
Les grands gérants d’actifs échappent à un label systémique

Les régulateurs internationaux ont renoncé pour le moment à identifier et à encadrer plus drastiquement les gérants d’actifs systémiques. Le président du Conseil de stabilité financière (FSB), Mark Carney, a affirmé mardi que les autorités de régulation préféraient se concentrer dans un premier temps sur les risques liés aux activités de la gestion d’actifs.
Les travaux sur l’identification des gestionnaires d’actifs susceptibles de poser des risques pour la stabilité financière ont débuté à la demande du G20 en novembre 2011. Alors que les régulateurs ont déjà identifié en 2014 une trentaine de banques et neuf assureurs systémiques, ils travaillaient toujours au printemps à une méthode d’identification des «institutions financières d’importance systémique qui ne sont ni des banques ni des compagnies d’assurance».
Consultés en 2014 et 2015 sur cette méthode, les gérants d’actifs ont fait valoir qu’ils n’étaient pas systémiques en soi et qu’ils différaient des banques et des assureurs dans la mesure où ils agissent pour le compte de leurs clients. Et de plaider le passage d’une approche fondée sur la régulation des entités à une approche fondée sur celle des produits et des activités des gérants. Leurs remarques n’auront pas été vaines. «La façon de voir du FSB est que nous allons nous attaquer d’abord aux problèmes liés aux activités et ensuite évaluer s’il y a des risques résiduels qui mériteraient que l’on agisse parce que certaines activités de gestion sont menées par un groupe de gestion d’actifs plus important […] Ex ante, il n’est pas clair que cela sera le cas», a expliqué le président du FSB, Mark Carney, lors d’une audition devant une commission parlementaire britannique, mardi.
Celui qui est aussi gouverneur de la Banque d’Angleterre a souligné que les montants d’actifs gérés avaient considérablement augmenté au cours des dernières années. Et de s’inquiéter que les gérants aient tendance à investir dans des actifs illiquides, comme les obligations d’entreprises sur des marchés émergents, sans que ce manque de liquidité soit toujours bien évalué.
La réorientation des travaux du FSB officialisée par Mark Carney n’est pas surprenante. A la mi-juin, Ies régulateurs de marchés réunis au sein de l’Organisation internationale des commissions de valeur (Iosco) avaient fait savoir qu’«une revue complète des activités de gestion et des produits dans le contexte financier global» était devenue prioritaire sur les travaux d’identification des entités systémiques.
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