BNP Paribas AM fait un pas vers les ETF actifs

Le gestionnaire français lance deux ETF obligataires avec une approche ESG active, dont un sur le crédit européen classé «article 9».
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Les ETF répliquent la performance d'un indice  -  DR

L’engouement américain pour les ETF gérés activement gagne lentement mais sûrement le marché européen. Après Axa IM en 2022 mais aussi Robeco, dont le premier ETF actif devrait voir le jour d’ici à la fin de l’année, c’est au tour de BNP Paribas Asset Management de s’intéresser à ce format spécifique. Mais le gestionnaire d’actifs, qui est déjà un fournisseur d’ETF bien implanté sur le marché avec 25 milliards d’euros sous gestion selon Trackinsight, a décidé de le faire à sa manière : seul l’aspect ESG fera l’objet d’une gestion active, la gestion financière restant, quant à elle, passive.

Concrètement, deux nouveaux fonds voient le jour, tous deux dans l’univers obligataire. Le premier, BNP Paribas Easy Sustainable EUR Corporate Bond, est constitué des composants de l’indice Bloomberg Euro Aggregate Corporate Index, duquel ont été exclus certains émetteurs et dont les pondérations sont modifiées pour refléter l’analyse ESG propriétaire de BNPP AM. Le second, BNP Paribas Easy Sustainable EUR Government Bond, fait de même en partant de l’indice JPMorgan EMU investment grade. Dans les deux cas, l’objectif est de limiter l’écart de performance par rapport à leur indice de référence à respectivement 0,5 et 0,25%.

Cette approche ESG active a surtout le mérite de redonner des marges de manœuvre au fournisseur d’ETF. C’est la méthodologie BNPP AM qui est utilisée d’un bout à l’autre, et non pas celle d’un fournisseur d’indices tiers. «Cela nous permettra par exemple de réagir plus rapidement à toute controverse sans avoir besoin d’attendre le prochain rééquilibrage de l’indice», explique, dans un communiqué, Marie-Sophie Pastant, responsable des stratégies indicielles et ETF chez BNPP AM.

Réglementation durable

C’est aussi un atout de poids dans le contexte réglementaire actuel : qu’il s’agisse du règlement européen SFDR ou de la récente réforme du label ISR français, les gérants doivent respecter des contraintes de plus en plus strictes pour qualifier leurs produits de durables. En gérant cet aspect de manière active, BNPP AM ne dépend plus des évolutions que les fournisseurs d’indices – non soumis à ces réglementations – voudront bien apporter à leurs propres méthodologies. L’ETF sur la dette corporate a ainsi l’intention de briguer le nouveau label ISR. Il s’engage en outre à être composé à 100% d’investissements durables et a donc été classé dans la catégorie SFDR «article 9». Une étiquette devenue rare dans l’univers des ETF. Celui sur la dette souveraine, non éligible au label ISR et classé en «article 8», s’engage de son côté sur un minimum de 30% d’investissements durables.

Enfin, ce choix peut aussi être vu, de la part d’un gestionnaire européen, comme une manière de reprendre la main sur la question de l’ESG face à des fournisseurs d’indices essentiellement anglo-saxons. Un choix loin d’être neutre alors que le mouvement anti-ESG continue de sévir aux Etats-Unis, conduisant il y a quelques jours deux gestionnaires d’actifs américains à quitter la coalition Climate Actions 100+. Parmi eux, JPMorgan AM, dont la maison mère est également un acteur majeur de l’industrie des indices.

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