La capacité d’autofinancement du SBF 120 tarde à rebondir

L’ampleur des mesures gouvernementales mises en œuvre pour pallier la crise sanitaire a évité une dégradation trop importante de la structure de bilan des grandes entreprises françaises l’an dernier. L’endettement brut des sociétés de l’indice SBF 120 (hors valeurs financières et foncières) a augmenté de 8% à 866 milliards d’euros en rythme annuel à fin décembre 2020, selon la dernière étude annuelle publiée par le cabinet de conseil Redbridge. Mais le montant cumulé de leur trésorerie a de son côté bondi de 31% à 384 milliards. «La trésorerie, déjà pléthorique, a sans doute été renforcée en grande partie par l’épargne de précaution, ainsi que par les fonds des prêts garantis par l’Etat (PGE) non utilisés», relève le cabinet de conseil. Cela a débouché sur un recul de 5% de leur endettement net à 482 milliards d’euros.
En raison de la baisse de 12% de leur excédent brut d’exploitation (Ebitda), leur levier financier a légèrement progressé pour atteindre 2,02 fois, contre un ratio de dette nette sur Ebitda de 1,87 fois un an plus tôt, en tenant compte de l’intégration au bilan des locations simples (norme IFRS 16). Au 31 décembre dernier, la liquidité globale (trésorerie et lignes de crédit confirmées non tirées) du SBF 120 couvrait 108% des échéances de dette à 5 ans, contre 96% à fin décembre 2019. La part des financementsobligataires dans l’endettement brut de ces entreprises est demeurée quasiment stable d’un an sur l’autre, en passant de 62,5% à 62,9%.
Les agrégats financiers des entreprises de l’indice ont évolué de manière contrastée durant le premier semestre 2021. Sur une base plus restreinte de 86 sociétés dont les résultats ont été publiés avant le 10 septembre, leur dette brute a diminué de 6% à 789 milliards d’euros en glissement annuel, en raison du remboursement de certains PGE contractés au début de la pandémie. Le repli concomitant de 14% de leur trésorerie a entraîné une hausse minime (+1%) de leur endettement net à 467 milliards.
Rebond de 10% de l’activité
Par ailleurs, leur génération de cash est restée stable, avec une capacité d’autofinancement (CAF) de 171 milliards d’euros qui représentait 62,5% de leur Ebitda à fin juin 2021, contre 74,3% un an plus tôt et 82,5% en juin 2019. En dépit d’un rebond de 10% de leur activité en rythme annuel, les investissements industriels ont représenté 100 milliards d’euros entre janvier et juin 2021, soit 6,6% de leur chiffre d’affaires, contre 7,3% l’an dernier et 9% en 2019. «Cette absence de reprise est probablement liée à un décalage dans le temps de certaines décisions d’investissement et parfois à des stratégies privilégiant des opérations de croissance externe», commente Redbridge.
A la suite d’un sondage réalisé par le cabinet auprès d’une trentaine d’entreprises du SBF 120, il ressort que 61% des sociétés de cet échantillon ont déjà levé des financements durables ou qu’elles songent à y recourir durant les 18 prochains mois. Une proportion de 62% des financements ESG mis en place est destinée aux besoins généraux des entreprises (financement à impact liés à des critères durables) et 28% concerne des financements verts ou sociaux. Pour 69% des sociétés interrogées, les financements à impact représenteront entre un quart et la moitié du montant total des financements d’ici à 5 ans, tandis que 41% d’entre elles tablent sur un niveau supérieur à 50%. Deux tiers des entreprises sondées se sont dotées d’un système de bonus et de malus pour leurs prêts durables (sustainability-linked loans) et cette proportion atteint 75% pour leur dette obligataire durable.
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