
Le budget 2018 donne la priorité à la baisse des impôts et non du déficit

Le gouvernement a d’ores et déjà fixé les grandes lignes des finances publiques pour 2018. Priorité sera d’abord donnée aux allégements d’impôts, qui permettront de baisser les prélèvements obligatoires de 0,6 point de PIB l’an prochain, selon le rapport préalable au débat d’orientation des finances publiques, publié ce mercredi. Une bonne partie de l’enveloppe prévue pour la baisse des prélèvements sur l’ensemble du quinquennat (1 point de PIB) serait donc consommée dès l’année prochaine. En conséquence, en dépit d’une croissance économique revue à la hausse, le déficit public ne serait que faiblement réduit, à 2,7% du PIB.
Un Premier ministre peu attaché «au fétichisme des chiffres»
Les 11 milliards d’euros d’impôts en moins se répartiront en trois enveloppes. L’une, totalisant 4 milliards, sera consacrée à la baisse de la taxation du capital (-3 milliards pour l’ISF, -1 milliard pour l’instauration de la flat tax à 30% sur les revenus de l’épargne et du patrimoine).
Une autre servira à alléger la taxe d’habitation, dans la perspective d’une exonération d’ici 2022 au profit de 80% des ménages ; 3 milliards seront prévus à ce titre dans le budget 2018.
Enfin, 7 milliards d’euros d’allègements fiscaux programmés par François Hollande sont maintenus. Dans cette dernière enveloppe, on trouve la baisse du taux de l’impôt sur les sociétés, ramené à 28% (jusqu’à 500.000 euros de bénéfices), et surtout le CICE qui passera de 6 à 7% de la masse salariale, pour un coût de 4 milliards.
Le total des allègements fiscaux annoncé dépasse les 11 milliards, mais des hausses d’impôts sont aussi prévues, concernant notamment la taxation du gazole (2 milliards) et le tabac. D’où le solde net de 11 milliards évoqué par le gouvernement.
Ce montant considérable obère les capacités de baisse du déficit. Certes, la croissance économique est revue à la hausse, mais légèrement. Elle est estimée à 1,6% pour 2017 (soit 0,1 point de plus que ne le prévoyait le gouvernement précédent) et à 1,8% pour 2018. Elle devrait apporter quelques recettes fiscales supplémentaires, d’autant que l’allègement de la taxe d’habitation favorisera la consommation.
Mais le gouvernement est bien conscient que l’ampleur des baisses d’impôts limitera les capacités de réduction du déficit public. Celui-ci ne serait donc diminué que de 0,3 point. Et encore, le Premier ministre, Edouard Philippe, se dit peu attaché «au fétichisme des chiffres», dans une interview aux Echos, signifiant par là que ce 0,3 point de baisse pourrait ne pas être atteint.
Stopper la croissance de la dépense publique
D’autant que cette diminution serait gagée sur des économies importantes, encore aléatoires. Le gouvernement veut ramener la croissance de l’ensemble de la dépense publique (y compris la Sécurité sociale) à zéro en 2018 – en volume, une fois l’inflation déduite – contre +0,9% en 2017. Un effort considérable, compte tenu de la dérive spontanée de la dépense sociale. Le rapport de Bercy affirme que l’effort sur la dépense sociale devra représenter 40% des économies globales. La dépense de l’Etat stricto sensu serait stable en valeur, ce qui était aussi l’objectif de François Hollande ces trois dernières années.
Bercy estime qu’après une année 2018 marquée par les allégements fiscaux, les prélèvements obligatoires baisseraient sensiblement moins vite par la suite. La diminution ne serait que de 0,5 point, entre 2018 et 2022, l’essentiel des marges budgétaires étant alors consacré à la réduction du déficit public. Celui-ci reviendrait à 0,5% du PIB à la fin du quinquennat, le déficit structurel s'établissant alors à 1,1% du PIB. Un niveau à négocier avec Bruxelles : les traités prévoient que ce solde doit être proche de l’équilibre.
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