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Le rôle clé de l’engagement et du vote

Aerial view of wetland waterways at Sian Ka'an natural reserve, Quintana Roo, Mexico
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Ce dialogue est formalisé par une politique d’engagement, pilotée au niveau du groupe afin d’avoir l’influence la plus forte possible. « La politique du groupe Amundi est de voter systématiquement lors des assemblées générales, rapporte Alexandre Blein. Notre taux de participation s’élève quasiment à 100  % et nous encourageons les entreprises à soumettre au vote des actionnaires leur politique climatique (Say on Climate). Nous engageons également des discussions sur les thématiques environnementales avec les entreprises, au niveau du groupe, et à l’aide de nos analystes CPRAM, pour les entreprises de nos fonds climat qui ne sont pas suivies par le groupe, ou sur des objectifs plus spécifiques. Les actions d’engagement mises en place s’étendent sur plusieurs années : il faut du temps pour que l’entreprise comprenne nos demandes, mette en œuvre les actions nécessaires et que les résultats se manifestent. Toutefois, si les actions d’engagement ne portent pas leurs fruits ou si les plans de transition ne sont pas assez ambitieux, alors nous utilisons notre droit de vote, lors des assemblées générales, comme un levier de notre procédure d’escalade pour manifester publiquement notre désaccord avec les pratiques de l’entreprise. »

La politique de vote est un outil puissant, également mis au service des ambitions climatiques chez BNP Paribas Asset Management. « Depuis 2015, le changement climatique est intégré dans notre politique de vote, et nous nous opposons aux résolutions clés des entreprises qui ne publient pas leur empreinte carbone ou qui ne souhaitent pas dialoguer de manière constructive sur leur stratégie climatique », indique Nadia Grant. La politique de vote est complétée par des actions régulières d’engagement, individuelles ou en collaboration avec d’autres investisseurs. « Dans le cadre d’engagements collectifs, comme ceux menés par l’initiative Climate Action 100+, nous dialoguons avec les entreprises les plus émettrices de gaz à effet de serre et nous leur demandons de s’engager à atteindre la neutralité carbone à horizon 2050 au plus tard, ajoute Nadia Grant. Elles doivent présenter une stratégie de décarbonation avec des objectifs crédibles pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. »

La société de gestion intègre dans sa stratégie d’investissement le sujet de la transition juste. « Nous travaillons avec le World Benchmarking Alliance afin d’identifier les indicateurs clés pour les actions d’engagement en matière de transition juste, explique Nadia Grant. Cela nous permet de comparer de manière objective les entreprises d’un même secteur. Par exemple, dans le secteur automobile, passer d’un moteur à combustion à une batterie électrique nécessite beaucoup moins de main-d’œuvre et des compétences différentes, donc cela soulève de nombreuses questions sociales. Il est important pour nous d’identifier les entreprises qui ont prévu un plan de transition qui traite ces questions et celles qui ne l’ont pas fait. »

Des indicateurs de plus en plus fiables

Au-delà de ces travaux réguliers pour faire progresser les entreprises sur les questions climatiques, les gérants doivent aussi rendre des comptes à leurs investisseurs. Les fonds climat disposent à cette fin d’indicateurs de reporting spécifiques. « Nous publions l’empreinte carbone pour les portefeuilles d’investissement éligibles, et certains ont pour objectif de faire mieux que leur indice de référence, relate Nadia Grant. Dans notre stratégie d’investissement Global Equity Net Zero Transition, nous visons à maximiser notre exposition aux entreprises éligibles à notre univers AAA. Donc nous rendons public l’alignement de nos portefeuilles avec ce cadre d’analyse. Enfin, certains produits article 9 peuvent avoir des contraintes différentes. C’est pourquoi nous suivons d’autres indicateurs pour ces fonds. Par ailleurs, nous reportons également sur les PAI (Principal Adverse Impacts ou principales incidences négatives) dans l’EET (European ESG Template) et dans l’annexe SFDR du rapport annuel des fonds. »

La qualité de l’information disponible sur le climat s’est significativement améliorée au cours des dernières années. « Avant 2020, la robustesse et la couverture des données n’étaient pas aussi bonnes, expose Alexandre Blein. Depuis, cela s’est largement amélioré. » L’empreinte carbone est un indicateur clé pour mesurer les émissions carbone financées par un portefeuille d’investissement. « C’est le meilleur indicateur pour suivre un fonds climat, estime-t-il. Il peut être mesuré en million d’euros investi ou en million d’euros de chiffre d’affaires selon qu’on se place du côté de l’investisseur ou du côté des entreprises dans lesquelles le fonds investit. Et bien sûr, nous ajoutons la trajectoire de décarbonation, puisque tous nos fonds suivent une trajectoire en ligne avec les objectifs de l’Accord de Paris, avec des étapes en 2025 et 2030. C’est le résultat concret des politiques mises en œuvre par les entreprises et de la gestion du portefeuille. Tous les mois, nous publions ces informations, ainsi que les notations CDP et SBT des sociétés en portefeuille, les niveaux d’intensité carbone en absolu et en relatif par rapport aux indices. Ces publications mensuelles sont complétées par un rapport d’impact, que nous diffusons une fois par an et qui reprend tous ces éléments enrichis d’explications sur certaines thématiques et d’exemples d’entreprises et d’actions d’engagement menées avec les sociétés. » Une régularité indispensable au pilotage des fonds, mais aussi à leur transparence envers les investisseurs.

Focus : la biodiversité, indissociable du climat

« Biodiversité et climat sont intrinsèquement liés : s’attaquer à la réduction des émissions carbone préserve la biodiversité qui fournit les puits de carbone nécessaires à l’amélioration du climat. L’un ne va pas sans l’autre ! », statue Alexandre Blein. Cela étant dit, la biodiversité peut être abordée au sein des fonds climat, via des critères spécifiques, ou bien traitée à part au sein d’une stratégie dédiée. « La perte en biodiversité est aussi une problématique sur laquelle nous travaillons depuis plusieurs années, rapporte Nadia Grant. En 2021, nous avons publié notre feuille de route Biodiversité reposant sur les six piliers de notre approche en matière de durabilité. Par exemple, nous intégrons dans notre système de notation ESG des indicateurs relatifs à la biodiversité. Cela nous permet d’identifier les risques vis-à-vis de la nature tels que la pollution de l’eau, la déforestation ou encore la présence dans des zones clés pour la biodiversité. Ces sujets sont intégrés dans notre système de notation avec une plus forte pondération pour les secteurs qui sont les plus concernés. Cette stratégie s’inscrit dans une dynamique plus large de prise en compte des enjeux biodiversité par BNPP AM. Nous incluons également la biodiversité dans nos initiatives de vote et d’engagement : c’est un thème clé sur la partie extra-financière. » Chez CPRAM, une première stratégie consacrée au thème de la biodiversité a été lancée en 2023. « Il s’agit d’un fonds actions, avec une approche transition et solution, qui analyse les pratiques des entreprises et les politiques mises en œuvre, décrit Alexandre Blein. Nous avons construit notre propre méthodologie d’analyse des pratiques en matière de biodiversité, et d’identification des entreprises qui apportent des solutions avec une approche qualitative (réduire-recycler-restaurer). Nous excluons également les entreprises portant préjudice à la biodiversité. En outre, Amundi a rejoint les initiatives Finance for Biodiversity Pledge en 2021, et Nature Action 100 en 2023 et a publié une politique dédiée depuis. Tout ce que nous avons établi sur le climat, en termes d’engagement, de politique de vote ou de suivi des controverses, nous le déployons sur la biodiversité. »