L’Investment Association, qui représente les intérêts du secteur de la gestion d’actifs au Royaume-Uni, a appelé le gouvernement local et le régulateur Financial Conduct Authority (FCA) à établir un groupe de travail sur la finance décentralisée. Ce groupe de travail se verrait notamment confier la création d’un cadre réglementaire permettant aux fonds d’investissement distribués via la technologie blockchain d’opérer sur le marché britannique. Pour rappel, la blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations sans autorité centrale, véritable courroie de la finance décentralisée. L’Investment Association a ainsi publié, jeudi, un rapport sur sa vision du «fonds d’investissement 3.0», s’appuyant sur l’innovation technologique, un cadre réglementaire d’avant-garde et un engagement amélioré avec les clients. Cette vision, déclinée en trois scénarios, repose sur la future adoption croissante de la tokenisation (digitalisation) des parts de fonds d’investissement, qui fait que les clients ne détiendront plus des parts concrètes mais des tokens de parts. «L’investisseur devrait bénéficier de réductions de coûts, que les sociétés distribuant et administrant les fonds réalisent via une infrastructure de back-office transformée. L’élément-clé de cette proposition est la suppression de la dépendance à un système de tenue de registres centralisé, remplacé par des registres partagés et distribués fournis par la chaîne de blocs. Un modèle mixte avec deux classes de parts de fonds, l’une sur la blockchain et l’autre hors de la chaîne, peut-être une étape intermédiaire jusqu'à ce que toutes les classes de fonds fonctionnent sur la blockchain à plus long terme», écrit l’Investment Association dans son rapport. Elle ajoute que cette tokenisation pourrait contribuer à accroître l’accès des investisseurs aux marchés privés et actifs illiquides. Un NFT en guise de portefeuille du futur Un autre axe majeur du rapport de l’Investment Association porte sur le rôle des actifs digitaux de type crypto-monnaies et jetons non fongibles (non-fongible tokens ou NFT). Les gestionnaires d’actifs britanniques plaident pour l’établissement de «voies réglementaires» pour une exposition des fonds à cette catégorie d’actifs et l’évaluation de leur éligibilité dans les fonds Ucits et domestiques dans le cadre d’une bonne diversification des portefeuilles. La demande est forte pour ces nouvelles classes d’actifs que les autorités peinent à réguler et les gérants traditionnels à embrasser, échaudés par le far-west que représente l’éco-système crypto actuel de par son ultra-volatilité. L’association rappelle qu’en 2021, quelque 2,3 millions de particuliers britanniques détenaient des crypto-monnaies pour une valeur médiane de 300 livres. «La récente volatilité du marché met en exergue l’importance de définir les règles de conduite pour les crypto-actifs, ce qui permettra d’aider à mitiger le risque de perte et de préjudice des consommateursainsi qu’à assurer un périmètre réglementaire approprié», note l’Investment Association. Dans un scénario de son rapport, l’organisation imagine un client particulier bénéficiant de la tokenisation des fonds à travers un portefeuille hyper personnalisé et une participation accrue notamment au niveau du vote actionnarial. Ce scénario entrevoit un nouveau modèle d’investissement dans lequel les expositions en termes de risques et de rendements sont personnalisés au niveau de chaque instrument financier voire chaque titre détenu. L’Investment Association imagine le portefeuille customisé de ce particulier prendra la forme d’un NFT qui contiendra des actifs digitalisés de diverses classes d’actifs, y compris privées et cryptos. Un futur qui nécessitera la fourniture aux investisseurs d’une information d’une forme différente par rapport à l’actuelle et digitalisée, entre autres les documents d’information-clé et les rapports. L’organisation recommande à la FCA et au secteur de travailler ensemble sur ce sujet.