
«Nous n’anticipons pas d’amélioration de résultats avant le second semestre 2024»

L’Agefi : Pourquoi prévoyez-vous une stabilisation des marchés actions au premier semestre 2024 ?
Grégory Huet : L’inflation et les mouvements sur les taux d’intérêt dictent le ton sur les marchés depuis presque deux ans. D’un mois à l’autre, entre octobre et novembre, le scénario s’est complétement inversé. Du fait de la reprise récente, la majorité des grands indices internationaux frôlent leur plus haut historique. Nous pensons que des grandes valeurs comme les «sept magnifiques» ont déjà profité en grande partie du mouvement à venir sur les taux d’intérêt même si cela reste pour la plupart d’excellents dossiers avec des fondamentaux solides. Les marchés financiers ont en effet tendance à anticiper les différents événements et notamment les mouvements de taux d’intérêt. La stabilisation, puis la baisse des taux en 2024 est en partie déjà jouée.
La forte hausse de novembre, nous incite donc à penser que la tendance ne sera pas linéaire sur le premier semestre 2024. Nous attendons d’autres à-coups sur les marchés en raison de chiffres macroéconomiques mitigés et du fait accompli sur les taux.
Nous voyons en revanche un rattrapage d’un certain nombre de valeurs en retard et sensibles aux taux d’intérêts. Nous pensons également que le «stock picking» retrouvera toute sa place dans un environnement de marché plus sain qui sera peut-être moins avantageux aux grands indices très concentrés sur quelques grandes valeurs.
Ne craignez-vous pas des déceptions sur les résultats 2023 des entreprises ?
Nous avons déjà constaté une mauvaise tendance sur les publications du troisième trimestre 2023 pour la majorité des secteurs, à l’exception de la technologie qui a su tirer son épingle du jeu. Nous n’anticipons pas de réelle amélioration de résultats avant le second semestre 2024. En effet, les bases de comparaison seront difficiles, notamment sur les prix, mais aussi sur les volumes, pénalisés par une demande atone et des effets de déstockage.
Malgré des coûts d’énergie, de matière première et de logistique en baisse, certains impacts de l’environnement inflationniste vont se matérialiser l’an prochain. Les hausses de salaires seront plus systématiques et auront un impact sur l’année entière. De plus, les charges d’intérêts plus élevées commenceront à être visibles pour les sociétés en besoin de refinancement.
Les multiples de valorisation se sont appréciés depuis fin octobre, reflétant le scénario de baisse des taux et d’amélioration de résultats du marché. À la suite de ce rebond, il nous parait opportun de rester prudent à court terme, surtout en considérant les sanctions sévères observées sur les dernières séquences de publications. Il est d’ailleurs envisageable que ce scénario soit favorable aux sociétés de croissance qui pourront profiter de taux d’intérêt plus faibles pour financer leur croissance et pour les petites valeurs qui souffrent d’un réel retard de valorisation.
A lire aussi: Les gestions peinent à suivre l’élan des Bourses à un horizon d’un an

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