
L’approche de Couche-Tard réveille l’action Carrefour

Coup de tonnerre dans la distribution alimentaire. Le distributeur canadien Alimentation Couche-Tard a annoncé dans la nuit de mardi à mercredi avoir initié des discussions exploratoires en vue d’un rapprochement amical avec Carrefour. Dans un bref communiqué, le groupe français a reconnu l’existence de contacts entre les deux entreprises.
« Il n’y a aucune certitude à ce stade que ces discussions exploratoires déboucheront sur un accord ou une opération », a toutefois indiqué Couche-Tard dans un communiqué. « Les discussions sont très préliminaires », a pour sa part commenté Carrefour.
Couche-Tard s’est engagé à tenir les marchés financiers informés de tout développement significatif à cet égard.
Couche-Tard deux fois plus gros que Carrefour
Vers 13h00, le cours de l’action Carrefour gagne plus de 14,5% à 17,71 euros portant la capitalisation du groupe à 14,48 milliards d’euros. Alimentation Couche-Tard, coté à Toronto, était valorisé 37 milliards de dollars (30,3 milliards d’euros) mardi soir. Le premier actionnaire du groupe canadien est la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) avec environ 3% du capital. Les principaux actionnaires de Carrefour sont Galfa, la holding de la famille Moulin (Galeries Lafayette), l’homme d’affaires Brésilien Abilio Diniz et enfin la Financière Agache (Groupe Arnault).
D’après l’agence Bloomberg, qui a révélé ces discussions en citant des personnes informées, il n’est pas certain que les délibérations actuelles aboutissent à une transaction. Conseillé par Rothschild, le groupe canadien aurait proposé un premier prix de 20 euros par action Carrefour, selon Bloomberg.
« Nous ne pensons pas que Carrefour accepte de renoncer à son indépendance si une offre à moins de 20 euros par action, faisant ressortir une capitalisation de 16,3 milliards d’euros, lui parvenait », estiment les analystes de Citi. « En supposant un multiple de rachat situé dans une fourchette de 6 à 8 fois l’Ebitda de Carrefour, Couche-Tard doit mettre entre 26,5 et 35,3 milliards d’euros sur la table s’il veut racheter le groupe français », appuie ING.
Les synergies liées à un éventuel rapprochement entre Carrefour, essentiellement présent en France et au Brésil où il exploite surtout des hypermarchés, et Couche-Tard seraient nécessairement limitées, commente Jefferies, surpris par l’ouverture de discussions entre les deux distributeurs. En l’absence de chevauchements en matière de présence géographique et de produits entre les deux groupes, Bryan, Garnier & Co. s’interroge également sur la pertinence d’un rapprochement. « Dans un marché atone, chaque transaction doit être source de synergies pour créer de la valeur », explique l’intermédiaire financier.
Deux profils différents
Un tel rapprochement permettrait au géant canadien d'étendre sa présence en Europe.
Créé au Canada au début des années 80, Alimentation Couche-Tard s’est par la suite déployé à l’international, en Amérique du Nord, puis en Europe. Il est aujourd’hui actif en Scandinavie, en Irlande, en Pologne, dans les pays baltes et en Russie à travers dix entités. Il exploite essentiellement des réseaux de stations service, sous les enseignes Couche-Tard au Canada et Circle K ou Ingo à l’international.
Le groupe est également entré sur le marché asiatique en novembre dernier grâce à un accord portant sur l’acquisition de l’unité hongkongaise de Convenience Retail Asia pour 2,79 milliards de dollars hongkongais (294 millions d’euros environ).
Le distributeur canadien a réalisé un chiffre d’affaires de 54,13 milliards de dollars américains (44,3 milliards d’euros) lors de l’exercice qui s’est achevé fin avril 2020 et un bénéfice net de 2,35 milliards. Le chiffre d’affaires annuel de Carrefour s'élevait à 80 milliards d’euros en 2019 pour un bénéfice net de 905 millions.
Nouveaux modes de consommation
La proposition de Couche-Tard intervient alors que le secteur de la distribution alimentaire est sorti renforcé de la crise du Covid-19. Mais dans le même temps celle-ci a accéléré les changements de mode de consommation, obligeant les distributeurs à renforcer leurs investissements dans le e-commerce ou le drive.
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