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La tension remonte d’un cran entre les Etats-Unis et la Chine

Les USA ont ouvert un nouveau chapitre de leur querelle avec la Chine en ciblant les groupes de technologie ByteDance et Tencent et les autorités hongkongaises.
Xavier Diaz
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Le président américain affronte maintenant Pékin sur le terrain de la technologie.  -  Crédit Henrikas Mackevicius/Pixabay

Aucun doute, Donald Trump est reparti en campagne avec pour cible favorite la Chine. La tension entre les deux pays est encore montée d’un cran après l’annonce de sanctions prononcées contre la cheffe de l’exécutif hongkongais Carrie Lam et huit responsables chinois et hongkongais et la publication par le président des Etats-Unis de deux décrets interdisant aux entreprises américaines toute transaction avec les groupes chinois ByteDance, propriétaire de l’application de vidéos TikTok, et Tencent, qui possède l’application de messagerie WeChat. Donald Trump avait déjà enjoint, la semaine passée, ByteDance de vendre ses activités nord-américaines.

Cette interdiction, qui entrera en vigueur après 45 jours, intervient une semaine avant une réunion le 15 août en visioconférence au cours de laquelle le représentant américain au commerce, Robert Lighthizer, et le vice-premier ministre chinois, Liu He vérifieront la mise en oeuvre de l’accord commercial de «phase un». Dans ce contexte, les échanges promettent d’être tendus alors que la Chine n’a pu respecter qu’une partie de l’accord entré en vigueur le 15 février en raison de la crise provoquée par la pandémie de coronavirus. La visite du secrétaire américain à la santé, Alex Azar, à Taiwan ce week end, pour saluer son modèle de transparence et de coopération en matière de santé mondiale durant la pandémie de Covid-19, a provoqué la colère de Pékin. C’est la première visite d’un responsable américain de si haut rang sur l'île depuis quatre décennies.

Depuis la trêve commerciale signée entre les deux pays en décembre dernier, qui prévoit une augmentation de 200 milliards de dollars des achats de biens et services américains par la Chine sur deux ans, Donald Trump a multiplié les attaques. D’abord concernant l’épidémie de Covid-19, le président américain accusant la Chine d’en être à l’origine. Puis après l’entrée en vigueur début juillet de la loi de sécurité nationale à Hong Kong qui a provoqué une levée de bouclier internationale. Donald avait menacé de se retirer de l’accord commercial de «phase un».

Le locataire de la Maison Blanche porte une nouvelle estocade sur un autre de ses terrains de jeu, la technologie. Le président américain fait déjà pression sur Huawei, qui pourrait arrêter la fabrication de l’un de ses principaux processeurs en raison des menaces de sanctions aux entreprises qui font des affaires avec le géant chinois des équipements télécoms. Il s’attaque désormais aux applications TikTok et WeChat qu’il qualifie de «menaces importantes» pour la sécurité des Etats-Unis. Les décrets soulignent notamment que l’application WeChat «capture automatiquement de vastes pans d’informations de ses utilisateurs. Cette collecte de données menace de permettre au Parti communiste chinois d’accéder aux informations personnelles des Américains». WeChat est peu utilisé aux Etats-Unis (19 millions de téléchargements) mais sa maison-mère Tencent a de nombreuses participations dans des entreprises américaines dont Snap ou Tesla.

«Une excuse cachant une pratique hégémonique»

La Chine a affirmé que ces entreprises respectaient la loi et la régulation américaine et que la question de la sécurité n’était qu’une excuse cachant une pratique hégémonique. L’enjeu est le leadership mondial dans la technologie. Par ailleurs, un projet de régulation pourrait obliger les entreprises chinoises cotées aux Etats-Unis à se retirer de la Bourse américaine si elles ne respectent pas certaines règles d’audit d’ici 2022. Des représailles de la Chine sont probables, d’autant que les Etats-Unis ont franchi un nouveau pas dans leurs menaces vis-à-vis des représentants chinois ayant participé à la mise en place de la loi de sécurité nationale à Hong-Kong.

Vendredi, le département américain du Trésor a imposé des sanctions à l’encontre de la cheffe de l’exécutif hongkongais Carrie Lam et de huit responsables chinois et hongkongais, en gelant leurs avoirs détenus aux Etats-Unis et en interdisant aux ressortissants américains d’effectuer des transactions avec eux. Les Etats-Unis dénoncent également le report d’un an des élections législatives dans la région administrative spéciale chinoise en raison du coronavirus. La Chine a qualifié cette décision de «pitrerie ridicule qui n’effraye, ni intimide le peuple chinois». Pour les autorités de Hong-Kong c’est une ingérence flagrante dans les affaires internes de la Chine. Le ton est donné. Vendredi, alors que l’indice S&P 500 a terminé stable, le Nasdaq a fini dans le rouge. En cette période estivale, de faible volatilité, le marché devrait évoluer au gré de ces tensions.

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