Plus de 90 millions de livres sterling ont été engloutis dans la faillite de Carillion au titre d’une opération de reverse factoring (affacturage inversé) octroyée par Santander, comme l’indique le Financial Times du 14 mai dernier. De fait, les banques espagnoles sont adeptes de ces financements en forme d’escompte accordés aux fournisseurs de grands groupes, avec l’idée de les faire bénéficier de la signature de son donneur d’ordre, présumé sans risque. Ce dernier obtient ainsi des délais de paiement aux fournisseurs – 120 jours pour Carillion, le double de ce que prévoit la règle européenne –, tout en ne faisant pas apparaître ces financements dans ses dettes financières. Les grandes firmes mettent en avant la solidarité témoignée à leurs petits fournisseurs avec ces montages. Sauf qu’en cas de problème, la facilité bancaire est brutalement retirée et les fournisseurs font face au risque de leur client sans en avoir pressenti la dégradation. Le défaut de Carillion montre toute la valeur d’un simple paiement ponctuel, sans intérêts ni commissions à payer à de multiples intermédiaires…