L’actualité des grandes banques centrales de la planète, celles de la zone euro (BCE), des Etats-Unis (Fed), du Royaume-Uni (BoE), du Japon (BoJ). Nos analyses et éclairages sur les politiques monétaires mises en œuvre par ces autorités au cœur de l’économie mondiale.
Le yen a bondi vendredi à un sommet de six semaines, autour de 133 face au dollar, soutenu par différentes nouvelles malgré la contraction de la croissance américaine jeudi. D’un côté, le moral des consommateurs a chuté à un plus bas de 18 mois à cause du covid-19 et la progression des ventes au détail a ralenti (+1,5% en rythme annuel en juin) avec une inflation sous-jacente en hausse pour la région de Tokyo (+2,3% en rythme annuel en juillet). D’un autre côté, la production industrielle nippone aprogressé à un niveau mensuel record de +8,9% en juin (après -7,5% en mai), tirée notamment par les automobiles, les équipements informatiques et électroniques. Le taux de chômage est resté inchangé (2,6%).Malgré une révision de sa prévision de croissance 2022 de 2,9% à 2,4%, le sous-gouverneur de la Banque du Japon, Masayoshi Amamiya, a déclaré que la banque centrale réfléchissait aux moyens de sortir de sa politique monétaire ultra-accommodante à moyen terme.
L’inflation est le «principal facteur» qui guidera les décisions de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), a déclaré vendredi le vice-président Luis de Guindos au journal estonien Postimees. «Nous analyserons la situation au sein du Conseil des gouverneurs réunion par réunion en fonction des données (…). La BCE ne cible pas le taux de change, mais c’est un indicateur macroéconomique très important que nous prenons en compte. Il ne fait aucun doute que la dépréciation de l’euro a été l’un des facteurs à l’origine de la forte inflation et de la hausse des prix de l’énergie libellés en euros», a-t-il ajouté en se référant à la dernière réunion.
La première hausse de taux de la BCE en 11 ans est effective depuis ce mercredi et la Fed doit de nouveau augmenter les siens dans la soirée. L’occasion de revenir sur ces taux directeurs au cœur des politiques économiques.
La Banque nationale de Hongrie (NBH) a encore relevé son taux de refinancement de 100 points de base (pb) à 10,75% mardi, et signalé qu’elle continuerait à relever ses taux jusqu’à ce que l’inflation ait atteint un pic. Cette décision a porté les coûts d’emprunt à leur plus haut niveau depuis décembre 2008. Elle suit une hausse de 200 pb déjà décidée lors de sa réunion du 7 juillet, et prolonge sa trajectoire de resserrement de 10,15 points de pourcentage depuis mai 2021. Les derniers chiffres d’inflation ont atteint un sommet de 23 ans à 11,7% en juin, et le forint (à 400 face à l’euro) se rapproche à nouveau de ses plus bas records atteints plus tôt dans le mois (410,82). La banque centrale a également relevé son taux de dépôt au jour le jour de 100 pb à 10,25%.
La Banque centrale du Danemark a relevé son taux directeur de 50 points de base (pb) jeudi, le rapprochant d’un territoire positif à -0,10% désormais au lieu de -0,60%. En 2012, le Danemark était devenu le premier pays au monde à imposer des taux négatifs. Avec la Banque du Japon (BoJ), également à -0,10%, et la Banque nationale Suisse (BNS), qui a porté son taux de -0,75% à -0,25% en juin, elles restent les seules encore en territoire négatif. Mais un autre ajustement est prévu en septembre. Les banques danoises cessent donc de pratiquer les taux négatifs sur les dépôts privés qu’elles appliquaient depuis 2019 pour amortir leurs dépôts en banque centrale.
Suite à sa réunion de politique monétaire, conclue hier, la banque centrale japonaise (BoJ) a confirmé maintenir à -0,1% ses taux à court terme, comme attendu par le marché. Par ailleurs, la BoJ s’est engagée à poursuivre sa politique de contrôle des taux, en maintenant le rendement du souverain à 10 ans entre -25 et 25 points de base. L’institution remarque toutefois que les pressions sur les prix se renforcent, et a relevé ses prévisions d’inflation cœur pour l’année se terminant en mars 2023 à 2,3% contre 1,9% précédemment. Par ailleurs, les prévisions de croissance pour l’exercice en cours ont été abaissées de 0,5 point, à 2,4%. Le yen a baissé suite à ces annonces, à plus de 138 yens/dollar.
La Fed et la BCE pensent pouvoir endiguer l'inflation sans trop affecter le niveau de l'activité. Un optimisme que ne partage pas Vincent Chaigneau, directeur de la recherche de Generali Investments. Découvrez son analyse.
Les responsables de la Banque centrale européenne (BCE) envisageraient de relever les taux de 50 points de base (pb) pour freiner l’inflation, ont déclaré à Reuters des sources informées des discussions. Cette entorse à sa «forward guidance», alors que ses gouverneurs ont maintes fois répété que la première hausse ne serait que de 25 pb, pourrait se comprendre face au retard par rapport à d’autres banques centrales comme la Fed. Mais il impliquerait que le Conseil soit tombé d’accord sur un outil antifragmentation crédible et efficace pour éviter un écartement anormal des taux souverains. Une équation pas si évidente cette semaine, alors que l’Italie doit régler une nouvelle crise politique majeure et que la Russie doit reprendre via Nord Stream 1 l’approvisionnement en gaz de l’Allemagne qui pourrait entrer rapidement en récession sinon. Les rumeurs autour de cette hausse de taux ont soutenu mardi l’euro-dollar, remonté à 1,024, et fait remonter les taux euro : le Bund à 1,27% ; l’OAT à 1,84% et le BTP à 3,42%.
Le gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE), Andrew Bailey, a annoncé mardi que l’institution pourrait commencer à réduire les obligations d’Etat détenues à son bilan de 50 à 100 milliards de livres sterling en un an. Elle devrait mêler des reventes d’emprunts d’Etat britanniques et l’arrêt des réinvestissements des titres arrivant à maturité. La BoE a déjà cessé en mai de réinvestir les remontées des obligations d’entreprise arrivant à échéance (20 milliards sur un total de 867 milliards). La banque centrale donnera des détails sur les ventes « actives » d’emprunts d’Etat britanniques de l’APF (Asset Purchase Facility) lors de sa réunion monétaire du 4 août, rendez-vous qui devrait, selon les marchés, acter une nouvelle hausse du taux directeur de 50 points de base (de 1,25% à 1,75%). Les taux à 10 ans (Gilts) ont grimpé de plus de 8 pb à 2,18% après ces annonces.
La Banque populaire de Chine (PBoC) a injecté, lundi pour la première fois depuis juin, des liquidités supplémentaires dans le système financier chinois alors qu’un boycott des paiements hypothécaires sur les constructions retardées affaiblit les promoteurs et qu’une nouvelle flambée de coronavirus ravive le sentiment de crise. Selon son communiqué, la PBoC a augmenté la taille de ses opérations quotidiennes de trésorerie à court terme, sous la forme d’opérations de prise en pension (reverse repo) à 7 jours, de 3 à 12 milliards de yuans (1,8 milliard de dollars). Soit une injection nette de 9 milliards de yuans, la première depuis le 30 juin. Le taux de «reverse repo» à 7 jours, bien qu’augmenté à 2,1% la semaine dernière, reste inférieur au taux de référence, ce qui limite l’intérêt de l’opération. La décision de la PBoC, qui ne souhaite plus trop assouplir sa politique monétaire, répondrait également à un besoin de liquidités ponctuel, afin de couvrir le paiement d’impôts des entreprises.
Les taux souverains diminuaient vendredi matin, jusqu’à 1,07% pour le Bund allemand à 10 ans, qui avait pourtant dépassé 1,92% le 16 juin, et 1,61% pour l’OAT française à 10 ans. L’ambiance de récession globalisée continue de jouer un rôle important dans cette recherche d’actifs sûrs. Jeudi, la Commission européenne (CE) a réduit ses prévisions de croissance en zone euro, de 2,7% à 2,6% pour 2022 et de 2,3% à 1,4% pour 2023, principalement en raison de l’impact de la guerre en Ukraine sur l’inflation européenne qui atteindra au minimum 7,6% sur l’ensemble de l’année.