
Adam Gould (Tradeweb) : «Nous bénéficions de l’évolution des comportements dans le trading d’ETF»

L’Agefi : Tradeweb Markets, une des principales plateformes sur les obligations, a lancé en 2012 une plateforme de trading à la base de prix demandés (request-for-quote, RFQ) sur les ETF (Exchange traded funds), et a notamment bénéficié de l’introduction de nouvelles règles en Europe en 2018 avec MIF 2. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Adam Gould : Notre activité continue de croître. Sur les ETF, nous avons enregistré en 2022 des volumes d’échanges de 628 milliards de dollars aux Etats-Unis (+107%) et de 708 milliards de dollars en Europe (+14%), des chiffres importants compte tenu du contexte économique. Au-delà du retail, les investisseurs institutionnels continuent, pour s’exposer aux actions ou à d’autres actifs, à utiliser davantage d’ETF comme une option peu coûteuse, très liquide et flexible pour naviguer dans un large éventail d’environnements de marché. Nous constatons la progression du trading RFQ, ce qui nous amène à améliorer l’offre et l’expérience utilisateur sur les différents segments : ETF (institutionnels) américains, européens et asiatiques, actions cash, et dérivés sur actions ou obligations convertibles (futures et options).
Pouvez-vous détailler les nouveautés ?
Un moteur de croissance est l’expansion constante du trading électronique. En plus du NAV trading - à un prix lié à la future valeur liquidative de chaque part - et du Risk trading - à un prix immédiat pour une quantité donnée - nous proposons désormais également le MOC trading (market-on-close), qui permet de mettre en concurrence plusieurs fournisseurs de liquidité pour obtenir un prix relié au cours de clôture.
De plus, nous avons récemment lancé le trading basé sur le notionnel, qui permet aux clients d’acheter ou de vendre un ETF sur la base d’une valeur de rachat en cash définie, sans avoir à calculer le nombre de parts correspondant. Nous avons également développé les «portfolio trades», qui permettent d’acheter ou de vendre plusieurs ETF simultanément dans le cadre d’un «package» avec un même fournisseur de liquidité, à des prix resserrés car ce dernier peut prendre en compte les expositions compensées entre chaque ETF pour calculer le coût de sa couverture.
La demande des investisseurs pour notre outil d’automatisation basé sur des règles de trading (AiEX) ne cesse de croître : plus de 80% des transactions sur ETF en nombre et 20% en volumes notionnels en Europe, et nous continuons de constater une augmentation de la taille moyenne des ordres ainsi négociés. La dernière innovation en la matière permet aux clients d’envoyer des ordres à AiEX directement à partir de l’outil d’exécution de Tradeweb (docket) : immédiatement, à une date ultérieure, ou découpés en plusieurs transactions avec des outils permettant de configurer différentes heures et tailles. En plus du trading, nous proposons depuis peu un service de calcul fournissant des valeurs liquidatives indicatives (iNAV) en temps réel sur les ETF, afin d’aider les investisseurs à mieux évaluer si un ETF est correctement valorisé.
Et pour la suite ?
Nos développements stratégiques en Asie restent une priorité et un gros enjeu : l’an dernier, nous avons multiplié par trois nos volumes sur les ETF asiatiques. Plus globalement, nous bénéficions du développement croissant des ETF obligataires, qui représentaient environ 40% de nos volumes ETF mondiaux en 2022, ainsi que des options sur ETF aux Etats-Unis, et des comportements de trading qui évoluent, par exemple avec le début des négociations RFQ sur les actions individuelles.
A lire aussi: Le trading s’adapte à un environnement de marché complexe
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