Toute l'actualité du secteur des utilities, ces entreprises qui fournissent des services aux collectivités tels l'eau (Veolia, Suez), le gaz (Engie) ou l'électricité (EDF).
Le tribunal de commerce devait se prononcer sur l’avenir de l’Imagerie d’Epinal au moment où nous mettions cette page sous presse. La légendaire société vosgienne, fondée en 1796, est connue pour ses images représentant des scènes d’un dessin vif et coloré, à valeur symbolique. Les aléas qu’elle traverse depuis quelques mois pourraient eux-mêmes servir de sujet à une nouvelle image. L’entreprise rachetée en 2014 par deux investisseurs a tenté sans succès de se développer en modernisant le style de ses lithographies. Un nouvel actionnaire, entré au capital en 2017, a demandé que transparence soit faite sur les comptes mais la procédure s’est enlisée, d’autant plus que le tribunal de commerce a dû fermer pendant le confinement. Sur ces entrefaites, le plaignant est décédé du coronavirus. Heureusement, le nouveau maire élu avait promis, pendant sa campagne, de porter la mairie à la rescousse de son trésor municipal. A l’image de l’Etat soutenant à grand renfort de prêts et bientôt de fonds propres les entreprises en difficulté du pays...
Hiérarchie. Dans un contexte de crise sanitaire devenant crise économique et particulièrement des paiements, la recherche d’Euler Hermes s’est demandé si le risque d’impayés n’avait pas des facteurs déterminants plus structurels. L’étude désigne ainsi les pays bons et mauvais élèves du paiement au-delà de la crise actuelle. Les lauriers sont attribués d’abord en Europe, surtout du Nord : Danemark, Norvège, Suède, Finlande, mais aussi Allemagne, Autriche et Suisse, ou Irlande. Plus loin, Israël et Nouvelle-Zélande. Les bonnets d’âne, là où les vendeurs « devront se montrer particulièrement vigilants pour être payés dans les temps », sont infligés à la Chine ou la Russie notamment. La distance hiérarchique ou distribution du pouvoir de décision, d’autocratique à consultative, constitue, selon Euler Hermes, un déterminant structurel culturel fort au risque d’impayés.
Critique. Le niveau élevé d’endettement des entreprises françaises représente un sujet de préoccupation majeur, selon le rapport sur « L’évaluation des risques du système financier français » de juin 2020 élaboré par la Banque de France. La dette consolidée des entreprises françaises s’élevait à 1.779 milliards d’euros fin 2019, soit 73,5 % du PIB : elle dépasse ainsi de 12,6 points de pourcentage la moyenne de la zone euro. Ces dix dernières années, l’endettement des entreprises françaises a ainsi crû de 13 points de PIB, tandis que celui des entreprises de la zone euro décroissait de 3,1 points. Cette tendance s’est poursuivie en 2019 : la dette des entreprises a augmenté de 5,7 % en 2019, après 5,8 % en 2018. Certes, l’endettement est souvent le fait de grandes entreprises désirant s’armer pour des opportunités d’acquisition ou pour profiter des taux bas. Le Fonds monétaire international concluait ainsi, en octobre dernier, que les ratios d’endettement des entreprises françaises étaient en ligne avec ceux de leurs pairs. Mais le choc de trésorerie provoqué par la crise apparaît critique surtout pour les entreprises avec une trésorerie tendue et notamment les PME. L’intense mobilisation des crédits bancaires depuis la crise témoigne de cette situation délicate.
… d’euros, c’est, selon Euler Hermes, la montagne d’épargne nette des entreprises non financières européennes à fin mars dernier. Un montant doublé en un an. Le bond relatif est encore plus spectaculaire en France, où la manne passe de 28 à 75 milliards. Las, la progression « ne doit pas être perçue comme un indicateur de bonne santé financière des entreprises, mais plus comme un pare-feu qu’elles se sont constituées pour résister face à la crise », note Ana Boata, directrice de la recherche macroéconomique d’Euler Hermes. Mais les leviers d’épargne tels que le soutien public au crédit bancaire ou le report de taxes ne sont pas durables, et leur épuisement pourrait inciter les sociétés à jouer sur le levier du crédit fournisseur en allongeant les délais de paiement. Une telle décision serait « lourde de conséquences », prévient l’assureur-crédit.
... milliards de dollars (1.856 milliards d’euros), ce sont les besoins d’emprunts des collectivités locales au niveau mondial sur la période 2020-2021, selon les estimations de Standard & Poor’s. Cela traduit une augmentation moyenne annuelle de 10 %, contre 6 % prévus en février. Les émissions obligataires des collectivités devraient dès lors croître fortement, à 1.700 milliards de dollars sur la période.
C’est l’enveloppe dont dispose désormais la Siagi auprès du FEI (Fonds européen d’investissement) qui triple ainsi son engagement envers la Société de caution mutuelle spécialisée dans la garantie de crédits aux entreprises. Le FEI contre-garantit à 80 % le risque pour les crédits de trésorerie octroyés par des banques aux TPE clients de la Siagi. Dans le programme initial de 2016, cette couverture était de 60 %. Elle concerne des prêts de trésorerie de 2 à 7 ans, d’un montant de 5.000 à 150.000 euros.
Sortie. A l’affût d’acquisitions dans l’univers impitoyable de la pharmacie, Sanofi fait gonfler son trésor de guerre. Qui avoisine désormais 50 milliards de dollars grâce au désengagement du géant du capital de la biotech américaine Regeneron. Cette dernière a convenu de racheter pour 5 milliards de dollars de ses propres actions à Sanofi, qui en propose en parallèle pour 6,7 milliards au marché. En tenant compte d’une option réservée pour 30 jours aux teneurs de livres (BoA Securities et Goldman Sachs en tête), Sanofi cède 22,8 millions de titres pour en conserver 400.000. De quoi récolter 11,7 milliards de dollars, qui seront, selon Sanofi, consacrés à la poursuite d’une stratégie d’innovation et de croissance. Pas de quoi toutefois remettre en cause la collaboration avec Regeneron, notamment sur le front du Covid-19.
Baisse du prix du pétrole, crise du coronavirus, rien n’arrête les investisseurs à la recherche de dette et de rendement. Repsol (noté « Baa2 » par Moody’s) en profite : la société pétrolière espagnole vient de lever 1,5 milliard d’euros d’obligations hybrides, après avoir attiré 11,5 milliards d’ordres. Tout cela dans un contexte de prix négatifs du pétrole, de changement climatique qui l’ont conduite à couper dans ses projets d’investissements et annoncer un profit en baisse de 28 % au premier trimestre. Nonobstant ce contexte, la tranche assortie d’un « call » à 6 ans bénéficie d’un coupon de 3,75 % et celle à 8,5 % de 4,25 %.
Turbulences. La compagnie aérienne à bas coûts a annoncé avoir subi un piratage informatique « hautement sophistiqué » avec le vol des données personnelles d’environ 9 millions de clients. Dans 2.208 cas, les données des cartes de crédit de passagers ont été saisies par les malfaiteurs. L’affaire tombe mal pour la compagnie aérienne déjà aux prises avec un conflit entre son actionnaire fondateur et ses dirigeants, sur la gestion de la crise Covid-19. Easyjet a entrepris de contacter tous les clients affectés pour les inciter à la vigilance mais risque une amende pour avoir manqué à la protection des données. En augmentation tendancielle, les cyber-attaques ont proliféré depuis le début de la crise et pourraient coûter 6.000 milliards de dollars aux entreprises en 2021, selon une étude de Jupiter AM.
TPE. Parmi les financements bancaires refusés aux entreprises et donnant lieu à un nombre croissant de saisines du médiateur, ceux déposés par les TPE (moins de 10 salariés) représentent l’essentiel. Leur montant moyen est de 181.690 euros et, dans la grande majorité, il s’agit de demandes de Prêts garantis par l’Etat, dispositif lancé le 25 mars et déployé essentiellement depuis début avril. Il affiche moins de 5 % de refus. Le total des montants de crédit refusés représente 437 millions sur les trois premières semaines d’avril recensées, a comparer aux 46 milliards d’euros de crédit pré-accordés dans le cadre du PGE au 29 avril, selon les chiffres de la Fédération bancaire française.
On avait cru comprendre que la crise était la conséquence d’un secteur hospitalier dégradé faute de moyens, d’une logique d’économies menée à tout rompre dans les missions essentielles de l’Etat… on avait naïvement pensé que les choses allaient changer. Force est de constater que l’amélioration des conditions d’exercice du service public n’est pas la priorité dans tous les domaines. Ainsi, le travail de contrôle et de suivi des PGE (prêts garantis par l’Etat), outil phare de soutien financier aux entreprises qui a été confié à Bpifrance, est demandé à l’établissement public contre… une rémunération nulle ! Drôle de procédé, s’agissant de quelque 400.000 à 600.000 dossiers. Pas sûr que les appels à l’Union sacrée et autres déclarations solennelles suffisent indéfiniment à compenser le manque de moyens pratiques.
Les fournisseurs des Fromageries Bel boivent décidément du petit lait. Le groupe a décidé d’appliquer un taux d’escompte nul dans le cadre de son programme d’affacturage inversé invoice@bel. Un programme mis en place fin 2017 par lequel les fournisseurs volontaires mais hors laitiers, initialement français et maintenant européens, se voient proposer un règlement anticipé devenu aujourd’hui gratuit de leurs factures par le biais d’une plate-forme internet dédiée. « Cette décision nous est apparue comme une solution évidente en ces temps de crise pour soutenir notre écosystème fournisseurs », avance Benoît Rousseau, trésorier du groupe Bel. Quand la vache rit, le fournisseur sourit.
La reprise du chantier de réparation de Notre-Dame s’est faite cette semaine, tout un symbole. Il y a un an, nous nous lamentions sur notre échec collectif à garder intact ce monument prodige de la foi. Puis la pandémie du coronavirus a interrompu les réparations : nous nous sommes retrouvés « confinés » un peu comme les pestiférés du Moyen-âge étaient relégués à l’écart, faute de solution médicale. Mais voilà que le chantier repart et cette fois, en plus de la souscription nationale qui a collecté 230 millions d’euros, la Fondation du Patrimoine mobilise des entreprises comme Sodexo et Accor pour garder les ouvriers du chantier en sécurité face au virus. Sous la houlette de son président, Guillaume Poitrinal, ex-grand bâtisseur de centres commerciaux aujourd’hui désertés, un lieu inspiré au-delà de la consommation va revivre.
Dégradation. Le nombre d’anges déchus (fallen angels) potentiels atteint un sommet. Selon un récent rapport de Moody’s, ces émetteurs investment grade dont les obligations risquent d’être dégradées en catégorie high yield (notées actuellement Baa3 avec perspective négative ou Baa3 sous surveillance négative) atteignaient le nombre de 76 à la fin du premier trimestre 2020. Ils détenaient 593 milliards de dollars (548 milliards d’euros) de dette, contre 341 milliards (43 fallen angels potentiels) fin 2019. Deux entreprises françaises, Peugeot et Valeo, se trouvent sur cette liste. La détérioration de l’environnement économique mondial, la forte baisse du prix des matières premières et la volatilité des marchés sont autant d’éléments avancés par Moody’s pour expliquer cette hausse.