
Les ETF captent un cinquième des encours de la gestion collective européenne

Depuis plus de dix ans, les ETF grappillent des parts de marché aux fonds ouverts traditionnels. Mais en 2024, la tendance s’est nettement accélérée. Selon les données compilées par Morningstar pour L’Agefi ETF Live, le poids des ETF dans les encours de la gestion collective européenne est passé de 7% fin 2014 à 16,8% fin 2023, avant de bondir à 19,2% en fin d’année dernière.
De fait, 2024 s’inscrit comme l’année de tous les records pour le marché des ETF, qui a franchi la barre des 2.000 milliards d’euros sous gestion et drainé 245 milliards de souscriptions nettes. En face, les fonds traditionnels ont dû se contenter de 146 milliards d’argent frais. «Ce succès des ETF est le reflet d’un changement d’attitude des investisseurs européens, notamment les plus jeunes, qui apprécient ces instruments simples à comprendre, faciles à utiliser et moins chers», observe Mathieu Caquineau, responsable de la recherche sur les fonds actions chez Morningstar.
Ces chiffres généraux cachent toutefois de très fortes disparités entre les classes d’actifs. Le marché obligataire est en effet largement épargné par cette dynamique : 83% de la collecte de l’an dernier et 88% des encours sur les produits de dette sont captés par les OPC traditionnels. Ainsi, le phénomène d’aspiration des encours vers les ETF est essentiellement un enjeu dans l’univers des actions. L’an dernier, les fonds cotés sur les actions ont attiré 197 milliards d’euros, tandis que les fonds traditionnels enregistraient une troisième année de décollecte nette. Ces derniers ont perdu 91 milliards en 2024, après avoir vu fuir quelque 120 milliards en 2022 puis en 2023. Les ETF pèsent désormais 23% des encours de la gestion actions en Europe.
Les ETF passifs sont plébiscités sur les actions américaines car il est structurellement très difficile pour les gérants actifs de battre les indices sur ce marché très efficient
Les actions américaines en première ligne
Un segment de marché illustre plus encore la tendance à l’œuvre : celui des actions américaines de grande capitalisation. Les ETF sur cette catégorie ont capté 74 milliards d’euros l’an dernier, près de quatre fois plus que les fonds ouverts (20 milliards). Ils font désormais quasiment jeu égal avec les OPC en termes d’encours : 472 milliards pour les premiers, 501 milliards pour les seconds.
«La forte progression des marchés américains a attiré les investisseurs sensibles aux performances de court terme et l’ETF passif y est plébiscité car il est structurellement très difficile pour les gérants actifs de battre les indices sur ce marché très efficient», met en avant Mathieu Caquineau pour expliquer cette nette domination. Sur d’autres classes d’actifs, et notamment les obligations, la gestion active parvient à davantage tirer son épingle du jeu. «Dans l’environnement de taux élevés actuel, on constate plus de dispersion dans les performances des gérants actifs obligataires : ceux qui ont surpondéré le crédit ont ainsi pu battre leur indice», précise l’analyste.
La progression de la part de marché des ETF est ainsi intimement liée à celle de la gestion passive. Mais elle ne s’y limite plus, comme le montre la croissance rapide du segment de niche des ETF de gestion active. «Avec près de 13 milliards d’euros sous gestion, l’ETF actif de JPMorgan AM dédié aux actions américaines est désormais le plus gros véhicule de gestion active sur ce segment de marché, souligne Mathieu Caquineau. Il a collecté plus de 5 milliards d’euros sur la seule année dernière.»
Le marché américain montre d’ailleurs la direction que pourrait prendre l’Europe en la matière : la part de marché des ETF y atteint 32,7%, dont déjà plus de 2% apportés par les ETF actifs. Ces derniers ont représenté près du quart de la collecte l’an dernier. En Europe, ils ne pèsent encore que 7,4% des flux vers les ETF et 2,9% des encours. La vitesse à laquelle cette tendance américaine pourrait être importée reste, à ce stade, une des principales inconnues du marché européen des ETF.
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