
Les objectifs renforcés de Suez laissent la Bourse sceptique

Les actionnaires de Suez restent dubitatifs à la lecture des objectifs renforcés du plan stratégique à 2030 dévoilés mardi matin par le groupe de services à l’environnement. A la mi-journée, le cours de l’action gagne 0,57% à 14,92 euros, dans un marché en hausse de 0,34%. Il reste ainsi inférieur au prix de 15,5 euros par action proposé par Veolia pour acheter 29,9% du capital à Engie. « Il faudra plus qu’une série de promesses pour contrer une offre d’achat cash », réagit auprès de L’Agefi un actionnaire important de Suez.
« La mise à jour de ce plan n’est pas une réponse à l’offre hostile de Veolia, car ce n’est pas notre rôle d’apporter une réponse », s’est défendu le directeur général du groupe, Bertrand Camus, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes. Elle intervient néanmoins en pleine bataille contre Veolia et alors qu’Engie a jugé l’offre insuffisante à ce stade.
Un an après son annonce, Suez 2030 est donc considérablement renforcé. Suez promet à ses actionnaires une rémunération d’au moins 2 milliards d’euros d’ici à fin 2022, comprenant 1 milliard d’euros de dividendes ordinaires et une distribution exceptionnelle d’au moins 1 milliard d’euros en 2021 sous forme de rachats d’actions ou de dividende exceptionnel. Le dividende ordinaire, qui n’avait jamais été augmenté depuis l’introduction en Bourse de Suez en 2008, s'établirait à 0,65 euro par action en 2021 puis 0,70 euro par action en 2022.
« Les dividendes, les rachats d’actions et la hausse de l’Ebitda [excédent brut d’exploitation] ajouteront 12 à 13 euros de valeur [par titre] pour l’actionnaire d’ici 2022 », a déclaré Julian Waldron, le directeur financier de Suez, lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes. Suez compte faire progresser sa marge d’Ebitda (excédent brut d’exploitation) de 100 points de base à 300 points de base entre 2019 et 2022.
Le groupe de services aux collectivités a revu à la hausse les économies annuelles prévues à l’horizon 2023, tablant désormais sur 1,2 milliard d’euros, contre 1 milliard d’euros précédemment, comme l’avait révélé L’Agefi la semaine dernière.
« Le programme de rotations d’actifs est bien avancé, avec la première vague achevée et la deuxième en discussions avancées, et pour des niveaux de valorisation significativement supérieurs aux objectifs initiaux du plan SUEZ 2030 », a par ailleurs expliqué Suez.
1,5 milliard d’euros pour des acquisitions
En termes d’objectifs opérationnels, Suez vise un chiffre d’affaires de plus de 16 milliards d’euros en 2021 puis supérieur à 17 milliards d’euros en 2022. Le résultat opérationnel (Ebit) est attendu entre 1,35 milliard et 1,5 milliard d’euros en 2021, et à environ 1,7 milliard d’euros en 2022. Le résultat net récurrent par action s’inscrirait entre 0,75 euro et 0,80 euro par action en 2021 puis entre 0,9 et 1 euro par action l’année suivante, selon les projections de Suez.
Le groupe de services aux collectivités a en outre annoncé qu’il consacrerait 1,5 milliard d’euros à la croissance externe, via des opérations sélectives, entre juin 2020 et décembre 2022. Sur le même horizon, des investissements de 3 milliards d’euros seront réalisés pour stimuler la croissance organique.
« En complément, 1 milliard d’euros pourrait venir renforcer les investissements dans la croissance organique et inorganique, en fonction des opportunités et en accord avec notre stricte discipline financière, ou faire l’objet d’une distribution extraordinaire », a expliqué Suez.
A partir de 2022, le niveau de croissance organique annuelle est attendu entre 4% et 5%. La rentabilité des capitaux employés (ROCE) serait comprise entre 6,5% et 7%, contre 4,9% en 2019.
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