
Les Etats-Unis se penchent sur le risque systémique des fonds alternatifs

L’industrie de la gestion d’actifs américaine va faire l’objet d’une surveillance plus prononcée, indique le Conseil des autorités de stabilité financière (FSOC) dans un rapport lundi. L’autorité américaine, chargée notamment de désigner les banques et assureurs à l’importance «systémique» pour la stabilité financière, s’est penchée sur les risques liés aux effets de levier et à la liquidité des fonds, notamment en cas de retraits de capitaux.
La gestion alternative (hedge funds) est ciblée pour son usage de l’effet de levier. Si son utilisation «n’apparaît pas élevée en moyenne, certains indicateurs montrent que les effets de levier sont concentrés dans les plus grands fonds», a déclaré le secrétaire au Trésor américain, Jack Lew, lors de la présentation du rapport. Il a toutefois précisé que «cela ne signifie pas que le risque est concentré dans ces mêmes fonds».
A partir du peu de données que les hedge funds transmettent au gendarme des marchés (SEC), le FSOC a calculé que les dix plus importants fonds ont un ratio d’endettement sur la valeur nette de leurs actifs 6,5 fois plus élevé que le secteur. «Les données suggèrent que certains des fonds les plus importants et endettés sont des fonds d’arbitrage qui utilisent le repo et les dérivés pour obtenir leur effet de levier», indique le FSOC dans son rapport.
L’autorité considère qu’en raison de la nature variée des contreparties de ces fonds, «aucun régulateur ne dispose d’une vue complète sur le profil de risque des hedge funds». Jack Lew a donc annoncé la création d’un groupe de travail constitué d’experts des différentes agences de régulation sur ces questions, soulignant «le besoin d’analyses complémentaires».
Concernant le risque de liquidité, le FSOC distingue les fonds communs (mutual funds), qui sont sujets à des décollectes immédiates, mais peuvent investir dans des actifs peu liquides. L’avantage fourni aux investisseurs qui se retirent en premier de ces fonds peut par ailleurs accentuer ces risques en cas de mouvement de panique. L’autorité propose donc de mettre en place des directives sur la gestion de la liquidité en cas de crise financière et de limiter les possibilités pour ces fonds de posséder des actifs à la liquidité particulièrement faible. Elle demande également plus d’informations sur les positions des fonds communs et des hedge funds.
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