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La donnée, un enjeu toujours prégnant

Un enjeu de taille aux difficultés multiples
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« La donnée est un sujet, c’est une certitude, assure Maya El Khoury. Même aujourd’hui, il demeure beaucoup plus simple de faire labelliser un fonds investment grade qu’un produit high yield. » Les difficultés sont multiples : il faut obtenir les données des émetteurs, que celles-ci soient comparables et aussi maîtriser les méthodologies des fournisseurs de données extra-financières qui analysent et combinent ces informations. « La première étape, c’est la donnée brute qui va nourrir la notation ESG, telle que la consommation d’eau par exemple, développe Alban de Faÿ. Aujourd’hui, ces éléments ne sont pas standardisés au niveau des émetteurs. Or nous avons besoin d’indicateurs homogènes et comparables tels que le volume d’eau consommé rapporté au chiffre d’affaires. » La mise en œuvre de CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) devrait progressivement améliorer la situation. Mais c’est un processus qui va encore prendre du temps. « En outre, cela reste une réglementation européenne, rappelle Antoine Lesné. Nous n’aurons pas la même granularité d’informations sur tous les marchés, ce qui risque de favoriser la création de stratégies à deux vitesses. »

La deuxième étape consiste à combiner les différents critères pour jauger la politique ESG d’une entreprise. « Le gros sujet, ce sont les méthodologies des différentes agences qui récoltent et traitent les data fournies ou non par les compagnies, estime Maya El Khoury. Elles recourent à des hypothèses, donc le résultat peut varier d’une agence de notation à une autre. » Pour les sociétés de gestion, disposer de ressources en interne pour analyser ces résultats et les retraiter est donc indispensable. « La corrélation entre les différents fournisseurs de ratings ESG est assez faible, sûrement en deçà de 70  %, abonde Alban de Faÿ. En outre, chaque investisseur peut avoir des convictions plus ou moins importantes sur les bienfaits de certains critères selon les secteurs d’activité. C’est pourquoi nous avons, chez Amundi, notre propre méthodologie de notation ESG et un département dédié à l’investissement responsable, en charge de sélectionner les bons indicateurs et les bons fournisseurs. »

Mêmes conclusions chez Ostrum AM et chez SPDR. « Nous avons développé un score ESG interne, à partir de différentes sources de données, relate Antoine Lesné. Il existe encore une grande hétérogénéité sur les modèles de rating ESG et il nous manque un standard, quelque chose sur lequel toute l’industrie s’accorde. » Un point de vue partagé par Maya El Khoury : « Pour nous, société de gestion, comme pour les clients, il est indispensable de standardiser, estime-t-elle. Il faut un minimum de standards sur la façon d’appréhender le sujet pour fonctionner à plus grande échelle. Car la question qui vient juste après, c’est celle de l’allocation des ressources. Il faut être efficace sans perdre de vue l’essence derrière la réglementation. »

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