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La neutralité carbone comme perspective

Par CPR AM et BNP Paribas Asset Management
L’urgence climatique a poussé les gestionnaires d’actifs à créer des fonds dédiés à la transition énergétique. Leur objectif : investir dans des entreprises engagées sur cette voie. Cela suppose de définir un univers d’investissement bien spécifique. Et de dialoguer régulièrement avec les entreprises pour les aider à progresser

Spruce mountain forest from a bird's eye view. Photo from the drone.
Coniferous forest. Spruce mountain forest from a bird's eye view. Photo from the drone.  -  Denis Rozhnovsky - stock.adobe.c

La mise en œuvre de stratégies dédiées au climat au sein des sociétés de gestion ne s’est pas faite en un jour. Ces fonds sont généralement l’aboutissement d’un long processus d’intégration des critères extra-financiers et de montée en puissance des objectifs climat au sein des institutions financières.

«En 2015, nous avons signé le Montreal Carbon Pledge et la Portfolio Decarbonization Coalition pour lesquels BNP Paribas Asset Management s’est engagé à publier annuellement l’empreinte carbone de ses portefeuilles, relate Nadia Grant, head of global equities chez le gestionnaire d’actifs. Depuis, nous calculons l’empreinte carbone de nos fonds actions et obligataires éligibles, et publions cette information mensuellement. En 2019, nous nous sommes engagés à aligner progressivement nos investissements avec l’objectif de l’Accord de Paris – et donc à maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C par rapport au niveau préindustriel – et à poursuivre nos efforts pour limiter cette hausse à 1,5°C. En 2021, nous avons renforcé cet engagement en signant l’initiative Net Zéro Asset Manager. En 2022, nous avons également publié notre feuille de route Net Zéro, définissant notre engagement, nos objectifs chiffrés et la stratégie associée, comprenant l’objectif d’augmenter nos investissements thématiques dans les entreprises apportant des solutions aux enjeux environnementaux et climatiques.»

Côté gestion, la société intègre les facteurs ESG (environnement, social, gouvernance) dans son analyse fondamentale à l’aide d’une méthode de notation propriétaire.

«Ce système de notation fonctionne de telle sorte que les entreprises fortement émettrices reçoivent structurellement un score inférieur à celles qui émettent moins», précise Nadia Grant. La gamme de produits est variée, avec une sensibilité climat plus ou moins prononcée selon l’approche, et le gestionnaire a lancé, en mars 2024, une nouvelle stratégie d’investissement visant à contribuer plus directement à l’atteinte de l’objectif de neutralité carbone.

«Cette stratégie d’investissement va au-delà de ce qui est fait pour les autres stratégies, en plaçant au cœur de la sélection de titres l’analyse de leur trajectoire de décarbonisation », poursuit Nadia Grant. Chez CPRAM, la gamme dédiée spécifiquement au climat est actuellement composée d’une dizaine de fonds.

«Nous avons commencé à nous pencher sur la problématique dès 2018, conscients de l’urgence climatique et du fait que le risque climat était mal évalué par les marchés actions, explique Alexandre Blein, deputy head global thematic equity chez CPRAM. Cela crée des opportunités d’investissement dans les entreprises prêtes à relever ce défi et à gérer les risques liés à cette urgence. En étant mieux préparées à la transition, elles sont susceptibles d’être les grandes gagnantes de demain. Pour obtenir des informations pertinentes sur ces sociétés, nous avons établi en 2018 un partenariat inédit avec le CDP, l’ONG britannique de référence sur les questions environnementales. L’évaluation du CDP est le socle de notre approche de gestion, à laquelle s’ajoutent la prise en considération de l’initiative Science Based Targets (SBT) et des secteurs à fort impact climatique – désormais intégrés dans la réglementation Benchmarks Climat de la Commission européenne. Les fonds suivent une trajectoire de décarbonation conformément aux scénarios de l’Agence internationale de l’énergie. L’approche a été initiée sur un univers actions internationales, puis nous l’avons déclinée sur la zone euro et Europe et étendue à d’autres classes d’actifs, permettant la création de supports de crédit, y compris court terme, mais aussi de supports diversifiés.»
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Des encours de croissance en Europe

Les actifs des fonds climatiques en Europe ont augmenté de 20 % en 2023, atteignant 453 milliards de dollars, malgré les risques de récession et les tensions géopolitiques. Cette hausse a été particulièrement marquée dans les stratégies d’obligations vertes (+42 %), atteignant 35 milliards de dollars. Les stratégies Low Carbon et Climate Transition ont également progressé, avec des hausses respectives de 30 % et 24 %. En revanche, la catégorie énergie propre et technologie a enregistré une baisse de 12 % par rapport à 2022.

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Les fonds de transition attirent la majeure partie de la collecte

En 2023, les fonds climatiques en Europe ont vu leur collecte se réduire à 35 milliards de dollars, contre 57 milliards l’année précédente, bien qu’ils aient représenté la moitié des flux dans les fonds durables. A noter par ailleurs que les fonds traditionnels (non durables) ont, eux, décollecté 30 milliards de dollars. Cette baisse s’explique notamment par des rachats importants dans les stratégies de Solutions climatiques et Energie propre/Technologie.

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Prise en compte du changement climatique : les investisseurs confrontés à la réalité

Au niveau mondial, la majorité (62 %) des investisseurs décrivent le changement climatique comme un facteur « important » ou « central » dans leur politique d’investissement, malgré des écarts géographiques notables. Néanmoins, tous les investisseurs prévoient que ce sujet prendra une place plus importante dans leurs stratégies d’investissement dans les deux prochaines années pour faire face aux enjeux du réchauffement climatique.

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