Soutien. Confronté à la fermeture de l’ensemble de ses magasins en raison du confinement, Fnac-Darty est la première entreprise de plus de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires à avoir obtenu un prêt garanti par l’Etat. D’un montant de 500 millions d’euros, ce prêt est d’une maturité d’un an, et pourra être étendu à 5 ans. Les prêts garantis par l’Etat font partie de son plan d’aide de 110 milliards d’euros à destination des entreprises. Pour obtenir cette aide publique, Fnac-Darty a renoncé au dividende pour l’exercice 2019 et à d’éventuels rachats d’actions cette année, et ses président et directeur général verront leur rémunération 2020 réduite de 25 %. Le groupe de distribution a vu ses ventes chuter de près de 30 % en mars et son chiffre d’affaires du premier trimestre de 7,9% à 1,49 milliard d’euros.
Les modifications apportées aux CLO depuis 2008 semblent rendre le secteur plus sûr, mais la crise constituera un test pour beaucoup de ces titrisations.
Des initiatives contribuant à répondre aux difficultés spécifiques à l’agriculture émergent de la part d’acteurs engagés aussi dans le soutien à la transition agricole et écologique.
C’est la hausse globale des défaillances d’entreprises estimée par Coface cette année, contre 2 % prévus avant la crise du coronavirus. En tête des statistiques, les Etats-Unis devraient voir le pourcentage passer à 39 %, le Royaume-Uni à 33 %. L’Allemagne limiterait ce chiffre à 11 %. En France, la hausse serait de 15 %, soit 58.000 entreprises, contre 63.000 faillites en 2009 (hausse de 25 %). L’estimation est rendue complexe par le manque de visibilité sur les aides et sur le retour de l’activité, l’assureur-crédit retenant l’hypothèse d’un prudent redémarrage au deuxième trimestre et d’un rebond à partir du troisième.
Au-delà de ses drames, la pandémie du coronavirus a ses côtés positifs, comme de relativiser les points de vue. Voici donc que vient d’être utilisé pour la première fois le mécanisme européen Instex (Instrument for Supporting Trade Exchanges) pour livrer du matériel médical à l’Iran. Le pays est en effet durement touché par la pandémie et frappé dans le même temps par les sanctions économiques américaines. L’Europe avait mis au point, début 2019, dans un scepticisme teinté d’indifférence, le véhicule Instex pour permettre à ses entreprises de réaliser des échanges avec l’Iran sans encourir de sanctions via le système financier américain. Pour éviter tout lien avec ce dernier, le véhicule est construit en forme de fonds commun de créances, le principe étant de procéder par compensation entre créances des importateurs et exportateurs. Voilà donc cette solution ressortie des cartons et qui fait écho aux critiques toujours plus fortes de la communauté internationale à l’égard des sanctions américaines. Ne reste plus qu’à satisfaire pleinement le président iranien Hassan Rohani, qui a déclaré la démarche européenne positive mais insuffisante…
Les soutiens multiples aux entreprises frappées par la crise n’ont pas toujours été bien compris. L’Etat et les institutions financières ont, certes, annoncé dès le 15 mars des aides massives, reports de charges, d’impôts, de loyers, promis des facilités pour pallier la chute des revenus. Le tout sur fond de liquidités apportées sans limite par la BCE… Des entreprises semblent penser, du coup, qu’elles peuvent se dispenser de payer leurs factures, tout bonnement, sans essayer de négocier des délais ou d’épargner les fournisseurs fragiles… A telle enseigne qu’un comité de crise sur les paiements interentreprises vient d’être créé en France pour suivre la situation et ses dérives. Et le message du Trésor est clair : les prêts garantis par l’Etat (300 milliards d’euros) ne profiteront pas aux mauvais payeurs !
Pendant que des entreprises rivalisent de bonne volonté pour limiter les effets de la crise, d’autres ne se laissent pas attendrir ! Les compagnies aériennes réclament 200 milliards de dollars d’aide publique pour faire face aux pertes que leur cause leur flotte collée au sol. Le montant se compare aux 280 millions d’euros que l’Europe a décidé de consacrer aux projets durables dans son plan InvestEu, successeur du plan Juncker, ou encore aux 250 milliards que la BEI compte débloquer dans le cadre du Green Deal européen. Autre élément de lecture des demandes de l’IATA, l’association internationale du transport aérien, la chute du nombre de vols a permis de faire baisser d’un quart la quantité de carbone dans le ciel chinois – selon un relevé déjà ancien : on voit mal pourquoi il faudrait dépenser de l’argent pour faire repartir l’activité aéronautique et en parallèle pour en diminuer les méfaits. Si la crise du coronavirus peut inciter les Etats pris à la gorge à mettre fin à ces aberrations, elle est salutaire.
Trésorerie. Finexkap prend le métro. Ou plutôt la fintech dédiée au financement de la trésorerie des TPE-PME annonce mener un test d’envergure en France avec le distributeur Metro autour de sa nouvelle solution Finexpay. Il s’agit d’offrir aux clients de certains entrepôts la possibilité d’un délai de paiement additionnel de 60 jours (au-delà de ce test initial, le service pourra aller jusqu’à 90 jours). La nouvelle solution de paiement différé « BtoB » ou interentreprises, « simple, rapide et digitale » selon Finexkap, n’en a pas moins un prix, non négligeable : le différé de paiement coûtera à son bénéficiaire au moins 0,04 %… par jour, soit l’équivalent d’un TEG ou taux effectif global, annualisé donc, voisin de 15 %.
Croissance. En 2020, le marché mondial des levées de fonds dans le secteur du crowdfunding devrait dépasser les 8,5 milliards de dollars, selon les données collectées par Statista et publiées par Finanso.se (+23,3 % par rapport à l’année précédente). L’évolution du marché du financement participatif s’est accélérée depuis 2017 et la tendance devrait se poursuivre durant les trois prochaines années selon un rythme estimé à +12 % par an. Le marché pourrait ainsi atteindre près de 12 milliards de dollars en 2023. La Chine écrase le reste du monde de sa supériorité numérique avec un marché de plus de 7 milliards de dollars dominé par les géants du retail Alibaba, JD.com et Suning, alors que les Etats-Unis, au 2e rang, dégagent une activité près de dix fois plus petite à 782 millions. Place ensuite à l’Europe avec le Royaume-Uni à 100 millions de dollars, la France (86), suivis du Canada à (47). La dynamique s’exprime aussi dans les montants placés en crowdfunding par les investisseurs : le montant moyen d’une contribution à une campagne est évalué à 780 dollars, il pourrait monter jusqu’à 840 dollars l’an prochain et jusqu’à près de 1.000 dollars en 2023.
Production. Air Liquide et l’Unédic ont confié des émission de titres de dette court terme (NEU CP) à Onbrane. Cette plate-forme technologique a permis la négociation par voie digitale de transactions de gré à gré jusqu’ici nouées au téléphone et enregistrées de façon manuelle. Natixis et Otcex étaient contreparties des opérations et Euroclear, dépositaire central, est également connecté à l’outil. De quoi accélérer les opérations, pour ces émissions à court terme, tout en enchaînant de façon fluide les étapes d’enregistrement dans des conditions de sécurité élevées. Onbrane a été fondée en 2017 par Pascal Lauffer, ex-directeur informatique chez Société Générale CIB, Fimat et Nyse.
A Touvre, en Charente bien sûr, l’atelier de production des charentaises Tcha est en sommeil. Le chausseur est, selon son président Jean-Luc Bouriau, « en quête d’un second souffle après avoir été lâché à contrecœur par le fonds de co-investissement privé-public de la région Poitou-Charentes ». Région absorbée par la Nouvelle-Aquitaine. Le fonds précédemment géré à Poitiers l’est désormais à Bordeaux, où la charentaise semble moins en vogue. « Nous avons, plaide Jean-Luc Bouriau, besoin dans un premier temps de 150.000 euros, apportés par un fonds, un groupe de la mode ou un nouvel associé, afin de faire vivre notre savoir-faire. » Savoir-faire basé sur la technique du cousu-retourné pour un chausson haut de gamme, pas à la portée de tous les pieds.
Accompagnement. Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels lance « PACT », un prêt à impact dédié aux PME et aux ETI engagées ou souhaitant s’engager dans une démarche RSE. Les prêts sont accessibles dès 3 millions d’euros sur une durée comprise entre 5 et 15 ans, et font l’objet d’une bonification pouvant atteindre jusqu’à 20 % d’économie sur les frais financiers. L’agence de notation EthiFinance mesurera les progrès annuels des PME, qui feront l’objet d’un rapport remis aux clients. Ces derniers bénéficieront également d’une formation sur le sujet. L’entreprise de construction Charier inaugurera le dispositif. Pour Bertrand Blanpain (photo), président du directoire de la banque, « ce nouveau dispositif PACT s’inscrit dans une mutation profonde de la banque en faveur de l’accompagnement des transitions ».
Ce mot d’ordre plutôt maladroit ne vient pas, aujourd’hui, de soixante-huitards nostalgiques mais… des tenants de la titrisation, de l’affacturage et autres spécialistes de la cession de créances. Voilà quatre fois déjà que le gouvernement tente de rectifier une erreur qu’il a commise en avril 2019 en modifiant le Code de commerce. Il avait alors interdit les clauses qui interdisent la cession de créances commerciales : de quoi fragiliser tous les crédits sécurisés par des créances, à commencer par l’affacturage – 170 milliards de créances prises en charge à fin juin 2019 –, la cession Dailly de créances professionnelles, la pension livrée… Evidemment, cela a moins de panache que la banque d’affaires mais la France y déploie une forte expertise. Les professionnels devraient avoir bientôt gain de cause sur le rétablissement de l’interdiction d’interdire : un projet de loi sur le sujet a été enregistré au Sénat pour faire l’objet d’une procédure accélérée.
Durable. Utilisé par certains grands groupes industriels (Fromageries Bel, EDF...), le financement responsable consiste à indexer le coût du crédit à sa politique ESG (environnement, social et gouvernance) : le respect de critères préalablement contratualisés permettant d’en minorer le taux. Pour la première fois, un gestionnaire d’actifs américain s’essaie à ce crédit d’un genre nouveau. Neuberger Berman vient de décider de lier une ligne de financement de 175 millions de dollars (échéance 4 février 2025) à différents objectifs dits responsables. La société s’engage notamment à rester une entreprise indépendante détenue par ses salariés, à développer l’actionnariat salarié sans concentration autour d’un actionnaire unique ; le gestionnaire promet également d’augmenter la diversité sur les postes seniors (vice presidents et au-delà), ou encore de diffuser plus largement ses investissements en actions sur lesquels un engagement fort est déployé. La banque Mitsubishi UFJ Financial Group est chef de file de l’opération.
Prêts. La Banque européenne d’investissement (BEI) a accordé près de 8,5 milliards d’euros de financements à la France en 2019, contre 7,2 en 2018. Sur ce montant, 6,9 milliards ont été déployés par la BEI et 1,6 milliard par le Fonds européen d’investissement, sa filiale dédiée au PME. Les financements au titre du plan Juncker ont représenté 2,5 milliards. 47 % des prêts de la BEI ont été alloués à la lutte contre le changement climatique et 28 % à l’innovation. A titre d’exemple, la BEI a prêté 130 millions à Derichebourg pour la modernisation de ses centres de tri et sa R&D, 30 millions à Grenoble pour la rénovation de son réseau de chaleur, ou encore 22,5 millions et 20 millions respectivement au medtech Mauna Kea et Advicenne pour leurs recherches. La France se situe au troisième rang des pays bénéficiaires de financements de la BEI, derrière l’Espagne et l’Italie.
C’est un peu tard pour la saison en cours, mais le spécialiste de l’estimation immobilière en ligne Meilleurs Agents a chaussé les skis pour dévoiler les prix dans les stations françaises. Sans surprise les Alpes du Nord sont le massif le plus cher, avec un prix moyen de 4.895 euros le m², en hausse de 5,6 % sur un an. Val d’Isère décroche la palme, « avec des prix supérieurs à ceux du 16e arrondissement de Paris », à 11.665 euros contre 11.222. Faute de viser les sommets, direction les Pyrénées, massif le plus abordable à 1.940 euros. Mais c’est à Saint-Maurice-sur-Moselle dans les Vosges que l’emplacement du placard à appareil à raclette coûte le moins cher (1.189 euros le m²). En règle générale, les biens situés à moins de 2 minutes à pied des remontées mécaniques se négocient 12,5 % plus cher que ceux éloignés de 15 à 20 minutes. Quand on aime…
Louis Vuitton a profité de la rencontre délocalisée à Paris entre les jetlagués Cerfs de Milwaukee et Frelons de Charlotte pour dévoiler un « partenariat mondial » avec la NBA. Car le malletier et la ligue professionnelle américaine de basketball « sont tous deux des icônes et des leaders dans leurs domaines respectifs ». Symbole de cette nouvelle collaboration dans le sport pour la filiale de LVMH, une malle créée tout spécialement pour le transport et la présentation du trophée Larry O’Brien brandi par les vainqueurs du championnat (photo). Louis Vuitton promet en outre la création de collections dites « capsules », à savoir éphémères et en édition limitée. Avec un sac Keepall hommage à Kobe Bryant ?
Les banques se plaignent souvent d’être critiquées injustement, mal traitées et mal comprises des pouvoirs et du public. Force est de constater qu’elles pourraient s’y prendre mieux pour paraître exemplaires, comme en témoigne l’affaire Adam Farkas : l’ex-directeur exécutif de l’EBA (Autorité bancaire européenne) va aller travailler sans délai pour l’AFME (Association européenne pour les marchés financiers), lobby bancaire, malgré le tollé déclenché par ce transfert qui prête le flanc au conflit d’intérêts. Ce qui n’a pas empêché l’EBA de vouloir remplacer Adam Farkas par l’Irlandais Gerry Cross, issu de la Banque centrale irlandaise mais ayant travaillé entre 2011 et 2015 comme directeur exécutif de l’AFME ! Le Parlement européen a refusé en commission ce candidat, alors même que les délais d’un poste à l’autre semblent acceptables. Cette opposition est un peu compréhensible.