Janus Henderson lance son premier ETF actif sur le marché européen avec Tabula

Le gérant anglo-américain cote un fonds d’actions japonaises très concentré. Un positionnement qui détonne dans un marché européen des ETF actifs plutôt dominé par les stratégies faiblement actives.
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Les spécialistes de la gestion active sont de plus en plus nombreux à tenter l’aventure des ETF. La semaine dernière, c’était Robeco qui faisait ses premiers pas sur le marché des fonds cotés gérés activement, avec le lancement de 4 stratégies actions. Il est rejoint ce lundi par Janus Henderson. Ce dernier vient de coter à Francfort (avant Londres et Milan) un ETF sur les actions japonaises : le Janus Henderson Tabula Japan High Conviction Equity UCITS ETF (ISIN : IE000CV0WWL4). Un segment de marché chahuté depuis le relèvement des taux surprise de la Bank of Japon cet été : 2,3 milliards d’euros sont sortis des ETF d’actions japonaises au troisième trimestre. « Dans ce contexte de normalisation des taux et d’inflation, on constate un intérêt retrouvé de la part des investisseurs pour la classe d’actifs », assure toutefois Charles-Henri Herrmann, directeur du développement en France du gérant anglo-américain.

Gestion de conviction

Surtout, Janus Henderson mise sur une approche différenciante. « L’ETF que nous lançons s’appuie sur une gestion vraiment active, conseillée par notre équipe de gérants basée au Japon, avec un portefeuille très réduit de 25 à 30 titres », explique Charles-Henri Herrmann. L’asset manager s’autorise ainsi un écart par rapport à l’indice (« tracking error ») pouvant aller jusqu’à 10 %. Par comparaison, les ETF actifs lancés jusqu’à présent sur le marché européen sont plutôt centrés sur des stratégies très diversifiées et faiblement actives, le plus gros fonds du marché (un ETF « research enhanced » de JP Morgan AM sur les actions américaines) mettant par exemple en avant une tracking error sur trois ans de 0,75 % pour un portefeuille de près de 250 titres. Une gestion très active qui se reflète aussi dans les frais facturés : le TER (total expense ratio) de l’ETF de Janus Henderson s’élève à 49 points de base, contre une moyenne à 40 bp pour le marché, selon les chiffres compilés par JPM AM.

Proposer une stratégie de conviction sous format ETF comporte toutefois des risques pour les gérants : comme ils doivent publier quotidiennement la composition de leur portefeuille, leurs secrets de fabrique sont exposés au grand jour. Janus Henderson se veut pourtant serein. « Notre enjeu est de générer de l’alpha pour nos clients, pas de savoir si nous pourrions ou pas être copiés », balaie Charles-Henri Herrmann. De même, le risque de cannibalisation de la gamme de fonds traditionnels ne suscite pas d’inquiétudes. « La stratégie que nous lançons sous forme d’ETF est basée sur une stratégie existante que nous appliquons, mais pas dans cette version concentrée », confirme le responsable. Elle sera proposée à côté des autres à la clientèle du groupe, principalement institutionnelle et wholesale.

Pour s’implanter en Europe, Janus Henderson – qui gère déjà 22 milliards de dollars sous format ETF aux Etats-Unis, notamment sur la classe d’actifs des CLO – a choisi la voie rapide, celle de la croissance externe. Annoncé en mai, le rachat du fournisseur d’ETF obligataires Tabula a été finalisé cet été et la nouvelle entité a été baptisée Janus Henderson Tabula. Outre son infrastructure, notamment en matière de cotation sur les marchés, Tabula a apporté le savoir-faire de ses dirigeants, dont celui d’un « vétéran » des ETF : Michael John Lytle. Ce dernier est un des co-fondateur de Source, qui, acquis par Invesco en 2017, a largement contribué au développement de ce dernier en Europe. Un destin dont rêve probablement Janus Henderson.

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