
Invesco fait un bond dans les ETF en rachetant Source
En vente depuis l’automne dernier, Source est finalement tombé dans l’escarcelle d’Invesco. Le gestionnaire américain a annoncé hier le rachat du fournisseur londonien d’ETF (exchange traded funds ou fonds indiciels cotés) auprès du fonds de private equity Warburg Pincus, son actionnaire majoritaire depuis 2014. Les 18 milliards de dollars (16,6 milliards d’euros) d’encours gérés par Source, auxquels s’ajoutent 7 milliards confiés à des gestionnaires tiers, viendront considérablement gonfler l’activité d’Invesco en Europe. PowerShares, sa filiale spécialiste des ETF, n’affiche que 2,5 milliards d’euros d’encours dans la région et occupe la 17e place des acteurs locaux de la gestion indicielle, d’après les chiffres de Deutsche Bank, voire la 18e place selon le cabinet ETFGI.
«Invesco va monter dans les dix premiers acteurs européens mais ne rejoindra pas le haut du classement et restera plus de deux fois plus petit que le français Lyxor», pointe Jean-René Giraud, directeur général du site de notation d’ETF TrackInsight. L’addition des fonds de commerce de Source et de PowerShares placera Invesco à la septième place, soit celle déjà occupée par Source. L’ensemble pèsera seulement 4% du marché européen, très loin du leader BlackRock qui concentre 45,8% des encours avec sa marque iShares, selon Deutsche Bank.
Invesco restera également derrière un autre américain, Vanguard mais dépassera son compatriote State Street dans la région. Quatrième acteur mondial, PowerShares demeurera toutefois quatre fois moins gros que le numéro trois State Street à l’échelle globale, et onze fois plus petit que le leader BlackRock.
A l'époque de l’annonce de son rachat par Warburg Pincus, en janvier 2014, Source enregistrait 15,6 milliards d’actifs gérés en interne ou délégués. Son nouvel actionnaire affichait alors des ambitions mondiales. Source est finalement resté très concentré en Europe et a connu plusieurs départs de dirigeants ces dernières années. Du côté de PowerShares, le patron Europe est parti récemment chez JPMorgan.
La marque Source possède toutefois de nombreux atouts. «Elle complétera la gamme de produits de PowerShares car il y a très peu de doublons, assure Jean-René Giraud. Le premier est plutôt spécialiste de la réplication synthétique des indices tandis que le second n’a que des fonds à réplication physique.» En outre, tous deux gèrent des fonds de droit irlandais. «Ils sont également portés sur l’innovation, avec par exemple l’ETF smart beta de Source géré par Rothschild et avec, chez PowerShares, des fonds à exposition factorielle ou fondamentale, c’est-à-dire avec un biais small caps, momentum ou dividende et faible volatilité qui les distingue des benchmarks équipondérés, poursuit le patron de TrackInsight. Source apporte aussi quelques fonds maintstream (S&P 500, MSCI World, Euro Stoxx 600 et Euro Stoxx 50) bien notés pour la qualité de leur réplication.»
Le rachat de la société devrait être finalisé au troisième trimestre. Outre Warburg Pincus, elle comptait à son capital Bank of America, Goldman Sachs, JPMorgan, Morgan Stanley et Nomura. Source serait valorisé environ 500 millions de dollars, selon Bloomberg et SkyNews, dans le haut de la fourchette de 400 à 500 millions évoquée initialement dans le Financial Times. D’autres gestionnaires ont regardé le dossier, à l’instar de Lyxor qui le trouvait trop cher, rapporte une source proche à L’Agefi. Sur le marché porteur des ETF, en croissance de 10% en Europe au premier trimestre selon Deutsche Bank, la franchise de Commerzbank est également promise à une cession ou à une introduction en Bourse.
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