L’actualité des grandes banques centrales de la planète, celles de la zone euro (BCE), des Etats-Unis (Fed), du Royaume-Uni (BoE), du Japon (BoJ). Nos analyses et éclairages sur les politiques monétaires mises en œuvre par ces autorités au cœur de l’économie mondiale.
La banque centrale d’Israël a augmenté son taux d’intérêt directeur de 75 points de base (pb) à 2% lors de sa réunion d’août, une quatrième hausse consécutive qui porte les coûts d’emprunt à leur plus haut niveau depuis fin 2012. Les analystes prévoyaient majoritairement une nouvelle hausse de 50 pb. Les gouverneurs ont noté que l’inflation continue d’augmenter et est supérieure à la fourchette cible de 1% à 3%. L’indice a progressé le mois dernier et dépassé toutes les prévisions à 5,2% en rythme annuel, soit le plus élevé depuis octobre 2008, alors que l’activité économique demeure vigoureuse et que le marché du travail reste tendu. La banque centrale a ajouté que de nouvelles hausses des taux dépendront des données économiques et de l’évolution de l’inflation.
Le revirement de politique monétaire escompté par les marchés n’est pas à l’ordre du jour mais la banque centrale s’interroge sur le niveau d’atterrissage des taux.
La banque centrale de Turquie a surpris les marchés jeudi en abaissant son principal taux directeur de 100 points de base (pb) à 13%, malgré une inflation de 80%. Aucun économiste ne s’y attendait car l’institution n’avait envoyé aucun signal indiquant qu’un tel mouvement était envisagé. Dans le sillage de cette annonce, la livre turque a chuté de 1% face au dollar. La banque centrale avait maintenu son taux directeur à 14% au cours des sept derniers mois après l’avoir réduit de 500 pb. Ce mouvement n’est toutefois pas étonnant alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan veut stimuler la croissance en fournissant un crédit bon marché aux entreprises et aux ménages, tandis que les entreprises exportatrices deviennent plus compétitives du fait de la chute de la monnaie. Pour le président turc, ce sont les taux élevés qui provoquent l’inflation. Le problème est que les taux réels sont très négatifs et que cette politique a accéléré la crise du coût de la vie pour les ménages turcs.
La banque centrale de Norvège a relevé jeudi son principal taux directeur jeudi de 50 points de base (pb), à 1,75%. Face à une inflation qui continue de dépasser les attentes, la gouverneure Ida Wolden Bache a indiqué qu’un resserrement plus marqué était nécessaire pour refroidir l’économie norvégienne, en précisant que les taux seraient à nouveau relevés en novembre. Les économistes de Nordea anticipent une hausse jusqu’à 3%. Egalement confrontée à une inflation atteignant un pic de quatre ans, la banque centrale des Philippines a relevé de 50 pb son principal taux directeur à 3,75%. Depuis le début de l’année, l’institution monétaire a augmenté ses taux de 175 pb. D’autres hausses de taux sont prévues dans ce pays asiatique.
La banque centrale de Nouvelle-Zélande (RBNZ) a annoncé mercredi sa septième hausse consécutive des taux d’intérêt et annoncé une poursuite de son resserrement monétaire au cours des prochains mois pour contenir une inflation qui a atteint au deuxième trimestre un plus haut de 30 ans à 7,3%. La RBNZ a relevé le taux de change officiel (OCR) de 50 points de base (pb), comme attendu, à 3,0 %, une première depuis septembre 2015. Elle prévoit désormais des taux à 4,0 % au début de l’année prochaine alors que sa projection précédente était de 3,7 %. Ce ton plus agressif (hawkish) a provoqué une hausse du dollar néo-zélandais et des taux de swaps.
La hausse des prix à la consommation a ralenti plus que prévu en juillet aux Etats-Unis, entretenant l’espoir d’un resserrement monétaire moins massif qu’anticipé.
Près de 2.200 milliards de dollars sont déposés chaque nuit auprès de la Fed. Les émissions de bons du Trésor ne suffisent pas à éponger ces ressources.
Shaktikanta Das, le gouverneur de la Banque de réserve d’Inde, a indiqué vendredi que le comité de politique monétaire avait décidé de relever son taux repo de 50 points de base (pb), à 5,40%. Quatre des six économistes interrogés par le Wall Street Journal tablaient sur un relèvement d’un demi-point de pourcentage, et deux s’attendaient à une hausse de 35 pb. L’institution avait déjà relevé son taux directeur de 50 pb en juin, à 4,90%, après un relèvement de 40 pb à l’issue d’une réunion ad hoc en mai. L’indice des prix à la consommation en Inde est ressorti en juin en progression de 7,01% sur un an, après une hausse de 7,04% en mai. La banque centrale a pour objectif une inflation comprise dans une fourchette de 2% à 6%.
Les principales banques centrales des marchés développés et émergents ont relevé leurs taux d’intérêt de près de 1.200 points de base (pb) en cumul en juillet, selon des données de Reuters. Les banques centrales supervisant cinq des dix devises les plus échangées ont totalisé 325 pb de hausses de taux, sous les 350 pb de resserrement réalisées en juin. Le léger ralentissement de rythme pourrait indiquer que le pic d’agressivité des banques centrales développées est dépassé. Du côté des émergents, neuf banques centrales sur les 18 suivies par Reuters ont relevé leurs taux de 850 pb, portant le total de hausses sur l’année à 5.265 pb -près du double des 2.745 pb sur l’ensemble de 2021. L’inflation forte reste le principal problème auquel sont confrontés les pays émergents.
Pour son baptême du feu, Ales Michl, le nouveau gouverneur de la banque centrale tchèque, a mis en pause le resserrement monétaire commencé il y a près d’un an. L’institution a ainsi maintenu à 7% son principal taux directeur jeudi, comme attendu par les économistes. Le nouveau conseil, refondu à l’occasion de la désignation du nouveau gouverneur, a estimé que les taux avaient atteint un sommet après une série de neuf hausses pour un total de 625 points de base. Ales Michl avait été le seul membre à voter systématiquement contre ces relèvements. Toutefois, la banque centrale a laissé la porte ouverte à de nouveaux resserrements monétaires si les risques inflationnistes augmentaient dans les mois à venir. La lutte contre l’inflation reste une priorité. Elle devrait atteindre un niveau de 20% dans le pays, contre 17% actuellement.
La Banque d’Angleterre (BoE) est passée à la vitesse supérieure contre l’inflation en décidant jeudi de relever son taux directeur de 50 points de base, après cinq hausses consécutives de 25 points de base.
Il n’est plus question de pivot accommodant, comme avaient pu le penser les investisseurs. Plusieurs membres de la Fed ont indiqué que le resserrement monétaire était loin d’être achevé.
La banque centrale d’Australie (RBA) a relevé mardi son principal taux directeur de 50 points de base (pb), à 1,85%. L’ampleur du relèvement, le quatrième depuis le mois de mai, était attendu. A l’image de la Réserve fédérale, la RBA a abandonné le ciblage des anticipations de sa politique monétaire (forward guidance) et devrait désormais prendre ses décisions en fonction des données au moment des réunions. «Le Conseil s’attend à prendre de nouvelles mesures dans le processus de normalisation des conditions monétaires au cours des mois à venir mais il n’est pas engagé sur une trajectoire prédéterminée», a déclaré son gouverneur Philip Lowe. Cette remarque a été perçue comme plutôt accommodante, étant donné que ce dernier avait déclaré à plusieurs reprises que la RBA souhaitait ramener les taux à un niveau neutre à environ 2,5%. Les spécialistes s’attendent à une hausse de 25 pb ou 50 pb en septembre. La banque centrale a par ailleurs relevé sa prévision de pic d’inflation autour de 7,75%, contre 7% auparavant. Les anticipations de croissance ont été revues à la baisse, à 3,25% pour cette année, et à 1,75% pour 2023. Auparavant, elle prévoyait 4,2% en 2022 et 2% l’an prochain.