Spirale. Ce n’est pas le moindre des paradoxes de la devise américaine qu’elle s’apprécie lorsque l’économie des Etats-Unis va bien ou va mal – parce qu’elle est un baromètre de la croissance mondiale et qu’un ralentissement déclenche un mouvement vers les actifs refuges. Mais, par ricochet, un billet vert plus fort étouffe le reste du monde, en renchérissant le prix des matières premières achetées en dollars, en freinant le commerce et en alourdissant le poids de la dette en dollars – ce qui pèse surtout sur les pays émergents. Une réaction rapide et adaptée des banques centrales a permis aux devises locales de résister, un effort nécessaire pour juguler l’impact inflationniste d’une monnaie faible. Résultat, les conditions financières se durcissent à un rythme sans précédent sans enrayer la hausse du dollar. D’une part, la situation européenne pousse la devise américaine à la hausse – la Banque centrale européenne devra trancher entre contrôle de l’inflation et soutien à la croissance, alors que l’impact de l’arrêt des approvisionnements en gaz semble probable. Ensuite, le cycle de resserrement monétaire américain est loin d’être terminé, l’inflation atteignant 9 %. Enfin, le dollar profite d’un cercle vicieux : sa hausse dégradant les conditions économiques, les investisseurs achètent la devise refuge, ce qui la fait monter. Toutefois, un dollar fort aide la Fed dans sa lutte contre l’inflation, et la banque centrale n’aurait alors pas besoin d’aller au bout de ses hausses de taux, ce qui pourrait inverser la tendance. Le marché est encore loin d’intégrer cette possibilité.