
Le coronavirus met à l’épreuve les ETF à haut rendement

Outre les fonds indiciels cotés (exchange traded funds, ETF) actions, les ETF d’obligations à haut rendement (high yield, HY) ont connu fin février leur troisième pire semaine de l’histoire, avec 6,5 milliards de dollars de décollecte. Le seul iShares iBoxx High Yield Corporate Bond ETF a perdu 1,6 milliard le 25 février et 4 milliards depuis janvier pour aboutir à 13,5 milliards de dollars d’encours au lieu de 25 milliards un an plus tôt.
Alors que les rachats de parts de fonds mutuels ont un effet direct sur les sous-jacents, cela n’est pas toujours le cas pour les rachats de parts d’ETF high yield, dont les fournisseurs se sont toujours vantés de vendre un produit «au moins aussi liquide si ce n’est plus liquide» que les sous-jacents. Ainsi, lors du krach sur le haut rendement américain lié aux difficultés du secteur pétrolier en décembre 2015 (-8,2 milliards nets sur les fonds mutuels), les spreads achats-ventes d’ETF HY US n’avaient pas bougé grâce aux entrées d’investisseurs (+1,8 milliard net sur les ETF), notamment d’institutionnels en phase «structurelle» de construction de leur portefeuille d’ETF obligataires.
Des volumes «cinq fois plus importants»
«Aujourd’hui, on voit le danger possible lié aux ventes de parts d’ETF high yield puisque les volumes sont cinq fois plus importants que d’habitude, reconnaît Jose Garcia Zarate, directeur des stratégies passives Europe chez Morningstar. Les ‘spreads’ semblent s’écarter un peu, mais il est trop tôt pour envisager des destructions de parts d’ETF et un dysfonctionnement du marché secondaire», poursuit-il en rappelant l’avantage de ces véhicules sur des fonds mutuels classiques.
Alors que la réglementation bancaire réduit chaque année les capacités de tenue de marché, les «market makers» non bancaires arrivent encore à jouer leur rôle, «en achetant des titres sous-jacents décotés pour pouvoir ajuster une offre (‘bid’) également décotée sur les parts d’ETF et/ou en conservant certains titres», note l’un d’entre eux. Selon lui, les fourchettes de prix (spread bid-ask) se sont écartées d’environ 2 à 4-6 points de base (pb) sur les parts des ETF HY US, et de 10-12 à plutôt 20-25 pb sur les parts ETF HY européens, pour les gros ordres.
«La réglementation sur les dépositaires centraux (CSDR), qui doit être repoussée à février 2021, sanctionnera cependant les règlements-livraisons en retard, n’incitant pas les teneurs de marché à proposer autant de liquidité», nuance Christophe Quesnel, directeur du fixed income chez Oddo BHF.
Plus d'articles du même thème
-
Un rebond rapide, mais mesuré, est attendu pour les marchés actions
Les gestionnaires interrogés anticipent une reprise de 8% à 9% des Bourses dans les six prochains mois, et de 12% à 14% sur un an. -
PARTENARIAT
L’essor des ETF actifs
Les ETF actifs attirent des investisseurs en quête des avantages de la gestion active et de l'atout de l’enveloppe ETF. -
Le marché européen des ETF reprend sa respiration
La collecte hebdomadaire a été divisée par près de deux, après une semaine record.
A la Une
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions