
MIF 2 pose le problème de sa compatibilité avec la réglementation américaine

Dans un environnement strictement européen, la directive MIF 2, qui prévoit notamment de clarifier la rémunération de la recherche réalisée par les brokers, pourrait s’appliquer sans trop de difficultés. Dans un contexte financier mondialisé, la question apparaît plus complexe. Au point que 40 des plus gros gestionnaires de fonds ont provoqué une réunion d’urgence la semaine dernière à Londres, avec la Financial Conduct Authority (FCA), l’autorité de régulation britannique, comme le rapporte le Financial Times. MIF 2 prévoit de mettre fin à la rémunération de la recherche en proportion des frais de courtage. Elle devra être facturée séparément. L’objectif est que le gestionnaire acheteur de cette recherche perçoive clairement son coût, à charge pour lui de la refacturer ensuite au client ou bien de l’assumer sur ses propres fonds.
Les banques européennes se sont adaptées à cette nouvelle règle, qui entrera en vigueur le 3 janvier 2018. Mais comment les gestionnaires d’actifs, présents en Europe, qui reçoivent des analyses provenant du monde entier, peuvent-ils se mettre en conformité, alors que leur fournisseur de recherche – américain par exemple –, fonctionne sur la base de l’ancien système ? Les règles de MIF 2 concernent en effet la recherche provenant du monde entier. A cette question, la FCA n’a pas été capable de répondre.
«Le problème se pose surtout aux Etats-Unis, car personne n’y pousse l’industrie à avancer sur le dossier», a souligné le patron du département «actions» de Fidelity, Richard Lewis, à Bloomberg. «Nous attendons la position du régulateur américain avant de décider.» La SEC a promis de trouver une solution, mais celle-ci se fait attendre…
Blackrock, Vanguard et Schroders, AllianzGI et Axa IM, tout comme une majorité d’acteurs moins importants, ont tranché, et annoncé leur volonté de respecter MIF 2, en choisissant l’option simple de ne plus transférer le coût de la recherche à leurs clients. De son côté, Fidelity hésite entre deux options, afin de sortir de la contradiction entre habitudes américaines et nouvelle norme européenne. La première consisterait à mettre toute la recherche, d’où qu’elle vienne, en conformité avec MIF 2 (sans préciser à ce stade si celle-ci serait facturée ou non aux clients). La seconde serait de constituer deux blocs séparés de recherche, l’un continuant de travailler selon les usages américains, l’autre appliquant les normes européennes à partir du premier janvier.
Plus d'articles du même thème
-
Les cours de Bourse des gestionnaires d'actifs ne sont pas épargnés par la bataille des tarifs douaniers
L'Agefi a calculé et compilé les variations de cours enregistrées par les gestionnaires d'actifs cotés en Bourse sur les séances du 3 et 4 avril 2025 après les annonces américaines sur les droits de douane. -
L’étrange disparition de la plateforme de crowdfunding Koregraf
Inter Invest ferme la société un an seulement après l'avoir achetée. Fin février, la présidence avait été confiée à Jérôme Bulté, un manager de transition lié à seize procédures collectives. -
Le Groupe Magellim accentue sa diversification
Il revoit sa structuration pour s’affranchir de son image d’acteur immobilier. Le groupe veut se renforcer sur les valeurs mobilières et notamment le private equity. Une acquisition devrait être annoncée dans les prochains mois. -
Amundi et Victory Capital deviennent partenaires stratégiques
Le groupe français détient désormais 21,2% de la société de gestion américaine et il devrait monter jusqu'à 26,1% dans les prochains mois. -
GAM externalise sa gestion dette émergente
Gramercy Funds Management assurera désormais la gestion des stratégies dette émergente de la société de gestion suisse. -
VanEck revient sur le marché chinois
La société de gestion américaine VanEck a établi une filiale de gestion de fonds privés à Shanghai, rapporte Reuters, qui souligne que la société a obtenu le feu vert réglementaire des autorités chinoises le 26 mars. Van Eck, qui gère quelque 114 milliards de dollars, avait tenté d'établir une société de gestion en Chine pour y gérer des fonds mutuels avant d’abandonner son projet en 2023.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions