L’actualité et la veille en matière de fonds d’investissement, ainsi que les analyses sur les grandes tendances dans l’univers de la gestion d’actifs, son activité au travers des chiffres de collectes et d’évolution des encours des différentes classes d’actifs.
En cette période d’incertitude sur les marchés financiers, la stratégie dite « de bon père de famille » a du plomb dans l’aile. Ce portefeuille équilibré, alliant une exposition sur les actions et les obligations, est amenée à évoluer en intégrant une part de non-coté.
La Banque Postale Asset Management va à son tour se lancer dans le private equity. La filiale de La Banque Postale (groupe La Poste) a en effet annoncé ce 26 septembre le recrutement de Grégory Clemente, jusque là directeur général de Proparco, la filiale de l’Agence Française de Développement (AFD) dédiée au financement du secteur privé. Il a pris le poste de directeur du private equity depuis le 14 septembre. Basé à Paris, il est chargé de créer et de développer une expertise de capital-investissement, au service du groupe français et au service d’investisseurs tiers. Il sera rattaché à Emmanuelle Mourey, présidente du directoire et il sera également membre du comité exécutif. L’objectif de ce recrutement est d’enrichir l’offre de La Banque Postale AM dans les actifs non cotés, alors que pour le moment, elle est connue sur ce segment avant tout sur les produits de dette. Pour Emmanuelle Mourey, citée dans un communiqué, il s’agit d’une «composante désormais incontournable de l’allocation d’actifs de nos clients, tant institutionnels que particuliers». La dirigeante espère «imposer» la marque de la La Banque Postale AM sur cette classe d’actifs. Grégory Clemente était directeur général de Proparco depuis 2016. Il a travaillé à l’AFD pendant près de 16 ans, après y être entré en 2000 en tant qu’opérateur du marché. Il a été promu au poste de responsable de cette division en 2005 avant d’être nommé au rang de directeur financier adjoint en 2008. Il a ensuite été promu au poste de directeur de l’Asie en 2011, où il a piloté les activités opérationnelles. Il est devenu directeur exécutif des risques en 2014 ainsi que membre du comité exécutif de l’AFD. Au début de sa carrière, il a été chargé de mission pour l’Institut Emission d’Outre-mer (IEDOM-IEOM), où il a travaillé au sein de la réglementation bancaire et statistiques monétaires. La Banque Postale AM et sa filiale Tocqueville Finance géraient 60 milliards d’euros au 31 décembre 2021.
L’investissement socialement responsable (ISR) est sur toutes les lèvres des professionnels de la finance. Mais les investisseurs individuels ne la connaissent toujours pas. Le sondage annuel Ifop publié par le Forum pour l’Investissement Responsable (FIR) à l’occasion de sa semaine de la finance responsable, lancée ce lundi à l’Académie du Climat, fait ressortir des chiffres assez stables et faibles concernant la notoriété de l’ISR. Selon celui-ci, seulement 11% des épargnants ont entendu parler de l’investissement socialement responsable, et 7% ont investi dans des fonds ISR. Pourtant, 60% des Français pensent que les enjeux sociaux et environnementaux sont importants en matière de placements. L’institut de sondage Ifop explique cet écart, une nouvelle fois, par la faiblesse de la promotion de cette approche par les banques traditionnelles. Ainsi, selon l’étude, seulement 8% des épargnants se sont vu proposer une offre ISR par leur conseiller bancaire. Pourtant, un quart d’entre eux sont prêts à investir dedans. L’appel aux réseaux bancaires est à nouveau lancé puisque, selon le sondage, deux-tiers des investisseurs individuels font avant tout confiance en leur banquier pour choisir leurs supports. L’intérêt populaire pour l’ISR est donc là. Mais les épargnants restent sceptiques. Si près de la moitié des sondés pensent que l’approche peut avoir un impact, les trois-quarts voient dans ces trois lettres avant tout un argument marketing, et 71% pensent qu’elle va dégrader la rentabilité. Une approche pour résoudre cette défiance pourrait être de répondre aux attentes pratiques des consommateurs. Les épargnants ont déclaré vouloir avant tout avoir un impact sur le climat, la pollution, les droits humains et le bien-être au travail. Les sujets de gouvernance sont, eux, quelque peu ignorés. A l’inverse des pratiques professionnelles. Besoin de clarifications pour gommer le blabla vert Et l’émergence de l’idée de greenwashing dans les débats entre experts risquent bien de peser négativement dans le développement de cette offre, alors que le sujet émerge à peine dans les consciences. La tentative de «verdisation» des acteurs économiques a été profondément remise en cause par les quatre participants d’un débat sur le sujet organisé à l’occasion du lancement de cette semaine de la finance responsable. La dissonance entre les mots et les actes est perçue par les consommateurs, et cela affecte la crédibilité d’une possible transition via l’ISR. Par exemple, «la neutralité carbone est utilisée comme un outil marketing», selon Valérie Martin, cheffe du service Mobilisation Citoyenne et Médias de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME). La responsable estime que les entreprises utilisent à tort et à travers le concept, dont l’usage devrait se limiter aux Etats. Cela occulte, selon elle, le véritable sujet de la réduction brute des émissions carbones, induit en erreur les citoyens sur les efforts de consommation à fournir pour réduire l’impact sur le changement climatique, et pénalise les institutions qui réalisent de véritables efforts. Les ONG présentes ont, pour leur part, ciblé avant tout les acteurs financiers. Elles expliquent que, notamment, les banques peuvent utiliser une imagerie verte, alors que «chacune des trois grandes banques du CAC 40 ont une empreinte carbone plus importante que la France», rappelle Alexandre Poidatz, chargé de plaidoyer Finance et Climat chez Oxfam France. La raison principale, leurs financements de nouveaux projets dans les énergies fossiles. Il estime toutefois que La Banque Postale et Crédit Mutuel ont réalisé des efforts en matière de plans de transitions du financement d’énergies fossiles. La conseillère en gestion de patrimoine Pascale Baussant a, elle aussi, un peu critiqué l’industrie de la gestion d’actifs. «Je partage le sentiment de défiance envers certains produits d’investissements, notamment à cause de la présence [d’entreprise du secteur des] énergies fossiles [dans les portefeuilles]. Les épargnants demandent systématiquement s’il y en a, et si oui, ils n’en veulent pas», témoigne-t-elle. La fondatrice de Baussant Conseil a indiqué favoriser le label Greenfin, qui exclut notamment les énergies fossiles, mais a regretté que peu de produits s’y conforment. L’autrice du livre «Agir pour le climat en famille» a également rappelé qu’au final, le sujet central reste la méconnaissance des épargnants. L’obligation à venir pour les conseillers en gestion de patrimoine de demander les préférences en matière de durabilité, conformément à la réglementation Mifid 2, devrait faire réfléchir les épargnants, rappelle-t-elle. Et si le sondage du jour lui donne raison en matière d’envie de plus d’ISR, la puissance de communication reste entre les mains des grands groupes. Pour corriger la situation, il resterait alors deux approches: la normative, via le pouvoir politique, vers laquelle tend Alexandre Poidatz, et la prise de conscience individuelle, notamment au niveau des élèves d’institutions prestigieuses, pour Remi Vanel du collectif «Pour un réveil écologique». Le premier compte sur l’Etat pour poser un nouveau cadre forçant à l’investissement durable, tandis que le second souhaite que les élèves et les enseignants se forment davantage sur ces sujets. Les nouvelles générations vont peut-être faire prochainement bouger les chiffres du sondage. En espérant qu’elles soient bien rémunérées…
Les fonds Ucits ont accusé des rachats nets de 24 milliards d’euros en juillet 2022, soit bien moins que les 69 milliards d’euros de décollecte en juin, selon les dernières statistiques de l’Efama. La collecte s’est concentrée sur les fonds actions, qui ont vu sortir 22 milliards d’euros, après 17 milliards en juin. Les fonds multi-actifs sont aussi dans le rouge, à hauteur de 4 milliards d’euros. En revanche, les fonds obligataires enregistrent des entrées nettes de 1 milliard d’euros, alors qu’ils avaient rendu 36 milliards d’euros en juin. Les fonds monétaires engrangent 2 milliards d’euros. Enfin, les AIF ont quant à eux subi une décollecte nette de 19 milliards d’euros. Au total, les actifs globaux des Ucits et AIF ont progressé de 4,4 % en juillet, atteignant 20.326 milliards d’euros.
Après avoir rapproché ses gestions d’actifs privés en début d’année, BNP Paribas Asset Management, gestionnaire d’actifs du groupe BNP Paribas, poursuit la simplification de son organisation. Sa structure française, BNP Paribas Asset Management France, s’apprête à absorber deux entités du groupe, à savoir sa succursale belge BNP Paribas Asset Management Belgium et sa filiale de sélection de fonds et conseil en investissement FundQuest Advisor, a appris NewsManagers (groupe L’Agefi). Selon les informations de NewsManagers, la fusion de FundQuest Advisor au sein de BNPP AM France sera réalisée le 30 novembre et été décidée «dans un souci de simplification» du métier gestion d’actifs du groupe. Elle devrait apporter environ un capital de 4,9 millions d’euros net à BNPP AM France. «Au vu des activités de Fundquest Advisor et des évolutions de marché, le maintien d’une structure légale dédiée n’est plus nécessaire. Cette fusion permet également d’éliminer les coûts liés à l’existence de deux entités légales distinctes ainsi que l’existence en double d’organes sociaux, de fonctions de contrôle et d’obligations sociales », d’après un document relatif à la fusion que NewsManagers s’est procuré. L’opération vise aussi « une meilleure efficacité notamment en ce qui concerne les fonctions de contrôle et de support». Dans le rapport annuel aux comptes 2021 de Fundquest, un projetd’intégration des activités de FundQuest Advisor au sein de BNPP AM France, à échéance fin décembre 2022 au plus tard, était mentionné. «Cette fusion s’inscrira dans la continuité d’exploitation des activités de FundQuest Advisor intégrées dans celles de BNPP AM France», précisait l’auditeur. FundQuest, une marque en vigueur depuis 17 ans FundQuest Advisor avait été lancé en octobre 2012, avec des bureaux à Paris, Londres et Singapour et une équipe de 28 personnes, pour opérer la sélection de fonds et des activités de due diligence sur les gestionnaires d’actifs externes.La structure avait succédé à FundQuest, marque adoptée en 2005 après l’acquisition par BNPP AM de la société américaine éponyme spécialisée sur l’architecture ouverte en juin 2005. BNPP AM venait alors de marier son équipe de multigestion en architecture ouverte, domaine dans lequel il est actif depuis 1993, à celle de Cortal Consors Fund Management fin 2004. Sollicité sur le devenir des équipes de FundQuest Advisor et de la marque elle-même, BNP Paribas AM n’a pas donné suite à nos questions dans les temps. Les équipes ont néanmoins rejoint le pôle d’investissement multi-asset, quantitative & solutions (MAQS), dirigé par Denis Panel, par ailleurs président de FundQuest Advisor. Ce pôle gère la plateforme de délégation de gestion en architecture ouverte du groupe, AM Select, lancée en juin 2021, et s’appuie sur une pré-sélection opérée par FundQuest Advisor. Une plateforme domiciliée au sein d’une Sicav luxembourgeoise dont l’objectif est de donner accès «aux meilleures stratégies de gérants externes». Lors du lancement d’AM Select, BNPP AM notait un intérêt grandissant des distributeurs, gérants ou conseillers bancaires pour l’architecture ouverte et une forte accélération de modèles à travers la création de plateformes de sub-advisory. Un thème central selon la firme «pour le développement du secteur de la gestion d’actifs dans les années à venir».
La bataille pour l’alpha est toujours aussi intense, malgré les événements de marché. Seulement 16% des fonds actions en Europe ont surperformé au premier semestre 2022, selon l'étude Mid-Year 2022 Spiva Europe Scorecard de S&P Dow Jones Indices. Ce résultat est un peu meilleur pour les fonds d’actions françaises, puisqu’ils sont 22% à avoir battu l’indice S&P France BMI. On rappellera toutefois pour nuancer ces résultats que ces indices ne sont généralement pas utilisés comme indice de référence par les fonds d’investissement analysés.
La finance est partie prenante dans le développement durable. Et s'il était besoin de le démontrer, la lecture du catalogue des nouveaux fonds cette semaine tendance apporte à elle seule un bel éclairage...
La boutique d’investissement indépendante allemande Lupus Alpha ouvre son bureau parisien et vise 300 millions d’euros d’encours à moyen terme dans l’hexagone.
Les fonds d’investissement se positionnent de plus en plus sur les conseillers en gestion de patrimoine qui misent sur la diversification face à l’inflation.
Deuxième mois de collecte record pour le LivretA. Selon les données publiées mercredi par la Caisse des Dépôts, la collecte sur le livret réglementé culmine à 4,49 milliards d’euros au mois d’août 2022, soit le plus haut niveau enregistré depuis 2009 et la généralisation de sa distribution à tous les guichets bancaires. Déjà, la collecte avait atteint un record en juillet à +2,64 milliards d’euros. A fin août 2022, l’encours du LivretA atteint 367 milliards d’euros alors que la collecte cumulée depuis le début d’année ressort à 23,62 milliards d’euros. Depuis le 1eraoût 2022, le taux de rémunération du LivretA est passé de 1% à 2% après que l’exécutif a suivi la recommandation de la Banque de France à la suite de la flambée de l’inflation. Ce taux avait déjà augmenté de 0,5 point de pourcentage à 1% en février 2022. Avec un taux d’inflation en France de 5,9% sur un an en août selon l’Insee, son taux réel reste toutefois négatif. Le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) a pour sa part attiré 780 millions d’euros supplémentaires, portant sa collecte cumulée depuis le début de l’année à 3,84 milliards d’euros et ses encours à 130,1 milliards d’euros. Aligné sur le LivretA, son taux de rémunération a grimpé à 2% au 1eraoût 2022.
DNCA Investments a annoncé ce 21 septembre le lancement d’un produit d’épargne retraite, en coopération avec Gan Eurocourtage, et commercialisé par le cabinet en gestion de patrimoine Astoria Finance. Dénommé « DNCA Optimum Retraite », le produit est construit en architecture ouverte, avec trois modes de gestion : sous mandat, avec trois profils de risques (prudent, équilibré, et dynamique), à horizon, ou libre. L'équipe de sélection de fonds de DNCA est dirigée par David Tissandier, assisté d’Axel Wallen et deJean Carlou, récemment arrivé de La Française. Les versements libres sont possibles à partir de 150 euros, et les versements programmés à partir de 100 euros.
Le tierce partie marketeur MyFunds Office vient de signer un accord avec LV Continuum & Co afin de commercialiser un fonds obligataire en France et à Monaco, a appris Newsmanagers. Il s’agit du fonds dénommé L.V. Continuum & Co. Limited Global Fixed Inc Opportunity Fund FC EUR Cap. Ce véhicule, domicilié au Luxembourg, est destiné aux clients institutionnels, aux family offices et aux particuliers Ultra High Net Worth (UHNW). Le fonds en question vise à investir dans des obligations mondiales après une analyse top down et une évaluation des facteurs ESG. L’équipe de gestion va notamment cibler les obligations de qualité avec des coupons élevés, et piloter une duration courte. Le véhicule est catégorisé article 8 selon le règlement européen Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR). LV Continuum est une société de gestion hongkongaise fondée par Marie-Louise Jungels en 2012.
L’industrie mondiale des fonds traverse une année 2022 extrêmement compliquée après plusieurs crus favorables voire très favorables. Les encours internationaux des fonds d’investissements ouverts (fonds de fonds inclus) ont baissé de 5,5% (-3.685 milliards d’euros) au deuxième trimestre 2022, revenant à 61.982 milliards d’euros à fin juin 2022. Ces actifs étaient répartis dans 152.888 fonds distribués sur 46 marchés à travers le monde selon les statistiques publiées ce mercredi par l’association européenne de la gestion d’actifs Efama. Depuis le début de l’année, les fonds ouverts dans le monde ont perdu environ 8% de leurs encours.
Exclusions minimalistes, méthode «Best in Class» dépassée, absence de recherche d’impact et d’objectifs ESG explicites…: des acteurs de marché font entendre leurs critiques pour pousser à une refonte ambitieuse du label ISR français. Au cours de la consultation menée cet été (jusqu’au 9 septembre) par le nouveau comité ISR, après la publication de ses premières orientations, certains craignent que seuls les professionnels de la finance aient été entendus. «Si la réforme vise à répondre aux attentes de l’industrie par un niveau d’exigence plus élevé mais toujours très faible, l’objectif sera atteint. A notre sens, l’objectif est avant tout de répondre aux attentes des épargnants français, en leur apportant les gages de qualité développement durable et les points de repère qu’ils attendent », affirme Mirova dans sa réponse au comité du label. Créé en 2016, le label français ISR est appelé à faire peau neuve dans les mois prochains, en tenant compte des remarques des acteurs de la Place. «La liste des personnes auditionnées gagnerait à être publiée comme cela a été le cas pour le rapport de l’Inspection Générale des Finances (NOV 2020)», ajoute le cabinet de conseil en investissement et finance durable Axylia. Aucun représentant des épargnants ne fait d’ailleurs partie du comité du label ISR. Des grandes disparités entre les fonds ISR Globalement, les participants qui partagent leurs réponses à la consultation saluent l’intégration de la double matérialité dans un futur référentiel du label, même si le règlement européen SFDR le consacre déjà. Ils encouragent la mise en place d’exigences minimales sur le climat, et l’idée d’un socle commun ISR pouvant accueillir des niveaux d’exigences supplémentaires. Mais, pour les investisseurs responsables réunis au sein du FIR, «le niveau d’exigence du label doit être significativement durci pour en garantir la crédibilité et l’utilité», surtout après des années de forte croissance. «Avec plus de 1.000 fonds labellisés au sein de plus de 170 sociétés de gestion, le label a bien joué son rôle et a fait progresser les acteurs », rappelait le comité du label. Derrière l’explosion des encours (690 milliards d’euros), la qualité n’est pas toujours au rendez-vous, observe Axylia. Selon le cabinet, 60% des encours de fonds labellisés ISR de droit français (0% pour les mêmes de droit étranger) sont constitués par des fonds monétaires dont l’exigence ISR a été mentionnée comme « minimale » par l’IGF. Un premier ménage pourrait être réalisé pour sortir des fonds monétaires, par essence non durables. Repenser l’ISR La façon de faire de l’ISR, à travers la méthode dite du « best in class », visant à réduire de 20 % l’univers d’investissement des fonds par élimination des valeurs ayant les moins bonnes notes ESG, fait débat. «Ce postulat nous parait obsolète par rapport aux pratiques actuelles de marché (…) la simple et très minimale exigence de « ne pas faire de mal » à travers les choix d’investissement n’étant même pas garantie», explique Mirova. Pour éviter le greenwashing et identifier les moins bons fonds, Axylia propose de cibler les fonds qui font moins d’efforts que l’indice traditionnel (MSCI Europe). Pour la méthode, le cabinet estime que l’on ne devrait rien pas imposer mais plutôt faire confiance aux gérants ou favoriser l’impact ou la méthode ‘best in universe’. «Une notation ESG supérieure de 20% à l’indice de référence du fonds serait plus exigeante et déjà utilisée par des gérants», écrit le cabinet. Le FIR milite pour une approche par niveaux, cohérente avec le référentiel des «article 8 et 9» de SFDR. Le premier socle de l’ISR répondrait aux critères d’un «article 8+», avec par exemple un objectif d’alignement sur les accords de Paris, des critères d’exclusion dont le tabac, un dialogue actionnarial renforcé et transparent…. Pour les fonds ISR supérieurs, des critères d’impact seraient retenus. « Le label a déjà évolué vers des objectifs de résultats au-delà des seules exigences de moyens, avec l’ajout d’une obligation de surperformance sur deux indicateurs E,S,G ou droits humains définis ex ante », affirme Anne-Claire Imperiale, responsable ESG et engagement chez Sycomore. Les auditeurs de la labellisation des fonds (Afnor Certification, EY France, et Deloitte) auraient aussi leur rôle à jouer. «Ils devraient pouvoir s’exprimer davantage sur la qualité de la gestion et de la sélection ESG des fonds audités, sur la crédibilité des objectifs et leur pertinence», assure-t-elle. Pour les fonds tournés vers le climat, «il conviendrait d’exclure les entreprises actives dans le secteur fossile sur la base des critères de la taxonomie européenne (…) et la mise en cohérence avec le principe Do not significant harm (DNSH)», croit le FIR. Les exclusions devraient être partout renforcée selon l’association des «Acteurs de la Finance durable» qui se prononce pour la sortie non seulement du charbon et des fossiles non conventionnels dans tous le fonds, mais aussi de de toutes les entreprises du secteur fossile «n’ayant pas mis en place de stratégie de mesure, de rapportage et de réduction des émissions de méthane compatible avec une trajectoire 1.5°C». L’exclusion du tabac est également demandée. «La façon dont seront appréhendées la gestion des controverses, l’intégration des Principal Adverse Indicators, le détail des seuils appliqués aux exclusions fixeront le réel niveau d’ambition du label au-delà de l’affirmation de principe», déclare Mirova. Derrière ce lourd travail technique, le renouvellement du label devra s’accompagner d’une plus grande lisibilité et clarté pour l’épargnant.
La démocratisation du non coté continue de susciter des vocations. Tikehau Capital lance ce mardi Opale Capital, une plateforme digitale conçue pour faciliter l’accès à l’investissement dans le non-coté aux conseillers en gestion de patrimoine en France. Opale Capital proposera à ces investisseurs et à leurs clients particuliers d’investir dans une sélection de fonds traditionnellement réservés aux investisseurs institutionnels à partir de 50.000 euros. «Il s’agit d’un abaissement considérable du ticket d’entrée par rapport aux dizaines de millions d’euros dont il faut disposer d’habitude pour souscrire dans ces stratégies», souligne Paul Moreno Blosseville, directeur exécutif d’Opale Capital, interrogé par NewsManagers. La nouvelle plateforme proposera toute une gamme de fonds d’actifs non-cotés en architecture ouverte. Autrement dit, elle proposera essentiellement des fonds gérés en dehors du groupe Tikehau Capital. D’ailleurs, le premier produit aux CGP est un fonds growth equity géré par une autre maison de private equity. Il s’agit du nouveau millésime d’une stratégie «déjà éprouvée» qui devrait lever entre 1,8 milliard et 2,2 milliards d’euros d’ici à la fin de cette année, glisse Paul Moreno Blosseville. Une allocation, dont le montant est resté confidentiel, a été réservée à Opale Capital et à ses clients. Paul Moreno Blosseville se dit confiant sur la capacité d’Opale à lever plusieurs dizaines de millions d’euros. «Commercialement, ce fonds a beaucoup de succès en ce moment, et nous pensons clôturer notre souscription courant octobre», indique-t-il. «C’est le signe que nous sommes capables d’accéder à des stratégies sursouscrites. L’adossement de Tikehau fait que les sociétés ont confiance en nous et sont prêtes à nous confier une allocation là où ils n’ont pas besoin de nouveaux investisseurs», souligne-t-il. Création d’un fonds nourricier Pour permettre aux particuliers d’investir de petits montants dans ce genre de fonds habituellement inaccessibles, Opale Capital se pose en intermédiaire en créant un fonds feeder (nourricier) qui sera géré par Equitis. «Nous nous plaçons au milieu, en répondant aux besoins des investisseurs particuliers et aux contraintes des sociétés de private equity», résume Clarisse Ohana, directrice des opérations chez Opale Capital. De plus, l’équipe Opale Capital co-investira avec les clients, pour «avoir un alignement d’intérêts». La plateforme développée par Opale Capital permet aussi d’effectuer toutes les démarches administratives de manière digitalisée et met à disposition la documentation requise tout au long de l’investissement sur son portail investisseur. L’offre d’Opale Capital doit être prochainement enrichie d’un autre fonds growth equity et un fonds de LBO est en préparation. Parallèlement, «nous discutons avec des maisons qui mènent des stratégies de secondaire en private equity», confie Paul Moreno Blosseville. L’équipe veut s’ouvrir à la dette privée et infrastructure, ainsi qu’à l’immobilier. Outre la santé et la technologie, des thèmes comme la transition énergétique et la cybersécurité seront privilégiés. Pour choisir les fonds qui feront partie de la gamme, les cinq personnes qui travaillent pour Opale Capital depuis un an s’appuient sur le savoir-faire de Tikehau en matière de non coté. Ce « label » Tikehau est d’ailleurs, selon les dirigeants d’Opale Capital, ce qui devrait faire le succès de leur plateforme. «Nous sommes les seuls à être adossés à une telle société de gestion. Nous avons un positionnement unique avec une forte expertise, une fluidité des processus et un alignement d’intérêts», conclut Paul Moreno Blosseville.
AXA Climate a annoncé ce 19 septembre le lancement d’Altitude, un outil d’analyse de risques climatiques et naturels dédié aux fonds d’infrastructure et de private equity. Déjà utilisé par une dizaine de fonds d’investissement, ce programme couvre à la fois les risques physiques du changement climatique, les émissions carbones ainsi que la perte de biodiversité. Basé sur un questionnaire, cet outil détecte des risques liés à la double matérialité pour chaque projet d’investissement. Il s’agit des risques environnementaux qui pèsent sur l’entreprise cible, comme par exemple la submersion marine ainsi que l’impact de cette entreprise sur l’environnement à travers la pollution. Cet outil propose également des recommandations à court terme, des mesures d’adaptation possibles et des actions à planifier avec l’entreprise cible afin d’atténuer ces risques. L’évaluation de ces risques couvre plus de 150 secteurs d’activités et une cinquantaine de types d’actifs physiques dont les bâtiments ou les infrastructures. Les risques sont projetés pour les horizons 2030 et 2050. Pour cette projection, l’outil suit plusieurs scénarios du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) et les recommandations de la Task Force on Climate-Related Financial Disclosures (TCFD) en matière d’évaluation des risques climatiques. Pour pouvoir obtenir un premier niveau d’analyse des risques, cet outil s’appuie sur une base de données extensive comme des sources officielles d’AXA, de l’Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie (ADEME), du GIEC, de l’outil Global Biodiversity Score du Caisse des Dépôts, d’Exiobase et d’ENCORE (Exploring Natural Capital Opportunities, Risks and Exposure). Concernant les exigences règlementaires européennes, cet outil permet aux fonds d’investissement de s’aligner sur les critères génériques du principe « do no significant harm » tel que défini par la Taxonomie Verte Européenne. Il permet aussi aux fonds d’être en conformité avec les exigences de reporting extra-financier de l’Article 29 de la loi Energie Climat.
Un peu plus d’un an après son rachat par Dôm Finance et, par voie de conséquence, son entrée dans le groupe Burrus, Delta Alternative Management tente de capitaliser sur l’influence de ses nouveaux actionnaires. L’ancienne filiale de La Banque Postale AM (qui l’avait incubée à sa création en 2008 avec OFI via sa plateforme aujourd’hui disparue amLab), a bouclé cet été le deuxième closing de son fonds de prêts, France Economie Réelle, qui cible le financement des PME et petites ETI françaises avec un montant de 100 millions d’euros. Dès le rachat, le groupe Burrus a sponsorisé le fonds à hauteur de 20%, via sa filiale d’assurance strasbourgeoise Esca, tout comme Dôm Finance via ses fonds propres. De quoi attirer aussi le Fonds Européen d’Investissement qui s’est lui aussi engagé à rester à hauteur de 20% des sommes levées. «Nous visons 300 millions d’euros pour le closing final qui devrait intervenir mi-2023», rappelle à NewsManagers Thibaut Sciard, président et cofondateur de Delta AM. Le fonds agit sur un secteur encore de niche mais en développement. Il vise les PME de 10 à 200 millions d’euros de chiffre d’affaires, ayant au moins trois bilans publiés dont au moins un positif pour tenir compte de la situation particulière du Covid. Il leur permet d’emprunter sur 5 ou 6 ans via un prêt remboursé in fine, à taux fixe, sans covenant financier mais avec des obligations de reporting qui se veulent très serrées. «C’est un segment d’entreprises moins normé que pour les plus grandes entreprises, il nous fallait donc apporter des garanties pour les souscripteurs», explique Thibaut Sciard. Fiducie en garantie Cette garantie passe par de la fiducie, un mécanisme d’inspiration anglo-saxonne appelé trust. «Il permet dès qu’un ou des actifs ont été identifiés, de les sortir du patrimoine de l’emprunteur (le constituant) - la société -, au seul bénéfice du fonds (le bénéficiaire), en le sanctuarisant dans le patrimoine fiduciaire géré par la société de gestion (le fiduciaire), Delta AM en l’occurrence», explique Thibaut Sciard. L’intérêt de ce mécanisme est que si jamais l’entreprise est en difficulté et entre dans une procédure collective, le fonds peut disposer de l’actif remis en garantie, sans attendre une décision de justice. Le fonds est catégorisé article 9 selon le règlement européen de publication extra-financière SFDR. «La nature d’activité des entreprises qu’on finance et les exigences que nous avons nous-mêmes fait que l’on peut se dire article 9», affirme le dirigeant. Commercialisé par Dôm Finance le fonds a déjà investi 40% des sommes levées dans 11 entreprises. Il se veut particulièrement adapté au contexte économique actuel avec une promesse de rendement certes moins élevée que dans un fonds de dette subordonnée (entre 4% et 5% soit contre 8% environ pour la dette subordonnée), mais une sécurisation par la fiducie plus importante. «Quand l’environnement devient plus risqué pour les PME vaut mieux avoir une approche sécurisée», conclut Thibaut Sciard. La société de gestion s’oriente résolument vers le non coté et a fermé en «extinction longue «son fonds Delta Prime spécialisé dans les situations spéciales des dettes d’entreprises.