
Paris et Berlin musclent leur union industrielle

Une union sans faille. C’est ce que veulent afficher la France et l’Allemagne après une séquence compliquée entre les deux pays lors du dernier G20. Oubliant les désaccords provoqués par le plan de 200 milliards d’euros annoncé par l’Allemagne fin septembre sans concertation avec les autres pays européens, le ministre de l’économie Bruno Le Maire et son homologue allemand Robert Habeck ont appelé dans un communiqué commun «à un nouvel élan de la politique industrielle européenne ».
Ainsi, les deux pays ont affiché leur volonté d’agir face aux ambitions commerciales de la Chine et des Etats-Unis. Ils veulent notamment apporter une réponse commune à l’Inflation reduction act (IRA) américain. Cette loi adoptée au mois d’août dernier par les Etats-Unis et décriée par Bruxelles comporte des mesures ciblées favorisant certaines industries locales. « Il n’y a pas de limites à la réponse industrielle européenne. Nous devons défendre nos intérêts », a déclaré Bruno Le Maire lors d’une conférence de presse. « Il ne faut pas s’interdire d’avoir des mesures qui permettent de défendre plus efficacement les produits européens, des productions européennes, sur le sol européen par des industriels européens », a martelé le ministre.
Les deux ministres de l’économie estiment donc que le temps est à l’action. «Le statut quo face à l’IRA est impossible, la guerre commerciale serait irresponsable. Nous devons trouver une réponse européenne robuste », a affirmé Bruno Le Maire. Un « Buy European Act », qui réserverait les subventions aux entreprises européennes, et défendu par Emmanuel Macron, « fait partie des options», a précisé le ministre.
Achats groupés
Dans le contexte de guerre en Ukraine et de montée du prix de l’énergie, les ministres allemand et français ont affirmé leur détermination à mettre en place rapidement des achats groupés de gaz par le biais de contrats à long terme afin d’obtenir des prix plus bas pour les consommateurs et l’industrie. Cette déclaration intervient le jour même où la Commission européenne a proposé d’instaurer un plafonnement du prix du gaz à 275 euros le mégawattheure.
Les ministres ont aussi déclaré s’engager « à coordonner et à aligner [leur] soutien aux entreprises les plus touchées par la crise de l'énergie, dans le cadre fixé par la Commission européenne afin d'éviter toute atteinte à des règles du jeu équitables au sein du marché intérieur ». Toute concurrence jugée non équitable entre la France et l’Allemagne serait donc mal venue. Y compris à travers un plan de 200 milliards d’euros.
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