
La courbe des taux américaine s’approche de l’inversion

La poursuite du mouvement d’aplatissement de la courbe des taux américaine pourrait bien mettre la Réserve fédérale (Fed) dans une situation délicate. Malgré la hausse du rendement des Treasuries à 10 ans au-dessus du seuil de 3,05% hier, l’écart avec le 2 ans reste proche de son plus bas de 43 pb depuis septembre 2007, atteint jeudi dernier. L’écrasement de la pente atteint plus de 30 pb depuis le mois de février entre les deux maturités, les hausses des taux étant nettement plus fortes sur la partie courte (+50 pb pour le 2 ans), que sur la partie longue, où elle a été limitée à 20 pb sur le 10 ans, et a été nulle sur le 30 ans. Le spread entre les taux à 5 et 30 ans est même tombé à 25 pb, et s’approche de son dernier point bas de -10 pb atteint en début d’année 2006, avant l’éclatement de la crise financière.
Un signal négatif pour l'économie
Le président de la Fed de St. Louis James Bullard a alerté lundi qu’il existe un risque que la courbe de taux s’inverse d’ici début 2019, «ce qui enverrait un signal négatif pour l’économie américaine». Si des membres de la Fed mettent en avant l’impact de la hausse des émissions de titres sur la partie longue, les taux forwards anticipent une pente 2-10 ans à environ 25 pb en septembre 2019, sous l’effet de la poursuite du resserrement de la Fed. Les marchés anticipent désormais avec une probabilité de 70% une quatrième hausse des taux Fed funds cette année, soit trois supplémentaires d’ici fin décembre. «Le fait que l’inflation ait atteint son objectif de 2% pour la première fois depuis six ans crée un risque plus symétrique autour du seuil des 3%, estimé à 25 pb à la baisse ou à la hausse à court terme», ajoute en outre SG CIB.
Ce durcissement des conditions monétaires aux Etats-Unis intervient dans un contexte où des signes croissants d’essoufflement de la croissance apparaissent. «Après la période d’expansion particulièrement longue aux Etats-Unis et avec le mouvement haussier sur les taux ainsi que quelques pressions inflationnistes, le pic du cycle économique pourrait être derrière nous», alerte Natixis. Or, la partie longue de la courbe des taux américaine est justement guidée par les perspectives d’activité, et d’inflation. Si elles ralentissent, alors que la Fed poursuit son resserrement et tire ainsi les taux courts vers le haut, l’aplatissement de la courbe se poursuivra. Dans cet environnement, «la Fed ne devrait pas se montrer trop agressive. Cela n’est pas nécessaire dans un contexte d’inflation stable», explique James Bullard.
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