Frédéric Bach, responsable ESG, Ossiam 58 ans, IMT Atlantique, Essec, CFA Après plus de 30 années d’une carrière passée à l’étranger, Frédéric Bach vient de poser ses valises pour la première fois en France. Au début du mois de novembre, il a rejoint les équipes d’Ossiam en qualité de responsable ESG (environnement, social, gouvernance). Cette expérience est précieuse pour sa spécialité, l’actionnariat actif. « Ma maîtrise de plusieurs langues m’a permis de gagner en profondeur et en efficacité dans mes échanges avec les entreprises. Chacune a sa personnalité propre. L’ouverture que l’on acquiert en s’exposant à plusieurs langues, à plusieurs cultures, on peut l’appliquer dans le dialogue avec les entreprises », explique-t-il. Polyglotte, Frédéric Bach l’est devenu à la faveur des déplacements professionnels d’un père universitaire. « J’ai fait Télécom Bretagne – aujourd’hui IMT Atlantique, suite à sa fusion avec Mines Nantes –, puis un diplôme à l’Essec en deux ans. Je parlais déjà anglais, allemand, italien et espagnol en arrivant à l’Essec. » A l’occasion d’un voyage d’études pendant son cursus d’ingénieur, il tombe amoureux du Japon et de sa culture, fascinante mais peu accessible pour qui ne maîtrise pas la langue. « En rentrant, je me suis dit que je devais absolument apprendre le japonais. Après deux trimestres à l’Essec, j’ai eu une opportunité de stage à Tokyo, un stage technique, au sein de la filiale titres de la Société Générale. J’y suis resté en tant que VSNE (volontaire du service national affecté en entreprise, ancêtre du VIE, NDLR). » L’aventure durera au total sept ans, à la Société Générale puis chez UBS, au cours desquels il se spécialise dans le trading sur les futures et les options. En 1993, Frédéric Bach quitte le Japon et travaille successivement en Suisse, puis à Abu Dhabi – pour le fonds souverain Adia –, et enfin à Londres, à partir de 2009. « Je n’ai jamais eu de plan de carrière à vrai dire. D’ailleurs lorsque j’étudiais à l’Essec, je m’étais dit que je voulais travailler dans n’importe quel secteur, sauf dans la finance parce que je ne voulais pas porter un costume cravate cinq jours par semaine. On dit en anglais ‘Be careful what you wish for’ et je ne regrette rien : j’ai eu la possibilité d’occuper des fonctions extrêmement variées, parce que je suis de nature curieuse. Je pense que le fait d’avoir vécu à l’étranger jeune m’a ouvert l’esprit et m’a prédisposé à savoir saisir les opportunités qui se présentaient. » C’est à Londres que commence sa carrière dans l’analyse extra-financière. En 2015, il vient de quitter la compagnie d’assurances Beazley. « Lorsque j’ai démissionné, j’ai cherché à faire du bénévolat en parallèle de ma recherche de poste. Sur le site Escape the City, j’ai repéré l’annonce d’AODP (Asset Owners Disclosure Project), une petite ONG qui cherchait à sensibiliser les investisseurs institutionnels à l’impact potentiel du changement climatique sur les investissements. J’ai participé à deux de leurs campagnes. La première ciblait les investisseurs institutionnels, la seconde, les sociétés de gestion d’actifs. » Ce qui ne devait être qu’un passe-temps marque un tournant dans le parcours professionnel de Frédéric Bach, qui est recruté par Federated Hermes pour une mission de suivi de l’engagement avec les sociétés japonaises du portefeuille, puis par Sustainalytics où il participe à l’élaboration de produits d’engagement thématiques. « J’aime bien comparer cela à ce que je faisais pendant mes études d’ingénieur télécom à la fin des années 80, lorsque la France passait de l’analogique au numérique. Dans l’ESG, vous avez une partie digitale, numérique mais cela ne vous donne aucune indication sur la culture d’entreprise. Vous ne pouvez acquérir les informations analogiques, qualitatives que dans les conversations avec les entreprises. J’ai apprécié d’avoir ces deux volets dans le travail sur l’ESG. Il y a parfois des justifications aux mauvais chiffres bruts d’une entreprise. Le dialogue permet de les corriger », explique-t-il.