Pour Adagia Partners, la «preuve du concept» commence à se matérialiser. La société de gestion créée il y a deux ans par Sylvain Berger-Duquene, Nicolas Holzman et Charles-Edouard Bouée a signé sa première prise de participation majoritaire dans l’Hexagone, avec le fournisseur de prothèses dentaires Minlay. Elle se serait positionnée dans l’enchère organisée par Natixis Partners en proposant une offre valorisant le groupe tricolore un peu moins de 350 millions d’euros. Ce prix, inférieur à 16 fois l’Ebitda, aurait permis de faire la différence d’avec les deux derniers candidats en lice, Naxicap Partners et Apax Partners. Adagia Partners prend le contrôle d’un fabricant fondé en 2006 à Paris, et disposant d’une présence en Allemagne et aux Pays-Bas. Ce dernier emploie 440 collaborateurs dans 16 laboratoires. Un début, puisque le fonds entend poursuivre la politique de croissance externe du groupe. Véritable consolidateur du marché de la prothèse dentaire, Minlay avait racheté une vingtaine d’entreprises au cours des cinq dernières années, avec le soutien de Motion Equity Partners et de Turenne Santé. Fin 2021, Adagia Partners avait donné le coup d’envoi à sa stratégie d’investissement en reprenant la participation d’Ardian dans Schwind (près de 25 millions d’euros d’Ebitda), un des leaders mondiaux des systèmes de laser oculaire. Focus sur la santé, le B2B et la tech Le fonds a fait de la santé l’un de ses secteurs de prédilection, en raison de l’expertise développée par Sylvain Berger-Duquene quand il était chez Montagu. Il avait notamment travaillé sur les LBO du fabricant de solutions d’administration de médicaments Nemera, du spécialiste du diagnostic in vitro Sebia et des laboratoires Arkopharma – actuellement en vente, comme l’a révélé L’Agefi en avril. Adagia Partners se concentre aussi sur le B2B et la tech, les domaines respectifs de prédilection de Nicolas Holzman (ex-associé de PAI Partners) et de Charles-Edouard Bouée (ex-Roland Berger). A ce titre, le gérant a regardé une multitude de dossiers ces derniers mois, comme le spécialiste du génie climatique Climater, acquis par Cobepa l’an dernier, le fabricant de centrales inertielles iXblue, racheté par Gorgé en mars, et le groupe d’ingénierie Ginger, dans le giron de Sagard. La jeune société de gestion, constituée autour de ces trois vétérans du private equity, se juge en mesure de réaliser deux ou trois opérations par an, en déployant entre 100 et 300 millions d’euros par deal. Son terrain de jeu s’étend à la France, l’Allemagne, la Suisse et au Benelux. «Nous avons regardé beaucoup de dossiers. Mais dans le contexte actuel, nous estimons les prix un peu élevés et, dans nombre de cas, avons décidé de ne pas suivre, explique Sylvain Berger-Duquene. Cela fait vingt-cinq ans que nous faisons de l’investissement et nous sommes passés à travers trois cycles. Cette expérience nous interdit de ne pas nous mettre en position pour affronter dix-huit à vingt-quatre mois difficiles.» L’équipe se concentre donc sur des actifs défensifs, avec beaucoup de cash-flow et de croissance. C’est d’ailleurs grâce à ces axes de développement qu’Adagia Partners et ses 17 professionnels répartis entre Paris et Francfort entendent lever un programme de 1,5 milliard d’euros – 750 millions d’euros émaneront du premier fonds, amiral, le solde provenant des véhicules de co-investissement.