais signe pour la croissance.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions