DEMANDE. Le baril de brut est redescendu aux alentours de 110 dollars, mais d’autres jauges de prix signalent que la trêve pourrait être de courte durée. La marge de raffinement (crack spread), qui représente la différence entre un baril de pétrole brut et un baril de produits raffinés, comme le gasoil ou le kérosène, a ainsi atteint un niveau record en juin : 62 dollars, contre une moyenne à 10,5 dollars entre 1985 et 2021. L’indicateur signale que la demande pour les produits pétroliers est forte et pas encore atteinte par les prix élevés. Et que les capacités de raffinage sont de plus en plus contraintes : si les pays occidentaux ont libéré des réserves stratégiques d’or noir, celles-ci ne sont constituées que de pétrole brut. Aux Etats-Unis, les capacités de distillation ont baissé d’un million de barils/jour depuis 2020, à 17,9 millions de barils/jour. Par ailleurs, la capacité russe atteint 1,5 million de barils/jour, désormais bloqués par les sanctions. Enfin, les inventaires en sous-produits du pétrole constitués par les entreprises, comme le diesel, ont été vidés par la reprise. Il n’y a pas d’autre alternative que payer le prix fort. Qui devrait continuer de progresser : les marchés anticipent aussi une reprise de la hausse des prix du brut, liée à la fin des approvisionnements russes et à l’épuisement des réserves stratégiques, qui aura lieu, au rythme actuel, en novembre. De quoi enclencher un processus de destruction de demande, mais qui ne suffira peut-être pas à refroidir significativement les prix.